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Un spectacle biligue à ne pas manquer ! Première représentation dans la cité du sel le 2 février

« U lionu di a piazza di i palmi »
De l’album au conte musical


L’album, « Le lion de la place des palmiers » de Francette Orsoni, qui connait un beau succès, se métamorphose en conte musicale. Il est mis au point grâce à une résidence d’artistes à la médiathèque « L’Animu » de Porto Vecchio. Première représentation dans la cité du sel le 2 février. Un spectacle bilingue à ne pas manquer !



Imaginé, écrit, illustré par Francette Orsoni, auteure et conteuse, ce conte moderne frappe par son ton à la fois léger et profond. Mine de rien avec le sourire il offre une réflexion philosophique sur les problèmes du monde d’aujourd’hui. Son grand mérite ? Le faire sans pesanteur avec un mélange de gravité et d’humour.

Ce lion de pierre aux pieds de la statue de Napoléon sur la place des palmiers n’a rien d’ordinaire puisqu’il aime l’échange, la discussion avec son amie la colombe qui vient picorer sur ses pattes. Ce lion pense à l’Afrique d’où on l’arraché et son mal du pays l’oiseau s’emploie à l’atténuer, à l’adoucir quitte à tricher un peu avec la vérité… A la fin elle lui révèle « u to paese hè quì ». Colombe consolatrice, qui n’a plus besoin de migrer et d’inventer des récits de voyage car le climat s’est tant réchauffé, qu’elle n’a plus besoin de partir pour un autre continent. Ce conte urbain est une touchante histoire d’amitié entre un félidé et un volatile que tout devrait séparer logiquement. Sauf que la logique n’est pas toujours de règle quand intervient l’imaginaire.

Dans son adaptation scénique l’auteure s’impose de retrouver l’oralité et la simplicité du texte. Son souci majeur ? Susciter des images. Autre préoccupation : accorder toute l’attention indispensable au rythme de la parole. Ce conte musical ne se veut pas une histoire théâtralisée. Ce n’est pas, en effet, son objet.

A la musique originale de Philippe Biondi d’apporter sa marque tout en étant étroitement inspirée du récit. Musique partie intégrante du conte. Musique intervenant, ou comme ponctuations ou comme des mélodies invitant à rêver selon l’ambiance du moment.

Compositeur, percussionniste, Philippe Biondi s’exprime aussi bien dans le registre classique que contemporain, dans celui du jazz que de la musique traditionnelle ou la world. Avec Daniele di Bonaventura il est le maître d’œuvre du CD, « Metamorphosis », résonance du mouvement permanent, interprété aux percussions et au bandonéon. Il travaille souvent avec A Filetta, André Jaume et l’Ensemble instrumental de Corse.

Une guitariste, Sandrine Luigi, et une violoncelliste Anne Gambini accompagnent également le conte musical. La première est bien connue dans le milieu musical insulaire. Elle débute son éducation à la guitare au Conservatoire de Bastia. Elle le termine au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris. Très impliquée sur l’île elle joue dans maintes manifestations musicales insulaires.

Anne Gambini commence son parcours de musicienne à Marseille. Dans cette ville elle a des engagements à l’Opéra ainsi qu’à celui de Toulon. En Corse elle participe, entre autres, aux Rencontres du Violoncelle de Moita, sa terre d’origine.

Michèle Acquaviva-Pache



ENTRETIEN AVEC FRANCETTE ORSONI

Quelles séquences de l’album, « Le lion de la place des palmiers », avez-vous conservé pour le conte musical ?


La totalité des séquences et j’ai ajouté deux histoires qui s’emboitent parfaitement en raison de leurs thèmes à celle du lion. Elles interviennent quand la colombe qui voyage au loin contrairement au roi des animaux fixé à son poste et qui passe son temps à regarder la mer, lui avoue que réchauffement de la planète oblige, elle n’a plus besoin d’entreprendre des migrations. Pour consoler son ami elle ne lui conte plus l’Afrique mais des récits qui vont le faire voyager par son imagination.


Quels sont ces récits ?


« L’histoire du jardinier de l’île Eléphatine », une île au large du Nil, où l’homme fait pousser des végétaux et des fleurs si extraordinaires que des admirateurs viennent les voir de loin. Or, un jour débarque sur l’île un conseiller du pharaon qui remarque la fille du jardinier d’une singulière beauté…


Vous évoquez une deuxième histoire. Quelle est-elle ?


