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Le président Macron a raison sur l'Ukraine

Un homme d'Etat se doit de posséder une vision qui lui permet d'anticiper les évènements.

Le président Macron a raison sur l'Ukraine.



Un homme d'État se doit de posséder une vision qui lui permet d'anticiper les évènements. Sinon, il dirige son pays à l'aveuglette et le conduit à la catastrophe. Il lui faut enfin éviter les émotions, colère ou peur, de façon à avancer grâce au fruit d'un raisonnement froid et dépourvu de passions. La France est un pays monarchique qui a adopté les habits républicains. Mais elle reste cet ensemble qui a besoin, dans les périodes difficiles, d'un homme fort qui se situe bien au-dessus de la mêlée. Le président Macron et son « en même temps » se trouvait bien loin de ce modèle. Mais sa réaction vis-à-vis de Poutine l'y ramène. Il a raison d'anticiper un possible conflit avec la Russie de Poutine.


Une petite phrase détournée de sa réelle signification


Le président Macron n'a pas exclu l'envoi de troupes sur le sol ukrainien. Que n'avait-il dit ? Voilà que les deux extrêmes se sont levés vent debout contre lui. La gauche, décidément imbibée de ce pacifisme qui avait amené en 1940 plusieurs de ses dirigeants dans les bras de collaboration, a elle aussi crié au scandale. En dehors du fait qu'on sait désormais que des soldats français s'y trouvent déjà qu'y a-t-il de choquant à prévenir une possible extension du conflit ukrainien ? La Russie a désormais beaucoup de chances de conserver le Dombas. Or l'une des obsessions de la Russie, de toutes les Russies, a été d'acquérir des débouchés vers les mers. Le Pacifique est accessible par la ville de Vladivostok. Située à proximité des frontières avec la Chine et la Corée du Nord, baignée par la mer du Japon, elle constitue le port le plus important de la côte pacifique et de l'Extrême-Orient russe. Le deuxième port est celui de la Crimée mais dépend des conditions de navigation en mer Noire. Dans un pareil contexte, la conquête d'Odessa est fondamentale. Ça sera vraisemblablement la prochaine cible de l'armée russe. Enfin, il y a l'enclave de Kaliningrad, l'ancienne Königsberg. Totalement isolée du reste du territoire russe, entre la Pologne et la Lituanie. La ville est située à environ 663 kilomètres à l'ouest de la Russie et n'est accessible que par un couloir. La ville est située sur la rivière Pregolia, au nord de la lagune de la Vistule, sur la mer Baltique, et elle est le seul port russe libre de glace sur la mer Baltique. Il y a fort à parier que dans de telles conditions, la Lituanie devient une cible de choix pour la Russie. Enfin, il ne fait aucun doute que Vladimir Poutine, comme autrefois Lénine, puis Staline, veut reconstituer l'empire russe tel qu'avait commencé à le créer Ivan le Terrible au XVIe siècle.

L'ADN des empires


On peut aujourd'hui constater que les peuples possèdent des tropismes qui peuvent prendre des apparences différences selon l'environnement historique mais qui réapparaissent au détour des crises. La Chine, l'Inde, la Russie, les États-Unis, l'Allemagne etc. ont toujours réagi instinctivement dans une direction bien précise qui, considérée sur quelques siècles, s'avère toujours la même. Le président Macron a donc raison de prévoir que Poutine a bien de chances s'il parvient à l'emporter en Ukraine de continuer sa politique de conquête. En tous les cas, ne pas anticiper une telle possibilité serait tout simplement une faute majeure. La situation est différente de celle qui prévalait avant-guerre. Les conditions même de la guerre se sont profondément modifiées avec l'apparition des nouvelles technologies, la création d'une artillerie autrement plus performante que celle utilisée en 1939-1945 et surtout l'utilisation massive des drones. Mais l'homme est bien le même avec sa rage d'emporter des territoires toujours plus vastes, sa course effrénée pour gagner des matières premières.

L'inconnue Trump


De plus, le sort du monde est suspendu aux élections états-uniennes de novembre prochain. Si Donald Trump l'emporte, le courant isolationniste américain laissera une Europe faible face à une Russie surarmée. Nous avons tellement cru à la fin de l'histoire et donc de la guerre que nous avons oublié que celle-ci était le pendant de l'humanité. Le président Macron a compris tout cela et il tente de gagner la course contre la montre en réarmant la France. L'Allemagne finira par s'allier à la Russie à la fois parce que c'est sa tendance naturelle et qu'elle a besoin de son gaz. Une partie de l'Europe, celle qui tend vers l'extrême droite, est favorable à Poutine. En France même, l'extrême gauche, au nom d'un pacifisme bêlant, va dans le même sens. Comment ne pas être d'accord avec le président Macron qui, pour la première fois depuis longtemps, réagi comme un vrai président ? L'Europe a déjà fermé les yeux sur l'ascension d'un dictateur dans les années trente. Cela nous a coûté plus de 40 millions de victimes ? Il est temps, grand temps d'ouvrir les yeux et de nous montrer lucides quand bien même cela va à l'encontre de nos peurs les plus profondes.

GXC
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