Les enfants tueurs,.....une enfance saccagée
L'incarnation d'une société en décomposition
Les enfants tueurs, incarnation d'une société en décomposition
Les faits divers mettent de plus en plus souvent la présence d'enfants tueurs payés par des gangs pour régler les comptes entre bandes. Ce qui étonne en France est déjà très ancien sur les deux continents américains. En Afrique, les guerillas font appel à des enfants qui, une fois drogués, se livrent aux pires exactions. Le monde est en train de perdre l'innocence de son enfance.
Pédophilie et tueurs enfants
À Marseille, un mineur a été recruté sur les réseaux sociaux par un commanditaire incarcéré qui a promis 50 000 euros en l’échange de l’assassinat d’un membre d’un clan adverse. En Angleterre, deux jeunes garçons âgés de 12 ans ont été déclarés coupables d’avoir tué un jeune homme de 19 ans lors d’une attaque à la machette dans le centre de l’Angleterre en novembre 2023. La police d’Albuquerque, ville de l’État américain du Nouveau-Mexique, a annoncé l’arrestation d’un garçon de 11 ans pour une série d’actes violents. Il est notamment accusé d’avoir provoqué une fusillade. En Italie, le programme Liberi di scegliere — Libres de choisir — permet d’éloigner les enfants de leur famille mafieuse, afin d’éviter qu’eux n’y plongent à leur tour. Depuis 2012, 150 mineurs ont été intégrés dans ce dispositif, d’abord instauré en Calabre, et qui a été récemment étendu à Naples et en Sicile.
Sur tous les continents
Le 14 février 2017, le patron de la DGSI avait attiré l'attention des parlementairs sur le phénomène des enfants tueurs de l’État islamique, estimant que « leur endoctrinement et leur entraînement en font des bombes humaines ». Il avait mentionné des vidéos, tournées en Syrie, montrant des enfants de 5 ans « égorgeant des prisonniers ou vidant des chargeurs dans la tête de prisonniers ». En Afrique, au Mozambique, les guérilleros de la Renamo ont fait de ces enfants-tueurs, un élément de leur stratégie de combat. Un rapport interne à l'organisation note: « Ce fut une pratique habituelle de la Renamo mais aussi dans une moindre mesure, des forces gouvernementales de kidnapper lors de leurs attaques, des enfants âgés de 8 à 12 ans, ... et de les incorporer à leurs forces militaires.» Au Liberia, les enfants ont aussi été largement recrutés par les milices. Ils étaient autorisé à piller et à tuer sans retenue. Des enfants ont été utilisés comme tueurs, mais aussi comme bourreaux, comme miliciens ou soldats au Cambodge, au Mozambique, au Liberia, au Rwanda, en Sierra Leone, au Salvador, au Nicaragua.
Une enfance saccagée
Il n'existe pas d'enfants mauvais ou cruels. Mais ils peuvent être dressés comme des animaux à commettre les pires crimes. Jean-Luc Legrand, responsable des opérations d'urgence de l'Unicef à Maputo, interrogé par Libération expliquait : «La Renamo voulait perturber la vie sociale dans le sud du pays, mais n'avait pas de base sociale. Elle a utilisé les enfants pour terroriser les villageois. Ceux-ci avaient une peur panique, parce que la violence des enfants est perçue comme incommensurable et absolue. On ne peut ni les raisonner, ni marchander sa vie, ni demander pitié.» Les enfants bourreaux sont aussi des enfants victimes qui, une fois le conflit terminé, ont du mal à retrouver leurs marques. Mais on se rend désormais compte que ce mal absolu qui touchaient les guerres dites "périphériques" est désormais chez nous via deux vecteurs : la mafiosisation de la société à travers la drogue et l'islamisme. Nous devons nous interroger sur le processus de décomposition qui a fait qu'à un moment donné l'enfance a versé dans l'horreur. Horreur à travers une pédophilie parfois encouragée par les élites après 1968 au nom de la liberté absolue et à travers le crime dans des familles destruturées.
Une absence d'autorité
Un enfant se construit à partir de repaires. Ce sont d'abord ceux de la cellule familiale où lui sont accordées les premières leçons de vie qui s'accompagnent d'interdits. L'adolescent doit ensuite apprendre que la vie est faite de droits mais aussi de devoirs. L'école n'est théoriquement là que pour transmettre un savoir et non pour faire la police. Or, aujourd'hui tout est mélangé et les valeurs sont remplacées par le consumérisme, l'apparence mais aussi la jouissance dans l'instant. On veut tout tout de suite et à n'importe quel prix. La frontière entre les régles du capitalisme qu'il soit commercial ou financier est souvent très ténue avec celles des mafias internationales. Elle est incarnée par les valeurs de la société et de l'état de droit. Mais cela doit s'appuyer sur l'assurance qu'il existe une justice sociale permettant d'échanger une espérance de reconnaissance salariale contre la valeur travail. Quand tout cela vole en éclats et que la seule autorité qui vaille est celle de la violence et du flingue, alors il ne faut pas s'étonner que l'enfance devienne un vivier de criminels. Peu à peu, l'Europe se transforme à l'image des États-Unis ou pire de celle du Mexique des cartels. La réponse à apporter doit être sans faiblesse faute de quoi le cancer va se généraliser.
