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L'appuntu au Puntettu : Numérique , culture et convivialité

Assez peu de Bastiais savent d'emblée situer le Puntettu.

L’Appuntu au Puntettu

Numérique, culture et convivialité !

Assez peu de Bastiais savent d’emblée situer le Puntettu. Avec un effort de réflexion les plus avertis avancerons… entre la rue du Colle et le vieux Port, et avec un peu de chance spécifierons… au-dessus de la Jetée du Dragon, au départ de la montée Romieu. Avec humilité le quartier se cache dans un recoin du centre ancien. Le lieu en réhabilitation a déjà livré un espace culturel inédit tandis qu’une construction est édifiée à proximité, où Buñuel a tourné, dans « Demain s’appelle l’aurore », des images de gamins s’ébattant au milieu des ruines…



L’Appuntu a ouvert ses portes en 2023. Façade brune et chaleureuse s’ouvrant sur une place d’où l’on aperçoit la mer, mais provisoirement – on l’espère -encombrée de voitures ! Le local comprend quatre étages dont trois dédiés à L’Appuntu qui descend au gré de dénivelés sur une courette fleurie d’un rosier aux magnifiques fleurs évoquant Ronsard, puis sur une rue encore plus en contre-bas. L’Appuntu reçoit qui veut y entrer.

A l’accueil des ordinateurs en libre accès où un conseiller peut aider en cas de difficultés avec une imprimante en panne ou un mystère à résoudre afin de faciliter un travail. L’espace peut servir de coworking. Un atelier y fonctionne si l’on veut se roder ou se perfectionner en informatique. L’étage en-dessous est réservé aux activités culturelles telle la peinture qui attirent des artistes amateurs-trices. Là, ils ou elles s’adonnent à leur art et peuvent exposer leurs œuvres sur les murs de cette jolie salle. Sont-ils les seuls à pouvoir bénéficier de la possibilité d’une exposition ? Alain Carrière, coordinateur et informaticien, répond par la négative. « Des artistes de L’Appuntu ou non, viennent me voir. En tant que peintre moi-même, en plus de ma spécialité en informatique, je les sélectionne selon mes goûts. J’ai des demandes jusqu’en février 2026 ! Ce qui plait beaucoup c’est que les expos durent un mois sans les contraintes pécuniaires des galeries ».

La salle sert aussi à un atelier de guitare tous les mercredis en fin d’après-midis. On peut s’initier à l’instrument, apprendre à jouer avec d’autres participants ou à s’accompagner, sous la direction de Thierry Muglioni. Un autre jour, Cécile Bastelica, de l’association, « Facile à lire » conduit l’atelier bibliothèque. L’intervenante aide à prendre ou reprendre plaisir à la lecture. Le jeudi c’est le moment de « Conta mi » où il est possible de s’entrainer à écrire des nouvelles voire des contes. Si l’on aime se détendre et rire un atelier clown tend les bras à ceux ou celles qui souhaitent développer faculté d’expression et créativité. C’est l’atelier qui exerce le plus fort pouvoir d’attraction. Parce que l’époque est plutôt lugubre ?... Sans doute ! Enfin on retiendra l’existence d’un atelier Bien Vieillir. A sa tête, une naturopathe confirmée, Marie Claire Carrière de l’association Proténatura. Cet atelier se tient en deux sessions le jeudi après-midi. On s’y frotte à la connaissance de son métabolisme, à la phytothérapie, à la cosmétique au naturel. On y fait également des sorties en groupes auprès de producteurs locaux.

A fait, le nom de Puntetttu ne vous a-t-il pas intrigué ? Si vous avez parier sur un petit pont au-dessus d’une rivière, c’est raté ! C’est un petit appareil de maçonnerie horizontal utilisé, il y a très longtemps, pour tenir l’écart entre deux immeubles…

Michèle Acquaviva-Pache

  • · Renseignements au 04 95 32 12 83
  • · Adresse : 3 rue des Mulets.

