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Territoriales 2021 : Core In Fronte ouvre un deuxième front

Avec l 'entrée en campagne de Laurent Marcangeli et maintenant celle de Paul Félix Benedetti, la majorité territoriale est désormais prise entre deux feux.
À l’occasion des élections territoriales de décembre 2017, Paul-Félix Benedetti, leader d’U Rinnovu, Brigitte Artily, chef d’entreprise, et Jean-Baptiste Arena, maire de Patrimoniu, ont conduit la liste Core in Fronte. Elle a obtenu 7996 voix soit 6,69% des suffrages exprimé. Il ne lui a manqué que 370 voix pour être présente au second tour sans devoir fusionner avec une autre liste.

Un an plus tard, en janvier 2018, le parti Core in Fronte a été constitué à partir d’une motion d’orientation générale ayant repris les grandes lignes du programme de la liste éponyme (reconnaissance des droits historiques et nationaux du Peuple Corse, choix de société rejetant le libéralisme).
D’emblée, tout comme précédemment U Rinnovu, le nouveau parti s’est positionné en opposant à la majorité territoriale nationaliste. Il lui a reproché de faire la part belle à des nationalistes de la dernière heure au détriment des militants historiques, d’accepter une évolution institutionnelle au rabais, de ne pas mobiliser contre la spéculation immobilière, de ménager le Consortium, de négliger la justice sociale, d’oublier les territoires ruraux.

Core in Fronte
a cru pouvoir réaliser une percée à l’occasion des élections municipales de mars 2020.
Il n’en n’a rien été. À Bastia, il a même enregistré une contre-performance alors qu’il avait affiché l’ambition de peser lourd. Sa liste n’a obtenu qu’un peu plus de 6% des suffrages exprimés. Core in Fronte a cependant su rebondir. Il l’a fait en développant sa présence militante sur le terrain et en s’affirmant force de proposition.
A la fin du mois de juillet dernier, à Patrimoniu, malgré le contexte défavorable Covid-19, les premiers Scontri Populari ont attiré plusieurs centaines de personnes qui ont suivi des conférences historiques et participé à des débats thématiques (institutions, culture, urbanisme, agriculture, tourisme, numérique). Puis, en août et septembre, Core in Fronte a popularisé ses positions concernant l’évolution institutionnelle. Il a rejeté la proposition de futur article 72-5 validée par l’Assemblée de Corse en 2018, expliquant qu’en cas d’adoption de cette évolution, la Corse resterait privée d’un véritable pouvoir législatif.

Il a aussi avancé ses propositions.
Selon Core in Fronte, la Corse doit bénéficier d’un statut d’autonomie qui lui permettrait d’adopter ses propres lois dans divers domaines ; se voir reconnaître le droit d’accéder à la pleine souveraineté selon un Titre constitutionnel similaire à celui dévolu à la Nouvelle-Calédonie (Titre XIII – Dispositions transitoires relatives à la Nouvelle-Calédonie - prévoyant notamment un processus d’autodétermination) ; obtenir que le corps électoral ne puisse être faussé par l’installation massive de non-corses.

Une offensive vigoureuse
En septembre, Core In Fronte a élargi son champ d’intervention.
Le parti a organisé, à l’occasion du sommet Med7 ayant au lieu à Purtichju, un rassemblement pour rappeler que la Corse n'avait toujours pas obtenu « le droit à la souveraineté » et était « la seule grande île de Méditerranée à n’avoir aucun statut politique lui conférant de réels pouvoirs de gestion dans les domaines non-régaliens ».
Il a demandé la dissolution du Syndicat de Valorisation des Déchets de la Corse et le transfert des compétences de cet établissement à l'Office de l'Environnement.
Il a dénoncé le report à l'horizon 2025 de la mise en place de la compagnie régionale maritime et déploré que cela puisse favoriser « les intérêts du Consortium, propriétaire de Corsica Linea »
.

Enfin il a accentué sa campagne contre la spéculation immobilière.
Toutes ces actions ont aussi donné lieu à une mise en cause de la gestion des dossiers concernés par la majorité territoriale. Aussi, il n’est surprenant que l’annonce récente de la présence de Core in Fronte aux élections territoriales de mars 2021, puisse être considérée comme l’ouverture d’un second front.

En effet, avec l’entrée en campagne de Laurent Marcangeli il y a quelques semaines et maintenant celle de Paul-Félix Benedetti et ses partisans, la majorité territoriale est désormais prise entre deux feux. Et le moins que l’on puisse dire, est que l’offensive de Paul-Félix Benedetti n’a rien à envier, pour ce qui est de la vigueur, à celle du maire d’Aiacciu. En effet, le leader de Core in Fronte dresse un constat d’échec de la mandature nationaliste. Il déplore l’impasse, institutionnelle, une gestion qu’il estime avoir été sans vision, l’échec ou les retards de grands projets tels que la relance du ferroviaire ou la création d’une compagnie régionale maritime. Il dénonce l’incapacité d’agir efficacement contre la spéculation immobilière et les positions dominantes de la grande distribution. Il met en exergue la lenteur de la progression du tri des déchets ménagers qui risque d’imposer l’ouverture de nouveaux centres d’enfouissement.
Il qualifie de néo-clanistes certains positionnements de la majorité territoriales et certaines alliances qu’elle a initiée ou acceptées.

Tout cela conduit à penser que défendre et expliquer le bilan ne sera pas facile pour Gilles Simeoni.
D’autant qu’outre avec les deux fronts existants et ceux qui s’ouvriront, il lui faudra compter avec les critiques du Partitu du a Nazione Corsa et de Corsica Libera si ces deux partis choisissent de faire cavalier seul ou sont contraint de s’y résoudre.

Le Président du Conseil exécutif en est d’ailleurs très probablement conscient.
Qu’il multiplie ces derniers jours les visites sur le terrain et les assortissent d’annonces de grands investissements ou de nouvelles aides ne doit pas grand-chose au hasard…

Pierre Corsi
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