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Il y a 80 ans le monde découvrait l'horreur d'Auschwitz

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Il y a 80 ans le monde découvrait l’horreur d’Auschwitz



Il y a huit décennies, le 27 janvier 1945, l’Armée rouge entrait dans le complexe Auschwitz-Birkenau là où avait péri près d’un million et demi de personnes, très majoritairement des juifs, mais aussi des Tziganes, des Polonais, des Russes, des hommes et des femmes de tous pays. La spécificité des Juifs et des Tziganes est qu’ils avaient été gazés non pour des actes de résistance, mais pour la nature même de leur être, pour ce qu’ils étaient.

Les derniers survivants


Parmi le million cent mille juifs de toute l’Europe acheminés à Auschwitz du printemps 1942 à la fin 1944, près de 900 000 ont été immédiatement assassinés, sans jamais entrer dans le camp. Et ce sont au total 400 000 hommes et femmes qui ont été détenus, entre 1940 et 1945, dont la moitié a péri. Mais les trois camps qui formaient le grand Auschwitz étaient d’une complexité qui rend difficile l’appréhension de la réalité de cette immense usine à tuer. À Auschwitz on gazait et on exterminait. À Birkenau, on esclavagisait pour l’industrie allemande jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Il y a dix ans en 2015, trois cents survivants avaient été invités aux côtés d’une trentaine de chefs d’État parmi lesquels François Hollande. Cette commémoration se déroulait alors que dans le monde montait un nouvel antisémitisme musulman et antisioniste celui-là. Dix ans plus tard, les témoins directs ne sont plus qu’une infime poignée. Ensuite, il ne restera plus que les témoignages filmés par Spielberg pour sa fondation et le bouleversant Shoah de Claude Lanzman. Mais au-delà des mots prononcés ou écrits qu’est-ce qui pourrait laisser comprendre l’horreur des transports dans des trains bondés, sans eau, sans toilettes. L’accueil des SS et de leurs chiens, la sélection vers les chambres à gaz… Le quotidien Le Monde s’est intéressé à ce qui va rester de l’horreur concentrationnaire notamment par l’image. Entre la mi-mai et le mois d’août 1944, le chef du camp, le SS Rudolph Hoess avait demandé à deux de ses hommes de photographier les arrivées des juifs au camp. 193 photos ont été ainsi réunies dans L’album de Lilli Jacob ou L’album d’Auschitz avec pour mission de tranquilliser la haute hiérarchie SS sur la bonne marche de la solution finale. L’opération monstrueuse décidée en janvier 1942 est en bonne marche. Mais les photographes prennent soin de faire des portraits correspondant aux caricatures antisémites afin de démontrer la laideur objective des Juifs. Enfin les photos de masse sont celles d’une masse passive qui va à la mort comme un troupeau de moutons. Tout cela est évidemment mensonger. Il y eut des révoltes et même des insurrections. Mais pour Hoess, ouvrier de la mort, imbibé d’alcool, il s’agit de ne pas déplaire à Himmler, le chef de la SS.

Tenter d’approcher l’épouvantable vérité au plus près


De nombreux ouvrages ont été écrits sur le sujet depuis la première histoire jamais consacrée à Auschwitz, Tovarna na smrt (« l’usine de la mort »), parue en 1946 en Tchécoslovaquie jusqu’à Auschwitz. Une monographie de l’humain, de Piotr M. A. Cywinski un essai fondé sur de nombreux témoignages écrits par le directeur du Musée d’Auschwitz qui analyse au plus près les émotions et les comportements des déportés dans le camp nazi. Il y a les documents, les films. Mais rien ne remplacera l’émotion du moment transmise par les survivants. Nous atteignons l’instant frontière après lequel il n’y aura plus rien ou presque. Or les commémorations d’un drame ne sont l’équivalent de la mémoire vivante qui peut survivre à tel drame. Et ce lien direct avec l’horreur, nous allons bientôt le perdre à jamais. Un rescapé décrivait douloureusement le sentiment de néant qu’il avait vécu devant un endroit devenu une pelouse où se trouvait une chambre à gaz. Il confondait le terme de néant et de nullité. Et si tout ça n’avait servi à rien et surtout pas de leçon pour l’homme.
La victoire posthume de Hitler

Car l’Europe qui avant-guerre abritait les plus grandes communautés juives du monde en a été quasiment vidée. Le monde juif d’Europe central, le yiddishland a été englouti par la Shoah. La France reste le pays comprenant le plus de citoyens se réclamant du judaïsme ou de l’appartenance à la mémoire juive. Mais l’antisémitisme a repris du service avec l’islamisme et son allié objectif ou subjectif : un certain antisionisme qui, de fait, nie à l’État d’Israël le droit à l’existence et condamne les juifs pour ce qu’ils sont et non pour leurs actes supposés. La mémoire n’empêche pas l’horreur de renaître au détour d’une crise sociale. Le monde découvrait là où mène un antisémitisme qui, à l’époque, était largement répandu dans le monde occidental. Et aujourd’hui malheureusement force est de constater que ces idées qui ont été à l’origine du plus massacre perpétré par des hommes sont à nouveau en pleine croissance et que nous ne savons pas comment arrêter cette montée de haine.

GXC
Photo : D.R
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