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Invitée : Amandine Albertini

Atelier 3A : " Nous ne sommes pas uniquement là pour construire mais aussi pour émettre un avis et porter un regard qui fait sens"
Atelier 3A : « Nous ne sommes pas uniquement là pour construire mais aussi pour émettre un avis et porter un regard qui fait sens »

À mi-chemin entre Paris et la Corse, l’agence d’architecture « Atelier 3A », créée par Amandine Albertini, ne s’inscrit pas dans un style défini. Son point d’honneur : faire transparaitre l’histoire du lieu, avec un regard sensible sur le contexte dans lequel elle inscrit son projet.


Après avoir étudié à Marseille et gravité pendant quelques années autour des ateliers Jean
Nouvel, Amandine Albertini a décidé, il y a 8 ans, de créer « Atelier 3A », sa propre agence
d’architecture. Depuis, celle qui se définit elle-même comme une hyper active de nature sillonne entre Paris et la Corse. « Lorsque j’ai décidé de m’installer à Paris, je savais pertinemment que j’allais vouloir revenir sur l’île à un moment donné. Je travaille donc des deux côtés depuis toujours, ce qui demande de l'organisation",  explique ainsi la jeune femme de 35 ans.

De l’organisation, mais aussi une variation de méthodologie en fonction du territoire. « J’ai une vision complètement différente lorsqu’il s’agit de travailler à Paris ou en Corse. Dans le premier cas, notre activité est en grande partie en lien avec la rénovation intérieure, domaine dans lequel nous avons développé un réseau de particuliers. En Corse, j’ai plutôt tendance à travailler à plus grande échelle.»

La finalisation d’un projet de rénovation d’un hôtel parisien a grandement contribué à faire évoluer la perception que porte Amandine sur le métier. « J’ai visité cet hôtel pour la première fois il y a un an et demi. C’est un bâtiment typique des années 70. L’ouvrage est le témoin de l’époque et le pari était de ne pas le maquiller ni de le travestir mais d’en faire ressortir une ambiance, une identité. » Sublimer un lieu sans partir de zéro, c’est le challenge qu’Amandine s’est lancé. « Ce projet m’a marqué car je me suis rendu compte que c’était vraiment ce que j’aimais faire. Il nous a permis de cristalliser notre besoin de ne plus partir d’une page blanche, mais de reprendre le fil de quelque chose en apportant un regard plus contemporain », détaille-t-elle.

Une sensibilité environnementale et écologique

Toutefois, pour Amandine, l’architecture ne se définit pas uniquement par la notion de création. La recherche semble en effet être un élément déterminant, du moins de plus en plus décisif. Cela se retrouve notamment dans la composition de son agence : « Nous ne sommes pas plus de 4 à l’atelier. Cette échelle me convient car j’aime m’asseoir autour d’une table, être en capacité de gérer l 'ensemble des projets tout en ayant un regard collégial.
Je me dis que nous ne sommes pas uniquement là pour construire,
 mais aussi pour émettre un avis et porter un regard qui fait sens, notamment autour de l’urgence sanitaire et écologique », développe-t-elle, pointant des « failles que l’on ne peut plus ignorer ».

« On a longtemps privilégié l’individu au détriment d’une certaine forme de vivre ensemble. Par exemple, pendant la période de confinement, la présence de jardins partagés dans les collectifs aurait changé la manière de vivre de beaucoup d’enfants », précise Amandine.

« C’est une question qui me touche beaucoup, car on a consommé énormément de territoires sans réfléchir sur le long terme.
En Corse, il y a des paysages qui me font mal au cœur. C’est pour cela que, principalement sur l’île, il me semble plus urgent d’inscrire mon projet dans un
processus de réparation plus respectueux du territoire dans lequel il s’inscrit. De vraies questions se posent sur notre manière de construire, par exemple concernant la réutilisation de matériaux. En Corse, nous sommes très en retard sur ce point avec près de 90% de matériaux importés.

Aujourd’hui, j’appréhende ce métier avec une forme de militantisme et un besoin permanent de remise en question."


« Dans chaque client, il y a une part d’inavoué »

Depuis un an, la jeune femme suit une formation dispensée par l’Université de Corte sur la « qualité environnementale du cadre bâti en milieu méditerranéen ». Construite autour d’une poignée de professionnels tels que des ingénieurs, des économistes, des architectes, des géographes  ou encore des urbanistes, cette formation est en adéquation avec les motivations d'Amandine : une conception raisonnée du projet architecturale
 en fonction de la réalité climatique, géographique et physique d’un territoire.

Une sensibilité environnementale
qui ne lui fait pas pour autant perdre de vue les attentes de ses clients, qu’elle prend le temps de déceler, voire de deviner. « Je suis partisane de la discussion. Je parle beaucoup avec mes clients pour mettre en lumière leurs envies et leurs besoins. Mais dans chaque client, il y a une part d’inavoué.
On a d’ailleurs un petit jeu à l’agence qui consiste à se demander entre nous : « Voilà ce qu’ils nous ont dit. Mais que n’ont-ils pas osé nous dire
? » Beaucoup arrivent avec des acquis et des convictions, mais on finit souvent par se rendre compte ensemble que ce n’était pas ce qui leur convenait réellement. »
Quand on lui demande quel est son style, elle répond qu’elle n’en a pas, qu’elle s’inspire du contexte, de ce qu’elle voit : « Je ne suis pas du genre à me dire que j’ai un style. Mais ce que je sais, c’est que j’aurai aimé vivre dans les années 70. »

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