GXC
photo : D.R
Les faits divers mettent de plus en plus souvent la présence d'enfants tueurs payés par des gangs pour régler les comptes entre bandes. Ce qui étonne en France est déjà très ancien sur les deux continents américains. En Afrique, les guerillas font appel à des enfants qui, une fois drogués, se livrent aux pires exactions. Le monde est en train de perdre l'innocence de son enfance.
Pédophilie et tueurs enfants
À Marseille, un mineur a été recruté sur les réseaux sociaux par un commanditaire incarcéré qui a promis 50 000 euros en l’échange de l’assassinat d’un membre d’un clan adverse. En Angleterre, deux jeunes garçons âgés de 12 ans ont été déclarés coupables d’avoir tué un jeune homme de 19 ans lors d’une attaque à la machette dans le centre de l’Angleterre en novembre 2023. La police d’Albuquerque, ville de l’État américain du Nouveau-Mexique, a annoncé l’arrestation d’un garçon de 11 ans pour une série d’actes violents. Il est notamment accusé d’avoir provoqué une fusillade. En Italie, le programme Liberi di scegliere — Libres de choisir — permet d’éloigner les enfants de leur famille mafieuse, afin d’éviter qu’eux n’y plongent à leur tour. Depuis 2012, 150 mineurs ont été intégrés dans ce dispositif, d’abord instauré en Calabre, et qui a été récemment étendu à Naples et en Sicile.
Sur tous les continents
Le 14 février 2017, le patron de la DGSI avait attiré l'attention des parlementairs sur le phénomène des enfants tueurs de l’État islamique, estimant que « leur endoctrinement et leur entraînement en font des bombes humaines ». Il avait mentionné des vidéos, tournées en Syrie, montrant des enfants de 5 ans « égorgeant des prisonniers ou vidant des chargeurs dans la tête de prisonniers ». En Afrique, au Mozambique, les guérilleros de la Renamo ont fait de ces enfants-tueurs, un élément de leur stratégie de combat. Un rapport interne à l'organisation note: « Ce fut une pratique habituelle de la Renamo mais aussi dans une moindre mesure, des forces gouvernementales de kidnapper lors de leurs attaques, des enfants âgés de 8 à 12 ans, ... et de les incorporer à leurs forces militaires.» Au Liberia, les enfants ont aussi été largement recrutés par les milices. Ils étaient autorisé à piller et à tuer sans retenue. Des enfants ont été utilisés comme tueurs, mais aussi comme bourreaux, comme miliciens ou soldats au Cambodge, au Mozambique, au Liberia, au Rwanda, en Sierra Leone, au Salvador, au Nicaragua.
Une enfance saccagée
Il n'existe pas d'enfants mauvais ou cruels. Mais ils peuvent être dressés comme des animaux à commettre les pires crimes. Jean-Luc Legrand, responsable des opérations d'urgence de l'Unicef à Maputo, interrogé par Libération expliquait : «La Renamo voulait perturber la vie sociale dans le sud du pays, mais n'avait pas de base sociale. Elle a utilisé les enfants pour terroriser les villageois. Ceux-ci avaient une peur panique, parce que la violence des enfants est perçue comme incommensurable et absolue. On ne peut ni les raisonner, ni marchander sa vie, ni demander pitié.» Les enfants bourreaux sont aussi des enfants victimes qui, une fois le conflit terminé, ont du mal à retrouver leurs marques. Mais on se rend désormais compte que ce mal absolu qui touchaient les guerres dites "périphériques" est désormais chez nous via deux vecteurs : la mafiosisation de la société à travers la drogue et l'islamisme. Nous devons nous interroger sur le processus de décomposition qui a fait qu'à un moment donné l'enfance a versé dans l'horreur. Horreur à travers une pédophilie parfois encouragée par les élites après 1968 au nom de la liberté absolue et à travers le crime dans des familles destruturées.
Une absence d'autorité
Un enfant se construit à partir de repaires. Ce sont d'abord ceux de la cellule familiale où lui sont accordées les premières leçons de vie qui s'accompagnent d'interdits. L'adolescent doit ensuite apprendre que la vie est faite de droits mais aussi de devoirs. L'école n'est théoriquement là que pour transmettre un savoir et non pour faire la police. Or, aujourd'hui tout est mélangé et les valeurs sont remplacées par le consumérisme, l'apparence mais aussi la jouissance dans l'instant. On veut tout tout de suite et à n'importe quel prix. La frontière entre les régles du capitalisme qu'il soit commercial ou financier est souvent très ténue avec celles des mafias internationales. Elle est incarnée par les valeurs de la société et de l'état de droit. Mais cela doit s'appuyer sur l'assurance qu'il existe une justice sociale permettant d'échanger une espérance de reconnaissance salariale contre la valeur travail. Quand tout cela vole en éclats et que la seule autorité qui vaille est celle de la violence et du flingue, alors il ne faut pas s'étonner que l'enfance devienne un vivier de criminels. Peu à peu, l'Europe se transforme à l'image des États-Unis ou pire de celle du Mexique des cartels. La réponse à apporter doit être sans faiblesse faute de quoi le cancer va se généraliser.
GXC
photo : D.R