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18e Festival des << Nuits Med >>

30 courts -métrages de Méditerranée en compétition

18 è Festival des « Nuits Med »
30 courts-métrages de Méditerranée en compétition



Ils viennent du Liban, d’Egypte, du Maroc, d’Algérie, d’Espagne, de Grèce, d’Israël, de France, de Palestine… et de Corse, ces 30 courts-métrages programmés par le Festival des « Nuits Med ». A voir le 2 juin à Furiani, les 4 et 5 juin au Régent de Bastia lors de séances à 11 h, 14 h 15, 19 heures. Remise des prix le 6 juin, suivie de la projection du palmarès, toujours dans les salles du cinéma de la rue Campinchi.



Il y a 18 ans, c’était les débuts d’un micro-festival, un festival vraiment minuscule à Furiani. La manifestation entrait sur la pointe des pieds sur la toile des cinéphiles bastiais. Peu à peu il s’est fait sa place parmi les grands rendez-vous du 7 è art de Bastia : Festival Arte Mare, Festival Italien, semaines consacrées aux cinématographies de pays européens. Maintenant « Les Nuits Med » programme une trentaine de courts-métrages. Des films de jeunes et de moins jeunes réalisateurs voulant s’affirmer, gagner en assurance, prendre de la bouteille dans leur passion commune du cinéma.

Faire un court-métrage peut parfois être un exercice âpre quand on est un inconnu dans un milieu plutôt dur et cassant et qu’on ne connait aucun producteur ou qu’on est mal renseigné sur les aides disponibles. Un court c’est alors beaucoup de sueur et de ténacité pour mener à bien ce qui s’avère une entreprise risquée…risquée de se noyer dans un anonymat interminable. Heureusement des festivals dédiés à ce genre existent… la preuve par les « Nuits Med » !

Cette année la manifestation fondée et présidée par Alix Ferraris, directeur de KVA diffusion, est axée sur la diversité d’expressions et de perspectives. Thèmes abordés ? Agriculture, environnement, traditions et rituels ancestraux ainsi que l’immigration, fruits de tant de débats acérés qu’on en oublie qu’ils camouflent des problèmes autrement cruciaux ! Les œuvres traitées célèbrent aussi l’amour, la révolte, le désir absolu de justice, l’humour outils de résistance à l’oppression étatique ou à la tyrannie patriarcale.

A l’instar du quotidien méditerranéen les courts-métrages en lice confrontent fréquemment les réalités d’hier et d’aujourd’hui. Ils plaident pour l’engagement et pour la créativité. Ils reflètent les questionnements sur des héritages sociaux et culturels, sur le rôle de l’individu par rapport à la collectivité et vice-versa.

La fête commence le 2 juin, à Furiani avec une éducation à l’image destinée aux écoliers de CP des établissements U Pricipellu et Rustincu. Les enfants ont eu une initiation à cette matière, qui sort de l’ordinaire, grâce à Florence Franceschi . A 18 h 30 est programmé une séance gratuite de réalisations corses : « La cavale » de Christian Risticoni et « A Morra » de Laurenzo Massoni.

Le 3 juin, réparties en deux séances à 16 h 15 et 19 h : compétition de premiers films. Les 4 et 5 juin, compétition méditerranéenne. Pendant cet espace-temps de la manifestation deux sections importantes vont se dérouler : « Med in Scénario » qui doit aider cinq candidats à peaufiner leur style dans l’art scénaristique et « Entre deux rives » dont l’objectif est de primer un ou une postulant(e) venant du Maroc, de Tunisie, de France, ou d’Italie.

Michèle Acquaviva-Pache



Jury des compétitions : Toussaint Martinetti, acteur, réalisateur. Geneviève Lodovisi, chroniqueuse, coordinatrice. Mohamed Said Zerbough, directeur du Tanger Film Festival ». Isabelle Gibbal-Hardy, directrice du cinéma parisien, « Grand Action ». Dominique Landron, RCFM. Anne -Sophie Soladaini, comédienne. Marine Stomboni, journaliste (La Provence).



                                ENTRETIEN AVEC ALIX FERRARIS

Tous les ans vous allez au Festival de Cannes. Est-ce indispensable pour une manifestation dédiée aux courts-métrages méditerranéens ?

Depuis quatre ans nous ne manquons pas Cannes. C’est l’occasion de prises de contacts, d’une meilleure communication, d’une recherche de diffuseurs. La Collectivité de Corse n’ayant pas de pavillon au Marché du film nous pallions cette absence. Au départ on avait pris un stand au sous-sol mais il s’est révélé difficile d’accès aux jeunes créateurs. Maintenant France Télévisions nous offre son concours. Ainsi c’est en son lieu que le 19 mai nous avons pu, en matinée, projeter des courts-métrages réalisés en Corse et à 17 heures France Télévisions nous donne un moment pour que nous annoncions les résultats de notre résidence d’écriture, « Med in Scénario ». Par ailleurs nous avons tissé des liens avec trois festivals : Tunisie, Maroc, Italie.

