Bruno Retailleau, Terminator de Beauvau ?
Les élus nationalistes disent être inquiets ........
Bruno Retailleau, Terminator de Beauvau ?
Les élus nationalistes disent être inquiets de peut-être devoir traiter avec Bruno Retailleau. Ils ont raison de l’être car, s’il gère le dossier Corse, il sera sans doute davantage enclin à écouter et entendre Jean-Martin Mondoloni et François-Xavier Ceccoli que Gilles Simeoni ou même Laurent Marcangeli.
Michel Barnier a enfin constitué son gouvernement. Parmi les ministres, il en est un dont la nomination suscite forcément une grande attention chez nous : Bruno Retailleau, qui pèse politiquement très lourd (contrepoids de droite aux Rassemblement National, très influent au Sénat) et qui a remplacé Gérald Darmanin place Beauvau. Deux autres ministres pourraient aussi être dignes d’intérêt : Catherine Vautrin parce qu’elle est chargée du partenariat avec les territoires et de la décentralisation ; Marc Ferracci parce qu’il a des origines corses. Mais, à ce jour, la première n’a livré aucun indice que le dossier Corse lui reviendrait. Quant au second, il n’a guère manifesté de passion pour le destin du peuple et de la terre de ses ancêtres. Il convient donc en l’état de s’en tenir à observer ce que fait et fera Bruno Retailleau qui détient, quelque part dans une pile de dossiers occupant son bureau, une chemise à sangle bien remplie sur laquelle est inscrit « Corse, évolution institutionnelle » et qui a, il y a quelques mois, au Sénat, en qualité de président du groupe Les Républicains, suivi de très près l’évolution du processus Beauvau. Certes, il n’est pas écrit que le nouveau ministre de l’Intérieur sera, comme l’était son prédécesseur, chargé du dossier Corse. Cependant, si ce dossier est exhumé, il serait surprenant que, même s’il ne le gère pas, Bruno Retailleau s’en désintéresse ou s’interdise d’avoir son mot à dire car il s’était positionné comme étant un opposant résolu à un réel statut d’autonomie. Et, il est plus que probable que s’il entre dans le jeu, il ne sera pas un facilitateur s’il juge que les lignes rouges qui sont les siennes risquent d’être franchies. Au nombre de deux, celles-ci sont d’ailleurs bien dessinées et épaisses et la première détricote l’accord qui avait été trouvé à l’issue du processus Beauvau. En effet, Bruno Retailleau ne veut pas entendre parler de reconnaissance constitutionnelle d’une « communauté historique, culturelle, linguistique, liée à une terre » car, selon lui, cela signifie vouloir constitutionnaliser le communautarisme et reconnaître le peuple corse. Et, de ce fait, la seconde ligne rouge, le refus de l’octroi d’un pouvoir législatif à l’Assemblée de Corse (qui n’a d’ailleurs pas été acté à la fin du processus Beauvau), devient presque accessoire.
Il ne cédera sans doute rien ou presque
Bruno Retailleau est disposé à accepter l'inscription de spécificités corses dans la Constitution et que l’Assemblée de Corse ait la possibilité d'adapter les lois de la République. Rien de plus ! Pourrait-il évoluer ? Rien n’est moins sûr car il n’est de nature ni accommodante, ni souple. Son identité vendéenne lui confère davantage une personnalité inflexible et intransigeante de chouan, qu’une écoute rocardienne ou une flexibilité intellectuelle mitterrandienne. Ses parcours très droitiers d’ancien bras droit de Philippe De Villiers et de directeur de campagne du candidat à la présidence de la République Francois Fillon qu’il n’a jamais lâché même quand ce dernier était empêtré dans des affaires, suggèrent son attachement aux valeurs conservatrices et à un État fort et qu’il est homme à camper sur ses positions. Se ressentant porteur d’une certaine idée de la France, il ne cédera sans doute rien ou presque à une certaine idée de la Corse. Les élus nationalistes qui disent être inquiets de peut-être un jour devoir traiter avec Bruno Retailleau ont donc raison car, s’il gère le dossier Corse, il sera sans doute davantage enclin à écouter Jean-Martin Mondoloni et François-Xavier Ceccoli avec lesquels il a soutenu le très conservateur tête de liste Les Républicains François-Xavier Bellamy Bellamy lors du scrutin européen, qu’avec Gilles Simeoni ou même Laurent Marcangeli qui a rompu avec Les Républicains, accepte la reconnaissance constitutionnelle d’une « communauté historique, culturelle, linguistique, liée à une terre » et ne ferme pas la porte à ce que l’Assemblée de Corse dispose d’un pouvoir législatif. Souhaiter privilégier ces interlocuteurs sera d’ailleurs conforté par les résultats dans l’île du Rassemblement National qui ont révélé qu’en Corse aussi on n’était pas insensible aux idées sécuritaires, de strict contrôle de l’immigration et de pouvoir fort dont Bruno Retailleau se fait volontiers le champion. Que Bruno Retailleau, soit le Terminator de l’autonomie pourtant croupion qu’avait dessiné le processus Beauvau, est un risque bien réel.
