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Bastia : boulets rouges contre le projet de PLU

L'opposition a contesté le projet de PLU défendu par la majorité municipale de Bastia

Bastia : boulets rouges contre le projet de PLU !


L’opposition a contesté le projet de PLU défendu par la majorité municipale de Bastia. Julien Morganti est allé plus loin. Lors d’une conférence de presse, devant un parterre d’adhérents à son parti « Le Mouvement, un futur pour Bastia », il a présenté un contre-projet.



Le PLU (plan local d’urbanisme) énonce les règles générales d’utilisation des sols d’un territoire communal ou intercommunal. Son élaboration a pour objet de permettre aux élus d’une commune ou d’une intercommunalité de définir une stratégie d’aménagement de l’espace urbain dans le cadre de quatre grands types de zonages (zones urbanisées, zones à urbaniser, zones naturelles, zones agricoles), afin de répondre aux besoins des habitants et aussi des visiteurs pour ce qui concerne la protection de l’environnement, la qualité globale du cadre de vie, les équipements publics, le logement, les activités économiques, commerciales, touristiques, sportives et culturelles. Le 14 mars dernier, la majorité municipale de Bastia a fait adopter, par le conseil municipal, le projet de révision du PLU de la ville (depuis, différentes personnes publiques associées sont consultées ; elles émettront des avis écrits ; ces avis et le dossier complet seront présentés à l’occasion de l’enquête publique qui se déroulera au dernier trimestre de cette année ; à l’issue de cette enquête, le projet de PLU sera soumis au conseil municipal pour approbation définitive). Ce projet de révision préconise une évolution de Bastia à l’horizon 2040 fondée sur trois grandes ambitions : protéger et valoriser l’environnement naturel afin d’assurer une qualité de la vie ; inciter à construire et maîtriser la spéculation immobilière afin que chacun trouve à se loger ; réaliser de nouveaux embellissements et équipements publics. Pour concrétiser ces trois ambitions, la majorité municipale a retenu quelques grandes orientations : tendre vers le zéro artificialisation nette des sols ; densification de l’urbanisation en limitant l’emprise au sol des constructions ou leur étalement par le recours à la verticalisation de l’urbanisation ou au rehaussement des bâtiments existants ; dédier 331 hectares de terrains à une fonction agricole ; interdire les constructions à proximité des rivières qui traversent la ville ; lutter contre la spéculation immobilière et financière en réservant, aux ménages modestes qui vivent et travaillent à Bastia, une partie des logements construits et en proposant ces logements à des prix inférieur de 30% à ceux du marché immobilier (objectifs : 300 logements construits / an dont 30 réservés à la primo accession ; plus de 4000 logements construits d’ici 2040) ; poursuite des rénovations (quartiers anciens, Théâtre...) ; relance du projet d’un nouveau port de commerce.


« Un autre chemin vers un avenir meilleur »


L’opposition a contesté le projet défendu par la majorité municipale. Lors du conseil municipal, Jean Zuccarelli a ouvert le feu. Il a dénoncé un PLU « sans ambition et dangereux » qui « compromet le développement à moyen terme de notre ville qui sera corsetée voire étouffée ». Il a fustigé le choix de réserver des terrains à l’agriculture : « Bastia n'a pas besoin d'être transformée en grenier agricole de la Haute-Corse ». Julien Morganti a lui aussi tiré à boulets rouges. Il l’a fait notamment en critiquant d’une part, un manque d’ambition de réaliser de grands projets structurants ; d’autre part, l’importance accordée à l’agriculture, « erreur écologique et sociologique » qui « accroîtra la consommation d’eau en ville au détriment des habitants », qui sera facteur de « privatisation des espaces naturels » et qui rendra ces espaces « inaccessibles aux Bastiais ». Il l’a fait aussi en pointant du doigt le choix de la verticalisation : « Vivre dans des immeubles de huit étages est moins agréable que dans un immeuble de quatre à cinq étages. Le bon sens le prouve. Depuis 50 ans, les études sociologiques en urbanisme montrent que la verticalisation aboutit aussi à un empilement des tensions ». Julien Morganti est allé plus loin. Quelques jours après le conseil municipal, lors d’une conférence de presse devant un parterre d’adhérents à son parti « Le Mouvement, un futur pour Bastia », et ce, avec Olivier Franceschi, coordinateur de l’élaboration du document, il a présenté un contre-projet de PLU. Les deux intervenants ont affirmé que leur contre-projet représentait « un autre chemin vers un avenir meilleur ».


Un PLU de l’ambition et du développement durable


Les deux intervenants ont ouvert la présentation de leur document en affirmant que le projet de la majorité municipale n’offre aucune perspective de mettre fin à un contexte de déclin : taux de pauvreté de 23 % ; fort vieillissement de la population ; perte en huit ans de 400 enfants scolarisés ; 25 % des jeunes âgés de 15 ans étant sans diplôme ; pouvoir d’achat des habitants grevé par la hausse des taxes, notamment + 19 % pour le prix de l’eau, + 50 % pour la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Les deux intervenants ont ensuite énoncé ce que doivent être, selon eux, les grands projets d’un PLU de l’ambition et du développement durable. Ils ont en ce sens préconisé quatre priorités. Primo : un urbanisme harmonieux (fondé sur la valorisation du bâti ancien, la déconcentration de l’habitat, l’espacement des populations, la limitation de la hauteur des immeubles, la renaturation de dix hectares de surface urbaine pour permettre à chaque habitant de bénéficier d’un espace naturel situé à moins de dix minutes à pieds de son logement, la mise à disposition de parcelles individuelles destinées au jardinage). Deuxio : la création de nouveaux équipements : aménagement du port de commerce sur le site de La Carbonite afin de désengorger la ville, du fait de moins de circulation automobile, et de la dépolluer, du fait de la réduction des émissions de fumées des trafics maritime et automobile ; transformation de l’actuel site portuaire en un nouveau quartier résidentiel et touristique (logements, port de plaisance, activités de loisirs…) ; création de 1800 nouvelles places de stationnement (extension des parkings Saint-Nicolas et de Toga, aménagement de parkings sur le Vieux-port et à Montesoru ) Tertio : une dynamisation de la politique du logement : construction de 5000 logements supplémentaires en dix ans ; priorité donnée aux logements intermédiaires afin de retenir la classe moyenne et ainsi contribuer à rétablir une mixité sociale ; réservation de 30 % des nouveaux logements aux primo accédants à la propriété, soit 150 logements par an). Quarto : sécurisation de l’approvisionnement en eau menacé par le réchauffement climatique (réutilisation des eaux usées de la station d’épuration, rénovation du réseau d’alimentation pour réduire les pertes).


JPB
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