(Molise, Tanger, Tunis).


Comment avez-vous, cette année, procédé à la sélection des courts-métrages en compétition ?

Les inscriptions ont été closes le 10 mars. Nous avons reçu beaucoup de propositions ce qui nous a conduit à réduire la compétition des premiers films afin de privilégier le concours sur la Méditerranée. Quant à moi j’ai repris la sélection en mains car une baisse des subventions étaient annoncée ce qui alourdissait nos coûts déjà augmentés par l’inflation. Je devais donc être très vigilant au niveau de nos dépenses. Pour renforcer la fréquentation du public à Furiani et à Bastia, nous avons avancé les dates des « Nuits Med ».


En 18 ans le festival s’est bien étoffé. Quelle étape a-t-elle été la plus importante ?

Notre présence à Cannes, le renforcement de notre coopération internationale avec « Coopméd » ont été signes de progression. Le lancement de notre résidence « Entre deux Rives » a également été capitale. Cette année quatre participants ont été sélectionnés : un Français, un Tunisien, une Marocaine, une Italienne… Avec des projections à Furiani et Bastia on a privilégié la proximité et resserrer les liens avec nos partenaires. On a réussi à porter avec vigueur l’accent sur la Méditerranée et on prépare déjà notre 20 è édition qui sera caractérisée par d’intéressantes nouveautés.


Parlez-nous de « Med in Scénario ». De quelle manière sélectionnez-vous les candidats à cette résidence en Corse ?

Cette résidence d’écriture scénaristique est réalisée en collaboration avec le pool courts-métrages de France Télévisions. Le lauréat reçoit un prix de 18 000 euros de cette institution, de 1000 euros plus 12000 euros en prestations d’apport industriel pour alléger son budget de la part d’Allindi. La sélection des participants se fait en deux temps : d’abord par le fichier audiovisuel de la fac de Corte, puis un comité de France TV intervient. Au bout de ce processus cinq sélectionnés sont retenus. Sous la direction de Lidia Leber Terki, conseillère en écriture, ils travaillent à rédiger les pitches qu’ils soumettront de vive voix au jury. Cela se passe au Régent.


En raison du contexte internationale est-ce plus difficile de trouver des courts-métrages méditerranéens ?

Pas du tout… Cette année on nous a envoyé des courts d’Egypte, du Liban, du Maroc, d’Algérie et tous étaient déjà sous-titrés en français. Même du Liban, où la situation est catastrophique on nous a expédié des productions et certaines étaient dotées d’un humour décapant. Même d’Egypte on a répondu présents malgré de grosses difficultés économiques ! On a pu vérifier que dans ces pays il y avait un pool d’auteurs et de réalisateurs prometteurs. A noter une belle réalisation palestinienne sur un thème étonnant et une production israélienne qui conte l’ordinaire d’un soldat de Tsahal.


En compétition combien de films d’ici concourent-ils sous le libellé France ?

Il y en a dix en comptant une production expérimentale tournée en partie en Corse, parmi eux « Zone blanche », « Morra Murrina », « Exit », « La confrontation », « Brins d’herbe »… Nous avons réceptionné pas mal de courts corses et notre sélection a dû être rigoureuse !


Pourquoi tant de fictions et si peu de documentaires ?

C’est un constat… bien que nous ayons étendu la longueur des films à 59 minutes, durée de maints documentaires. Ce genre est représenté cette année par une réalisation libanaise, par un essai sur l’insularité, par « Brins d’herbe » se situant entre fiction et documentaire.


Avoir réalisé des courts-métrages est-ce toujours une bonne carte de visite pour un cinéaste débutant ?

C’est toujours indispensable pour passer au long-métrage car cela permet d’évaluer les potentialités d’un futur grand cinéaste…


Être primé par le cinéma parisien, « Grand Action », et diffusé par lui durant une semaine est-ce un atout ?

Cela donne de la visibilité à un court et à son auteur. Le « Grand Action » est un atout parce que peu de cinémas passent des courts-métrages. Le « Grand Action » est une belle vitrine d’autant qu’il met à l’affiche également un panorama du cinéma corse.


Quelle valeur ajoutée représente le fait de participer au « Festival de la Lune » de Carqueiranne dans le Var ?

C’est un festival qui a lieu pendant la saison estival, en plein air et qui peut accueillir 500 spectateurs par séance. C’est une possibilité de faire rayonner le cinéma corse et celui du sud de la France.

M.A-P
Photos: << Nuits -Meds >>


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