La posidonie , une mal-aimée qui nous veut du bien
Focus sur l'une des plus vieilles habitantes de nos côtes .
La posidonie, une mal-aimée qui nous veut du bien
En balade sur la route du Cap Corse, les visiteurs et habitants longent des plages dont la beauté n’est plus à prouver. Dans l’Agriate, la plage de l’Ostriconi, aussi belle que sauvage, offre aux plaisanciers un paysage dénué de commerces ou d’habitations, moyennant un trajet à pied d’une dizaine de minutes pour accéder à la plage. Depuis quelques années, parfois au grand dam des plagistes, le bord de l’eau se retrouve de plus en plus couvert par des matelas de longues feuilles rubans, charriées par les courants, particulièrement reconnaissables en Méditerranée : la posidonie. Focus sur l’une des plus vieilles habitantes de nos côtes.
Les herbiers de posidonie, trésors de la mer
Les herbiers de posidonies ne sont pas des algues, contrairement à ce qu'on pourrait penser : ce sont des plantes à fleurs (oui oui, à fleurs !) qui poussent au large des côtes Méditerranéennes. En plus d’être une plante endémique de notre région, les herbiers de Posidonies ont plusieurs rôles majeurs dans l’écosystème marin.
Pièges à carbone, productrices d’oxygène : les posidonies constituent un puits de carbone atmosphérique majeur, en mer et sur terre. Que ce soit dans l’eau, ou sur terre sous la forme de matelas (on parle de « banquettes » ou « mattes » de posidonies), la plante retient bien plus de carbone qu’elle n’en produit. Le carbone stocké en Méditerranée par les herbiers de Posidonies représenterait de 11 à 42 % des émissions de dioxyde de carbone produites par les pays méditerranéens depuis le début de la révolution industrielle. Cela fait de la posidonie une des principales sources d’oxygène de la Méditerranée.
Les plantes servent également de nurseries à plusieurs êtres vivants (poissons, coquillages) ainsi que de source de minéraux et de nourriture. Dans un herbier de posidonie, les habitants du monde marin y trouvent un refuge, à manger, et un lieu où grandir en toute sécurité, la plante fixant les fonds marins et stabilisant le soulèvement de sable dans l’eau.
Sur terre, son rôle n’est pas fini : elle s’amasse sur les bords des plages, continuant son rôle d’emprisonnement du carbone, et servant de refuge à des organismes et insectes terrestres. Par la densité de ses matelas, elle permet de limiter l’érosion, de limiter l’effet des tempêtes ou encore l’inondation des plages.
Le chiffre : 100 km2
C’est l’aire que recouvrent les herbiers de posidonie dans le seul Parc Marin du Cap Corse et de l’Agriate (PNMCCA), une des concentrations les plus importantes de Méditerranée. Le PNMCCA gère les banquettes de Posidonie de l’Ostriconi, d’Olzu, de Tamarone, de Padulu, de Santa Severa, de Misincu, et de Petra Curbara.
Quels dangers pour ces plantes ?
En mer, ce sont la pollution et l’ancrage des bateaux qui ont raison de ces plantes, dont la pousse lente donne une difficile régénération.
Sur terre, elles sont malheureusement les mal-aimées des plagistes, vacanciers, et par extension, des personnes dont la vie dépend de la fréquentation touristique. Les bars, paillottes et restaurants de plage, ainsi que les hôtels et commerces des villes côtières peuvent souffrir d’un manque de fréquentations des plages du littoral corse, notamment par la présence de banquettes de posidonie rebutant les plaisanciers. Ce qui provoque souvent leur enlèvement ou leur destruction, une pratique qui, bien que totalement illégale, est encore d’actualité sur plusieurs plages de notre île.
Pour permettre une cohabitation harmonieuse, il est nécessaire de sensibiliser au rôle et à la beauté de cette plante à la survie fragile, qui nous rend bien des services.
Mare Vivu