Si le conte musical est donné devant un tout jeune public, je dirais « L’éléphant, musicien et le lapin danseur, qui nous replonge aux temps où il y avait des éléphants nains en Méditerranée !


Devant des spectateurs plus grands ou adultes que conterez-vous ?


La légende d’une princesse viking dont on retrouve la trace au Portugal et que je transpose à Bonifacio. Là, la princesse est prisonnière d’un émir. Elle a une telle nostalgie des paysages enneigés de son pays qu’elle en perd le sourire. Son auguste gardien voudrait la rendre joyeuse. Mais il échoue. En désespoir de cause il la conduit à l’intérieur de l’île et lui fait découvrir un vaste espace blanc comme neige. Le visage de la princesse s’illumine : cette blancheur est celle des amandiers en fleurs.


Les personnages emblématiques du conte sont-ils toujours le lion, la colombe, l’enfant ?


Tout à fait et j’ai ajouté la conteuse, le jardinier de l’île Eléphantine, ses deux filles, le conseiller du pharaon, qui va demander à l’une d’elle de venir à la cour de son maître tant elle est belle. Mais elle refuse car elle veut un autre avenir. Vient une année terrible de sécheresse où le pharaon veut apaiser les dieux. Qui sacrifier ? Les deux victimes vont être la belle et sa sœur. Elles sont précipitées dans le Nil. Un dieu cependant les sauvent du royaume des morts. Il les fait remonter le courant et atterrir sur un îlot où elles sont transformées l’une en papyrus l’autre en lotus, symboles de l’Egypte antique.


Quel est votre ressenti quand vous incarnez un personnage ?


Je les fais vivre… Je suis un peu eux…


C’est votre deuxième création de conte musical avec le compositeur, Philippe Biondi. Comment l’avez-vous rencontré ?

Je l’avais remarqué lors de soirées que j’organisais à Petricantu. C’est le musicien de jazz, André Jaume, qui a attiré mon attention sur lui. J’ai aimé la subtilité sonore de ses compositions et de ses interprétations. Quand il a présenté son oeuvre, « Metamorphosis » à l’Espace Diamant, je suis allé le voir et je lui ai présenté mon projet de conte musical, « A strada di i venti », adaptation de « Ninu et la mère des vents. Il a été emballé…


Comment avez-vous travaillé pour le conte musical, « Le lion de la place des palmiers » ?


On était sur la même longueur d’onde. Philippe Biondi proposait. On discutait. Après concertation il développait. Je sais aussi qu’il échangeait avec la guitariste, Sandrine Luigi, et la violoncelliste, Anne Gambini. Pour ses compositions originales il s’est également inspiré du passage aux deux langues : le corse et le français.


Auriez-vous pu finaliser votre projet si vous n’aviez pas bénéficier d’une résidence d’artistes à « Animu » de Porto-Vecchio ?


Non… Sans cette résidence nous n’aurions pu mettre au point cette création à plusieurs car il aurait fallu trouver un lieu ce qui implique un minimum de budget dont on ne disposait pas. Nous n’avons d’ailleurs pas eu de subventions !


Qui a choisi les interprètes, Anne Gambini et Sandrine Luigi ?


Philippe Biondi. Cependant j’ai eu l’occasion d’apprécier leurs talents. Sandrine Luigi est très pro et on fait très souvent appel à elle pour des manifestations musicales. Anne Gambini a participé à la captation de « A strada di i venti » pour Via Stella. Elle travaille beaucoup entre Marseille et la Corse.


Vous vous singulariser par un passage fluide du corse au français. Est-ce votre signature artistique ?... Une manière de souligner votre engagement dans « la défense et l’illustration de la langue corse » comme l’a dit Joachim du Bellay de la langue française ?


Je crois que depuis mes débuts de conteuse c’est ma signature. Que ce soit ici ou sur le continent ça me vient naturellement. Cette façon de dire en corse et en français ça m’habite depuis très longtemps. Je ne fais jamais de traduction littérale d’une langue à l’autre, j’infuse le sens si bien que corsophone ou francophone le public suit l’histoire… D’une langue à l’autre je rebondis…

Propos recueillis par M.A-P









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