Ecologie punitive ou écologie tout court
Et si la vérité se trouvait dans aucune de ces affirmations...
Ecologie punitive ou écologie tout court
Le terme est désormais passé dans le langage courant : écologie punitive. Il existerait donc une écologie qui sanctionnerait les travailleurs de toute catégorie et une écologie qui permettrait de sauver le climat sans mesures coercitives. Et si la vérité se trouvait dans aucune de ces affirmations.
L’écologie contre les pauvres ?
Le principe majeur des plus riches est de protéger leurs intérêts en jetant devant la piétaille de ceux qui n’ont pas grand-chose à perdre, mais qui tiennent à ce « pas grand-chose » comme à la prunelle de leurs yeux. Forcément : quand on a faim, la moindre miette compte. Le problème est que la pollution source de mille maux à commencer par le dérèglement climatique est engendrée par une soif de profits, mais aussi par l’appétit de consommation de la masse humaine. L’un n’existe pas sans l’autre. C’est à force de consommer qu’on a accumulé les facteurs d’une situation devenue aujourd’hui incontrôlable et inextricable. Les mesures à prendre sont draconiennes et feront nécessairement souffrir les moins nantis sauf à trouver des milliers de milliards pour compenser les restrictions. Et encore faudrait-il être certain qu’au nom du diktat de la croissance, ces sommes ne se retrouvent à doper la consommation et donc la dégradation des écosystèmes. Comment expliquer aux trois quarts de la population qu’ils n’ont pas droit aux privilèges que l’Occcident et les classes sociales les plus aisées ont pu s’offrir ? Est-on d’ailleurs certains que les riches vont renoncer avec décence à leurs privilèges ? Promettre aux moins favorisés qu’ils ne souffriront pas de mesures écologiques pourtant nécessaires c’est leur mentir.
Des promesses emportées par le vent
Plus la crise générale s’approfondit et plus les nationalismes se renforcent empêchant de réfléchir au bien commun de l’humanité. Chaque peuple veut le meilleur pour ses citoyens ou plutôt pour ne pas mécontenter ses citoyens. Au sein de chaque nation, chaque catégorie tire dans le sens de ce qui va lui rapporter le plus ou plutôt moins le priver. Ainsi le président Macron aura-t-il abandonné toutes les promesses qu’il avait faites dans l’euphorie de ses campagnes électorales. Il avait stupidement promis, sous la pression des écologistes la fermeture de la centrale de Fessenheim. C’est qu’entre-temps on a réalisé que l’électricité nucléaire était encore l’énergie la moins polluante. Tout au moins à court et à moyen terme. Ça tombe bien : nos personnages politiques et les consommateurs ne raisonnent pas autrement. Toujours sous ce double septennat, on a réduit la distance entre les zones d’épandage et de pesticides, pression agricole oblige. Et tant pis ce sont justement les agriculteurs qui souffrent le plus de cette pollution. Souvent pris à la gorge par les méventes de leur récolte, ils préfèrent nier la dangerosité des produits dont ils usent plus que de raison. Un bel exemple de crime à pas de loup est l’affaire du glyphosate, tueur de toute forme de vie, dont l’interdiction est sans cesse repoussée. Et les 146 mesures de la Convention citoyenne sur le climat ? Réduites à l’état gazeux tout comme l’objectif du 1,5 degré de réchauffement à ne surtout pas dépasser.
Un suicide de plus en plus rapide
Si on excepte quelques dizaines de millions de cinglés qui pensent encore que la terre ne se réchauffe pas, que Dieu sauvera toujours ses créatures préférées, tous les citoyens du monde constatent sinon un réchauffement rapide, un désordre climatique particulièrement désastreux. Nous nous trouvons dans une tornade où les causes produisent des effets qui à leur tour deviennent des effets. Inondations, incendies et donc question d’assurances de plus en plus chères quand elles ne sont plus accordées dans certaines régions. Dans une tribune accordée au quotidien Le Monde, Gilles Boeuf et Marc-André Selosse, tous deux biologistes écrivent à propos du cadmium contenu dans engrais phosphatés à une dose trois fois supérieure à celle recommandée par les autorités sanitaires : « La moitié des Français sont surcontaminés, avec des conséquences rénales, hépatiques, osseuses (un tiers des problèmes d’ostéoporose en France viendraient de là) et des cancers (dont celui du pancréas, qui progresse de 3 % par an). Les pesticides polluent les aliments et les eaux : meilleure est la détection des résidus, moins il reste de régions « épargnées… Car les pesticides nuisent : la santé des agriculteurs en est l’indicateur évident. Ils présentent 54 % de lymphomes plasmocytaires et 20 % de myélomes multiples de plus que la moyenne française, selon la cohorte Agrican ; à 55 ans, c’est 13 % de maladie de Parkinson en plus ». Plus loin il insiste sur l’unité du Vivant : « Vies mutilées, coûts sanitaires : notre gestion de l’environnement nous punit. Notre santé a des fondements écologiques : comment croire que les atteintes répétées à notre environnement ne génèrent pas de désordres dans notre santé et notre bonheur ? » Que dire de plus ?
GXC
Illustrations : GXC