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Nouveau lieu d'expos à Bastia : La Citadelle

L'atelier de Co à la Citadelle

Nouveau lieu d’expos à Bastia : L’Atelier de Co à la Citadelle



Il est un lieu à la Citadelle blotti à côté de la cathédrale. Un lieu à la belle couleur bleue. Un lieu dont on a envie de pousser la porte si on n’a pas eu l’idée subite de s’assoir dans l’un des fauteuils de la devanture. Un lieu rafraîchissant à la fois proche et en retrait des embruns. Un lieu de douceur où l’on voit de belles choses.



L’Atelier de Co a ouvert ses portes fin décembre. A la tête de la galerie Corinne Leccia. Sa troisième exposition accueille des œuvres de Pat O’Bine : un art numérique qui séduit par ses touches impressionnistes et ce quelque chose en plus qu’apporte un doigté à l’ordinateur. La plasticienne ajaccienne révèle dans cet atelier des inédits et d’autres créations plus anciennes. Les tableaux les plus récents sont issus du festival, Dissidanse-Itinérance 2022. Ils ont été réalisés à partir de prises de vue tournées lors de ces festivités, autrement dit d’une captation. Ils sont le résultat de la façon de filmer de l’artiste qui saisit les mouvements des danseurs et leurs gestes pour les fusionner, pour fixer les couleurs d’un moment, pour happer des fragments d’instants, qui ne reviendront plus.

Outre les nouveautés l’exposition comprend des séries qui nous font voyager d’Ajaccio sous un flot de parapluies tout de légèreté à la cour du Palais Lantivy qui nous offre une brassée de vitesse ; de la rue Napoléon de Bastia, avec mise en images de danseurs et de badauds au spectacle du, « Café de la Place », ode multicolore qui finit par une modulation en rouge.

Les tableaux de Pat O’Bine sont tirés sur alu car ce matériau convient mieux que la toile parce qu’il évite un effet de platitude. Quand on demande à l’artiste : « Qu’est-ce que l’art numérique ? » Elle cherche une définition assez simple, assez accessible à son interlocuteur et détaille sa façon de faire : « Je filme. Puis je me sers de mon ordinateur, qui est pour moi un outil comme le pinceau l’est au peintre. Je n’utilise pas les logiciels spécifiques du commerce qui rendent le travail stéréotypé… L’art numérique c’est pour moi une démarche et dans mon cas c’est une alliance entre mouvements des danseurs et image. Dans mes recherches je ne quitte jamais mon œil de chorégraphe et ça le public le perçoit immédiatement. »

Michèle Acquaviva-Pache

  • · A voir jusqu’au 29avril.
1 rue de l’Evêché, la Citadelle.


Itinéraire

Chorégraphe Pat O’Bine a fondé trois compagnies de danse contemporaine dont l’une à Ajaccio. Elle a toujours photographié ou filmé ses créations, manière à conserver traces des mouvements des danseurs.
Elle expose à Ajaccio, Bastia, Marseille, L’Aria, Paris où La Galerie Thuillier lui a récemment décerné un prix.


            ENTRETIEN AVC CORINNE LECCIA, galeriste.


Pourquoi une galerie d’art… précisément à la Citadelle ?
Ouvrir une galerie d’art était un rêve depuis toujours. Sans doute parce que mes parents m’ont communiqué le virus. Ils m’ont donné une éducation artistique…Et toujours je me suis dit que j’aurai ma galerie ! Maintenant c’est fait… Pourquoi à la Citadelle ? Parce que c’est un écrin et que j’adore son ambiance. Parce que c’est un village dans la ville. Parce que j’y ai habité jeune femme.


Estimez vous que ce lieu est particulièrement inspirant ?
C’est un lieu d’histoire et rien que pour cela il est important. Il domine la mer et c’est un havre de paix. L’accueil des habitants à mon égard a été très sympa. On vit en harmonie. La Citadelle gagne à être mise en valeur pour qu’on la connaisse mieux. Pour les artistes c’est un lieu propice à la création.

