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Crocs -en-jambe et chausse-trappes

L'accord avec Gérald Darmanin ressemble à la ligne d'horizon : tandis qu'on s'en approche elle s'éloigne vers l'infini.

Crocs-en-jambe et chausse-trappes


L'accord avec Gérald Darmanin ressemble à la ligne d'horizon : tandis qu'on s'en approche elle s'éloigne vers l'infini. Les deux dernières péripéties donnent le sentiment que des dieux cruels et taquins s'amusent avec la majorité nationaliste.


Un article bien mal venu


L'article du Canard Enchaîné écrit par Didier Hassoux sur le terrain de Cavaddu est exactement ce qu'on apprend à ne pas faire dans les écoles de journalisme : pas d'enquête mais la reprise d'une information accessible à tous et le tout couronné par un titre accrocheur. Le titre qui vise à faire croire que Gilles Simeoni aurait des liens avec le Petit Bar est évidemment diffamatoire. Gilles Simeoni a bien des défauts mais il connaît les dangers à s'approcher de la voyoucratie. Quant au dessin qui illustre le texte il est tout simplement raciste car il sous-entend que tous les Corses sont des malfrats. Le président de l'exécutif aurait dû porté plainte en diffamation au nom de la Corse et en son nom propre. Il a préféré se justifier devant la seule assemblée sans grand risque pour lui. Il craignait vraisemblablement que l'affaire de Cavaddu ne soit mise sur la place publique. Tout procès en diffamation peut se retourner contre le plaignant. Et le rapport de la Cour des comptes met en exergue la légèreté coupable avec laquelle ce terrain a été acquis sans que les acheteurs se soient réellement renseignés sur les aléas de l'opération. Il reste à savoir si l'enquête judiciaire en cours confondra l'amateurisme évident avec de la malhonnêteté. La deuxième question à se poser est la date de parution de l'article, la semaine avant la venue du ministre de l'Intérieur. De là à penser que Didier Hassoux a « servi » il n'y a qu'un pas.

Des crocs-en-jambe en série


L'occupation de la supposée demeure du garde des Sceaux à Centuri par des militants de Cor'in fronte, fait également partie de l'arsenal manié par les adversaires de Gilles Simeoni. Pourtant jusqu'à il y a peu, Cor'in fronte semblait soutenir Femu dans sa démarche politique. Il est vrai que ça ressemblait un peu à la corde qui soutient le pendu mais tout de même. Et voilà que l'opération prend l'eau. Du coup, Cor'in fronte quitte un navire en perdition. Paul Félix Benedetti rappelle dans Corse-matin que le seul texte à présenter au gouvernement est la fameuse motion du 8 juillet votée par l'ensemble du mouvement nationaliste et qui rappelle les points fondamentaux du projet exposé par Romain Colonna. Pour qui prend un tout petit peu de hauteur, c'est totalement irréalisable et on est en droit de se demander comment des êtres sensés peuvent s'obstiner sans aucun rapport de force à vouloir imposer aux élus français un contenu parfaitement inacceptable avec, cerise sur le gâteau, une clause de revoyure envisageant l'indépendance. Et pourtant, Femu fait mine d'encore y croire s'autopersuadant que l'impossible reste possible. Le PNC se montre plus prudent. Nazione affirme depuis longtemps ne pas y croire. Les crocs-en-jambe commencent à se multiplier tandis que Femu n'offre aucune alternative à un prévisible échec.

La feuille de route de la droite en pointe


Selon Corse Matin, l'une des raisons de la non-venue de Darmanin, outre l'opération sur la demeure de Dupont-Moretti serait l'inexistence de propositions de la part des élus corses ce qui signifie que pendant six mois ces derniers ont tourné en rond. Dans de telles conditions, il y a fort à parier que le projet de Jean-Martin Mondoloni qui ne prévoit aucun changement législatif sera adopté par le ministre de l'intérieur. Il le proposera au Parlement qui l'adoptera peut-être puis au Sénat qui le refusera. Pour que le Congrès en discute il faudrait que les deux assemblées acceptent le même texte. Le contexte politique actuel n'y est évidemment pas propice, la droite ayant le sentiment de se faire dépouiller par le président Macron. C'est en tous les cas le scénario le plus vraisemblable et il est fou de ne pas l'envisager.

Écrire une feuille de route


Les années à venir vont être difficiles pour l'Europe, la France et donc la Corse. Sur le plan local, il faut s'attendre à un fort ralentissement de l'immobilier à cause de la hausse des taux d'intérêt et de celle du coût des matériaux. C'est donc un des piliers de l'économie corse qui va se mettre en berne. Si cette crise toute proche est une bonne nouvelle pour l'environnement, elle est franchement mauvaise pour notre économie mais aussi pour le logement. Moins de constructions égale un prix du mètre carré qui va bondir. Il est donc grand temps d'anticiper les problèmes à venir plutôt que de les attendre comme le condamné attend la hache du bourreau. Après tout n'est-ce pas là le travail des dirigeants ? Et s'ils ne s'en sentent pas capables qu'ils passent la main aux acteurs économiques de notre île.

GXC
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