Pierre Corsi
Crédit photo :page FB -Bruno Retailleau
Les élus nationalistes disent être inquiets de peut-être devoir traiter avec Bruno Retailleau. Ils ont raison de l’être car, s’il gère le dossier Corse, il sera sans doute davantage enclin à écouter et entendre Jean-Martin Mondoloni et François-Xavier Ceccoli que Gilles Simeoni ou même Laurent Marcangeli.
Michel Barnier a enfin constitué son gouvernement. Parmi les ministres, il en est un dont la nomination suscite forcément une grande attention chez nous : Bruno Retailleau, qui pèse politiquement très lourd (contrepoids de droite aux Rassemblement National, très influent au Sénat) et qui a remplacé Gérald Darmanin place Beauvau. Deux autres ministres pourraient aussi être dignes d’intérêt : Catherine Vautrin parce qu’elle est chargée du partenariat avec les territoires et de la décentralisation ; Marc Ferracci parce qu’il a des origines corses. Mais, à ce jour, la première n’a livré aucun indice que le dossier Corse lui reviendrait. Quant au second, il n’a guère manifesté de passion pour le destin du peuple et de la terre de ses ancêtres. Il convient donc en l’état de s’en tenir à observer ce que fait et fera Bruno Retailleau qui détient, quelque part dans une pile de dossiers occupant son bureau, une chemise à sangle bien remplie sur laquelle est inscrit « Corse, évolution institutionnelle » et qui a, il y a quelques mois, au Sénat, en qualité de président du groupe Les Républicains, suivi de très près l’évolution du processus Beauvau. Certes, il n’est pas écrit que le nouveau ministre de l’Intérieur sera, comme l’était son prédécesseur, chargé du dossier Corse. Cependant, si ce dossier est exhumé, il serait surprenant que, même s’il ne le gère pas, Bruno Retailleau s’en désintéresse ou s’interdise d’avoir son mot à dire car il s’était positionné comme étant un opposant résolu à un réel statut d’autonomie. Et, il est plus que probable que s’il entre dans le jeu, il ne sera pas un facilitateur s’il juge que les lignes rouges qui sont les siennes risquent d’être franchies. Au nombre de deux, celles-ci sont d’ailleurs bien dessinées et épaisses et la première détricote l’accord qui avait été trouvé à l’issue du processus Beauvau. En effet, Bruno Retailleau ne veut pas entendre parler de reconnaissance constitutionnelle d’une « communauté historique, culturelle, linguistique, liée à une terre » car, selon lui, cela signifie vouloir constitutionnaliser le communautarisme et reconnaître le peuple corse. Et, de ce fait, la seconde ligne rouge, le refus de l’octroi d’un pouvoir législatif à l’Assemblée de Corse (qui n’a d’ailleurs pas été acté à la fin du processus Beauvau), devient presque accessoire.
Il ne cédera sans doute rien ou presque
Bruno Retailleau est disposé à accepter l'inscription de spécificités corses dans la Constitution et que l’Assemblée de Corse ait la possibilité d'adapter les lois de la République. Rien de plus ! Pourrait-il évoluer ? Rien n’est moins sûr car il n’est de nature ni accommodante, ni souple. Son identité vendéenne lui confère davantage une personnalité inflexible et intransigeante de chouan, qu’une écoute rocardienne ou une flexibilité intellectuelle mitterrandienne. Ses parcours très droitiers d’ancien bras droit de Philippe De Villiers et de directeur de campagne du candidat à la présidence de la République Francois Fillon qu’il n’a jamais lâché même quand ce dernier était empêtré dans des affaires, suggèrent son attachement aux valeurs conservatrices et à un État fort et qu’il est homme à camper sur ses positions. Se ressentant porteur d’une certaine idée de la France, il ne cédera sans doute rien ou presque à une certaine idée de la Corse. Les élus nationalistes qui disent être inquiets de peut-être un jour devoir traiter avec Bruno Retailleau ont donc raison car, s’il gère le dossier Corse, il sera sans doute davantage enclin à écouter Jean-Martin Mondoloni et François-Xavier Ceccoli avec lesquels il a soutenu le très conservateur tête de liste Les Républicains François-Xavier Bellamy Bellamy lors du scrutin européen, qu’avec Gilles Simeoni ou même Laurent Marcangeli qui a rompu avec Les Républicains, accepte la reconnaissance constitutionnelle d’une « communauté historique, culturelle, linguistique, liée à une terre » et ne ferme pas la porte à ce que l’Assemblée de Corse dispose d’un pouvoir législatif. Souhaiter privilégier ces interlocuteurs sera d’ailleurs conforté par les résultats dans l’île du Rassemblement National qui ont révélé qu’en Corse aussi on n’était pas insensible aux idées sécuritaires, de strict contrôle de l’immigration et de pouvoir fort dont Bruno Retailleau se fait volontiers le champion. Que Bruno Retailleau, soit le Terminator de l’autonomie pourtant croupion qu’avait dessiné le processus Beauvau, est un risque bien réel.
Pierre Corsi
Crédit photo :page FB -Bruno Retailleau