Depuis quand avez-vous une relation privilégiée avec la peinture ?
Depuis toujours… Dans ma famille nous avons toujours eu des peintres dans notre entourage que ce soit par alliance ou par amitié. Avec mes parents j’ai visité énormément de musées et de galeries. La peinture a fait partie de mon éducation que ce soit quand on partait en Italie ou sur le continent. Les visites de multiples églises m’ont également beaucoup appris. Je me souviens que nous étions liés à la descendance de Suzanne Valadon… Guy-Paul Chauder est le mari de ma marraine…


Avez-vous vous-même la fibre artistique ?
J’aime peindre et dessiner. Je m’y suis essayée. Maintenant je préfère regarder le travail des artistes qui suscite en moi des émotions. Je peux également être tout simplement sensible à un coin de ciel bleu !... Il faut être capable d’observation. A chaque exposition dans ma galerie j’apporte une touche personnelle. Une exposition ne doit pas ressembler à une autre. Et cette différence le public doit la ressentir qu’elle provienne d’un mobilier nouveau ou d’une note décorative. A chaque fois mon but est de mettre en valeur les œuvres des artistes, voilà ce qui me tient à cœur.


Combien d’expositions prévoyez-vous par mois ?
Au moins une. Mais si elle peut durer plus temps, y compris, deux mois et demi je trouverai ça bien. Car il faut que les gens se déplacent, qu’ils reviennent et qu’ils choisissent ce qui leur plait. Et ce n’est pas automatique !


Comment choisissez-vous les artistes que vous allez exposer ?
A l’instinct. Au feeling. Par la qualité de leur travail. Par leur côté humain aussi car c’est pour moi primordial. Il faut que leur création me parle et que moi, galeriste, je puisse parler d’eux aux visiteurs. Je me dois, en effet, de répondre à toutes questions qu’on me pose sur un tableau ou un artiste et pour cela il faut du ressenti.


Avez-vous des relations avec le monde scolaire ? Avec celui des médias ?
N’étant pas une association je n’ai pas établi de contacts avec les écoles. Quant aux médias, France 3 Corse Via Stella a fait un reportage sur ma galerie et je suis intervenue sur RCFM. Pour le reste j’utilise les réseaux sociaux et j’ai un site internet.


La situation économique qui n’est guère brillante a-t-elle des répercussions négatives sur les ventes des œuvres d’art ?
Bien sûr la vie est chère… Mais les gens continuent à s’intéresser à l’art ! Acheter une œuvre est gratifiant puisqu’existe la possibilité de défiscaliser cette acquisition. Moi-même en tant que décoratrice d’intérieur je peux faire appel à des créateurs qui ont retenu mon attention. C’est ma manière d’aider les artistes à gagner leur vie. C’est encore ma façon d’apporter ma patte à un intérieur.


Avez-vous des soutiens de la part des institutions ?
J’assiste à des réunions qui concernent la Citadelle et qui se passent bien. Dans ces occasions le maire écoute les préoccupent des habitants. Seulement, ma galerie je la fait vivre avec mes propres deniers… L’accrochage des œuvres je ne l’a fait pas payer aux artistes. Je prends un pourcentage sur les ventes ce qui est la norme. Heureusement, j’ai un ami qui a des galeries dans le monde entier et ses conseils me sont précieux. Mon entourage me permet d’avancer.


Quelles expositions préparez-vous ?
La prochaine exposition sera dédiée à Mike Rossi, un jeune peintre qui s’inscrit dans le courant de Jean Michel Basquiat. Il doit nous montrer des inédits. Ensuite j’exposerai un photographe qui s’et fait connaitre par ses clichés pour la Star’Academy et dont les photographies sur la Thaïlande sont très réussies. Puis ce sera le tour de Letidor, une artiste pleine de délicatesse et de sensibilité.


Votre rêve ?
Faire perdurer la galerie.


Pourquoi le choix de votre part de l’intitulé, L’atelier de Co ?
Parce que je m’appelle Corinne. Parce que le mot, atelier englobe de mes activités, celle de la galerie, celle de décoratrice d’intérieur…

Propos recueillis par M.A-P
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