• Le doyen de la presse Européenne

Bianca Fazi : " prévention, anticipation et gestion des risques "

L'élue Femu A Corsica, en charge des questions sanitaires et sociales à l'Assemblée de Corse....
Bianca Fazi : « prévention, anticipation et gestion des risques »
L’élue Femu A Corsica, en charge des questions sanitaires et sociales à l’Assemblée de Corse, qui est également médecin s’inquiète pour la situation sanitaire de la Corse, car les cas augmentent et la capacité des places en réanimation est faible.

A la suite d’une recrudescence de l’épidémie, le couvre-feu a été décrété en Corse pour six semaines. Le Plan blanc a également été réenclenché dans les hôpitaux et les prochaines semaines s’annoncent tendues pour la Corse.
Bianca Fazi, médecin et conseillère exécutive en charge des questions sanitaires et sociales à la Collectivité de Corse regrette que le passeport sanitaire proposé par Gilles Simeoni, pour imposer un test de dépistage négatif aux vacanciers arrivant sur l’île n’ait été accepté.

Le greenpass aurait pu éviter cette situation ?

On aurait pu en tout cas repousser cette situation.
J’ai lu un article ce matin qui dit que 23 compagnies aériennes demandent un passeport sanitaire, c’est-à-dire que les gens soient testés avant de prendre l’avion, de manière à pouvoir avoir une activité économique. Car le but du greenpass, était de préserver la saison ainsi que la situation sanitaire.
Dans plein de pays, les tests sont obligatoires et en plus ils imposent une quatorzaine. Mais c’est une question de bon sens, je ne comprends pas pourquoi on nous a traité d’alarmistes. Je pense que les irresponsables ne sont pas dans notre camp.

Que pensez-vous de ce couvre-feu ? Les restaurants sont ouverts mais les bars sont fermés, pourquoi ?

Si on reste assis dans les bars, je pense que ça revient un peu au même, mais c’est sûr que si on est debout, qu’on chante, la contamination peut être plus rapide.
Ce couvre-feu a pour but de faire diminuer ces contaminations. Je pense que cela peut-être le cas si les gens respectent ce couvre-feu… Car il n’y a pas que la Covid qui va peser sur les services d’urgence. On aura moins de sorties le soir et donc moins d’accidents de la route, de manière à ne pas engorger les services.

On parle aussi d’un nouveau confinement… L’objectif est de sauver Noël ?

Il y a le couvre-feu, mais également une autre théorie, c’est que les fêtes pourraient, en effet, être sauvées par un confinement en amont. Nous avons bien vu qu’après le confinement, le virus ne circulait plus sur l’île. Mais je considère que le confinement a des conséquences économiques et sociales qui ne sont pas agréables.
Il y a des gens qui vivent dans des petits appartements, et il y a aussi des violences intrafamiliales… C’est vrai que beaucoup de pays ont adopté cette méthode. Ils confinent pendant 15 jours, puis ils lâchent un peu la bride, alors je ne sais pas quelle va être la stratégie, mais j’ai l’impression que le gouvernement prépare un confinement car la pression sur les services hospitaliers est trop forte. Il faut attendre quelques jours.
Si le couvre-feu ne sert pas à diminuer cette pression sur le système hospitalier, d’autres décisions seront forcément prises. Soit diminuer l’heure du couvre-feu et passer à 19 heures, soit reconfiner… Je suis inquiète pour la situation sanitaire de notre île, car les cas augmentent de jour en jour et il y a peu de places en réanimation.


La solidarité nationale devrait aussi jouer son rôle…

Mais le problème c’est que cela ne va pas être possible. On ne sait pas déjà si on aura de la ressource humaine en terme de médecins, il y a aussi des collègues contaminés, ça va très vite dans un hôpital.
Il y a des tensions très fortes que ce soit en région PACA ou même en Île de France. Nous savons pertinemment qu’un scénario comme le Tonnerre, on ne pourra pas le refaire, car on n’aura pas la capacité d’envoyer 12 patients vers un hôpital, donc il faut que l’on sache assez vite comment nous allons pouvoir nous organiser.
Car par rapport à la première vague, toute la France quasiment est impactée et au même moment…

Le plan blanc a été déclenché. La pression est forte, mais l’hôpital est-il plus armé ?

C’est ce que j’ai déploré aussi. Nous n’avons pas de nouveaux lits, si ce n’est ce que l’on appelle la réanimation éphémère qui a été rouverte il y a trois jours. Nous sommes en colère, parce que nous voulions à tout prix garder la double filière, c’est-à-dire, pouvoir garder les interventions programmées, et en même temps les cas Covid. Mais si la situation s’aggrave, tous les patients chroniques auront encore un retard de prise en charge. La première vague nous est tombée dessus, on ne s’y attendait pas, mais là il ne faut pas faire les mêmes erreurs. Il y a des personnes cancéreuses et qui ont perdu des chances de guérison parce qu’elles ont été opéré en juillet à la place du mois de mars… Et ce sont des choix que je n’ai pas envie de faire.

Et les tests rapides c’est pour quand alors ?

Pour bientôt logiquement. Nous devrions d’ailleurs les avoir à l’hôpital. Mais ce test à un petit inconvénient, c’est qu’il faut être un petit peu symptomatique, sinon il faudrait le doubler. Mais c’est déjà une avancée, même si une fois encore nous sommes en retard par rapport à d’autres pays, où ces tests rapides existent depuis un moment déjà, tout comme les tests salivaires, ou encore des autotests.


Désormais, qu’est ce qui doit être fait en priorité pour protéger la population ?

Ces derniers jours il y a eu tellement de contaminations que ça risque d’exploser, donc il va falloir gérer les cas qui arrivent… Après nous allons voir si la pression va retomber ou si nous allons devoir aller plus loin qu’un couvre-feu. Dans dix jours, nous y verrons plus clair.

Il faut protéger nos anciens, et donc limiter nos contacts sociaux et favoriser le télétravail. Parce que nous parlons que des rassemblements festifs, mais dans les bureaux c’est malheureusement la même chose. Il y a eu trop de messages contradictoires et c’est rageant. Le dernier en date : couvre-feu en Ile-de-France et les grandes métropoles, mais par contre, il était possible de se déplacer pour les vacances, ce n’est pas forcément logique. nous avons le droit peuvent venir en vacances. Ce n’est pas logique.

Donc le mot d’ordre aujourd’hui, c’est : prévention, anticipation et gestion des risques.


Alexia Leonelli
Partager :