• Le doyen de la presse Européenne

Rencontre musicale entre la Corse et le Liban

Une collaboration musicale inscrite dans l'album Spirit
RENCONTRE MUSICALE ENTRE LA CORSE ET LE LIBAN


Le 27 février dernier, Ghada Chbeir, chanteuse libanaise de renommée internationale, et Missaghju ont donné ensemble un concert exceptionnel au théâtre de la tour Eiffel à Paris, point d'orgue de leur collaboration musicale inscrite dans l'album Spirit, huitième opus du groupe corse crée par Alain Gherardi en 1992.

Cet album est le fruit d'une rencontre entre la Corse et le Liban qui évoque l'esprit de la Méditerranée à travers deux peuples marqués par les drames, l'exil, l’attachement identitaire, le militantisme linguistique, l'amour passion et la liberté.

C'est un mélange culturel entre l’Orient et l’Occident, entre la voix d’or, comme est surnommée Ghada Chbeir , et les polyphonies corses, porteurs d' un message fort d’espoir, d’ouverture, et de solidarité entre les peuples.

Cette rencontre assez improbable s'est déroulée au préalable à distance puis est apparue comme une évidence.

En 2017, la diva libanaise et le groupe corse avaient amorcé leur travail à un projet commun par un premier morceau Passionata lover. Cette collaboration se concrétisa en 2022 par un album.

Ghada Chbeir, est une Diva reconnue pour sa voix mais elle est, avant tout, une experte réputée en musicologie orientale ancienne à l’Université de Kaslek au Liban où elle enseigne le chant liturgique. Elle a sélectionné pour cette collaboration des Mouachahats, qui sont des poèmes chantés de la tradition andalouse orientale dont les paroles datent du XIᵉ et du XIIᵉ
siècle et qui tendent à se rapprocher de ce que l'on nomme Amour Courtois
pour les troubadours et les trouvères du moyen-âge. Elle
a enregistré seule ses chants à Beyrouth a cappella et a ensuite envoyé ces enregistrements au groupe corse qui, par l'intermédiaire d' Alain Gherardi, les a habillé de guitares et de voix traditionnelles.

Dans cet album, Missaghju occidentalise l'Orient et Ghada Chbeir, par sa voix perçante, orientalise l’Occident, sans pour autant être véritablement influencés ni d'un côté ni de l'autre.

A l'écoute, le résultat est divin et on imagine le long travail d'adaptation que cela a nécessité.

Par la suite, musiciens et chanteurs se sont découverts physiquement lors d'une résidence d’artistes préparatoire à la première représentation publique du projet qui a eu lieu le 20 mai 2022 à l’espace culturel Charles Rocchi de Biguglia, dont Alain Gherardi est le directeur.

Ce qu'il ressort en premier à l'auditeur c'est de toute évidence l'harmonie du mariage entre les chants corses et la musique mouachah.

Battista Acquaviva
évoquait dans une de ses dernières conférences au
Musée de Bastia, la spécificité des quarts de tons de la musique corse ainsi que les rapprochements que l'on retrouve dans la musique orientale, qu'elle soit arménienne, libanaise ou andalouse.

C'est exactement cette magie qui opère dans ce projet unique.

Dans Spirit, tantôt Ghada Chbeir chante sur les chansons de Missaghju, comme par exemple dans l’Esiliatu, écrite et composée par Alain Gherardi ; tantôt le groupe corse interprète les compositions de la diva libanaise, comme dans Jara L Houbbou (L’amour advint), composition musicale de Ghada Chbeir.

L'émotion atteint une intensité particulière dans Turmenti, (paroles et musique d’Alain Gherardi), morceau écrit en hommage aux victimes du Bataclan, et dont le message prend une autre dimension par l’intervention de la chanteuse arabe habituée des chants sacrés syriaques, expression des maronites, peuple chrétien au parler araméen établi au Liban.

L'album qui compte 11 titres est disponible sur la plate-forme de téléchargement corse K'Scolta.
Partager :