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"Une famille dans la Mafia"

Corse : La peste du grand banditisme mise en exergue dans l'ouvrage de Marie -Françoise Stefani
La Corse possède une criminalité spécifique qui déborde non seulement sur Paris et Marseille, mais, s’alliant aux mafias italiennes, crée des routes de la délinquance jusque sur les autres continents. C’était la plupart du temps un sujet couvert par le silence, la fameuse omertà. Or désormais les bouches s’ouvrent. Un comité anti-mafia accomplit un travail remarquable. Outre des articles d’excellente facture produits par des médias continentaux, après un excellent reportage de Via Stella sur le Petit Bar, voilà que les éditions Plon édite l’ouvrage d’une insulaire, Marie-Françoise Stefani : Une famille dans la Mafia.

Un climat mafieux


On se souvient de l’incident qui avait secoué Corse-Matin : alors même que l’un des propriétaires de Corse-Matin, le promoteur Antony Perrino, était soupçonné d’avoir été à l’origine de pressions sur un journaliste afin que soit retiré d’un article le nom d’un membre supposé du Petit Bar, de nombreux médias continentaux dévoilaient les accointances amicales de ce promoteur immobilier avec les plus importants membres du gang ajaccien.
Jugé et condamné à 15.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel d’Ajaccio pour abus de bien sociaux et blanchiment de fraude fiscale dans l’affaire d'un appartement loué à un prix inférieur au marché en faveur de
Pascal Porri et sa compagne, il a fait appel.
De son côté, Pascal Porri, aujourd’hui en fuite, a écopé d’une peine de 16 mois de prison ferme, son épouse, Valérie Mouren, d’une peine de six mois de prison avec sursis. Eux aussi se sont pourvus en appel.

Le récent scandale lié encore une fois au Petit Bar, qui a provoqué le retrait de l’enquête à la police ajaccienne au profit de la JIRS, l’”éloignement” de deux des plus hauts responsables policiers, donnent la mesure du désordre qui règne dans les services de répression et de la puissance corrosive du grand banditisme en Corse.

Plus récemment encore des articles parus dans Le Monde et dans Le Canard Enchaîné dévoilent le contenu d’un rapport policier portant sur les réseaux du Petit Bar et ses filières de blanchiment financier.
Le nom d’Antony Perrino y apparaît hélas encore. Difficile de ne pas parler de dérive mafieuse quand la voyoucratie s’allie aux puissances de l’argent et semble imprégner certains organismes qui gèrent l’argent public comme la CCI de la région Corse.

Un livre courageux


Marie-Françoise Stefani est journaliste à Via Stella et est l’auteur d’Une famille dans la Mafia, un ouvrage particulièrement courageux qui raconte le drame de la famille d’Yves Manunta.

Rappelons que le 8 novembre 2011, à Ajaccio, deux hommes criblent de balles le véhicule d’Yves Manunta, ancien militant nationaliste et ex-coresponsable de la SMS. Sa fille et son épouse sont grièvement blessées. Carla Serena, la fillette, accuse nommément les deux frères Pantalacci qui seront acquittés à deux reprises. Parue chez Plon, Une famille dans la Mafia raconte l'amitié devenue rivalité entre Yves Manunta et Antoine Nivaggioni - tous deux assassinés – et la guerre meurtrière qui s’en est suivie avec en arrière plan le rôle souvent douteux de services de police. Leurs avocats respectifs, Antoine Sollacaro pour l’un, Jean-Michel Mariaggi seront tous deux victimes d’attentats meurtriers pour le premier tandis que le second sera grièvement blessé.

Plus encore que le texte qui retrace cette guerre entre anciens associés pour la place convoitée de sécurité et de gardiennage sur un nombre important de lieux stratégiques (aéroports, ports etc.), c’est la parution de ce livre, écrit par une journaliste du cru, qui démontre que les bouches s’ouvrent et que les attitudes évoluent. Le contenu n’apporte pas de révélations fracassantes, mais il met en lumière la présence de puissances occultes derrière le pouvoir déclaré et légal de notre île.

Le livre de Marie-Françoise Stefani décrit l’enquête sur la SMS, mais également la montée en puissance du Petit Bar, dont la réputation remplace aujourd’hui celle de la Brise-de-Mer.
Il reste à savoir pourquoi les rapports de police, remarquablement documentés, ne donnent lieu qu’à des opérations ratées qui n’ébranlent en rien la logique mafieuse qui prévaut dans notre île.

Ps : On lira avec intérêt la proposition de loi concernant la criminalité en Corse écrite par le collectif A maffia nò sur le lien suivant
: https://www.maffiano.com/Quelle-politique-penale-en-Corse_a68.html?fbclid=IwAR3UgOEoGn7gHQn2u2vrvlyRxiGKSibeekNRqlJDeC8jPsCu4qrARRF4Sa8

GXC
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