                         ENTRETIEN AVEC ALAIN CARRIÈRE de LA FALEP ET DE L’APPUNTU


Pourquoi et comment la Falep a-t-elle été choisie pour animer et gérer l’Appuntu ?

Nous avons répondu à un appel à projet lancé par la mairie de Bastia. Notre dossier a été retenu parmi d’autres. Je pense que c’était le plus complet et le plus solide. Parce que nos propositions en matière de numérique étaient les plus convaincantes. Parce que depuis de longues années nous avons acquis une grande expérience du social. Parce que nous sommes nous-mêmes une association qui a fait ses preuves.


Comment se présente la Falep Corse ?

Les antennes d’Ajaccio et de Bastia de la Ligue de l’enseignement ont désormais fusionné. A Ajaccio de s’occuper du côté social. A Bastia de se charger de l’aspect éducation populaire. A Bastia nous avons un pôle à Sant’Angelo (Maison des associations bastiaises) et un autre ici, au Puntettu avec L’Appuntu.


Quelles sont les autres actions de la Falep sur la Haute Corse ?

Le bureau de Sant’Angelo pourvoit au soutien scolaire des écoles Campanari et du Centre ainsi qu’au programme de réussite éducative impulsé par la préfecture, qui répond à des problèmes médicaux et psychologiques des écoliers. Pendant les vacances il veille à plusieurs dispositifs pour les enfants dont un centre de loisirs à Bastia et un autre à Patrimonio (sans hébergement). Sous sa responsabilité également « Quartiers d’été » destiné aux élèves du primaire, qui prévoit des cours le matin et des activités sportives ou culturelles l’après-midi. Notre bureau de Sant’Angelo assure également les formations au BAFA (animateurs) et au FCC, formation civique et citoyenne) à l’adresse des Volontaires du Service Civique.


Qui finance l’Appuntu ? … La Falep ?

L’Appuntu est intégré à « La politique de la ville » abondé par l’Etat et la mairie. Comme espace de vie social nous sommes agréés par la CAF et dotés de subventions par la CAB. La Ligue participe également au financement.


La réhabilitation du quartier du Puntettu s’inscrit dans « La politique de la ville ». Quels sont les autres quartiers qui en font partie ?

En raison du nombre de Airbnb, la Citadelle et le Vieux Port n’en font plus partie. Restent les quartiers de Gaudin et de ceux de Saint Antoine et de Saint Gaetano qui ont été rajoutés. Au Puntettu, dans ce quartier ancien longtemps en déshérence après les bombardements de 1943, il y a reconstructions d’immeubles détruits et de quelques-uns aux structures problématiques. L’aménagement du Puntettu est toujours en devenir puisque la rénovation du quartier n’est pas achevée.


A L’Appuntu avez-vous passé des partenariats avec des associations bastiaises ?

Dans les quartiers sud avec l’OPRA et Alpha, qui ont des activités semblables aux nôtres. J’ajoute que nous mettons gracieusement à disposition d’associations du centre-ville nos salles pour des AG, des spectacles voire des ateliers comme ceux du « Parcours numérique » d’EMAHO. On aide encore des groupes de personnes désirant se constituer en association.


Quel est le profil type de votre public à L’Appuntu ?

On n’est pas sectaire ! On accueille tout le monde … On est en outre les seuls sur Bastia à offrir la possibilité d’accéder aux ordinateurs et aux informations concernant l’informatique et c’est gratuit. Si l’on participe régulièrement à un atelier il en coûte 25 euros par an… Un certain après-midi de la semaine un groupe de dames viennent taper le carton ici… on est ravi !


Une structure très attractive telle que la vôtre parvient-elle à mobiliser les habitants ?

La mobilisation des habitants est compliquée, c’est le cas de toutes les associations ! C’est pourquoi on a institué un comité d’usagers d’une dizaine de personnes… Plus le temps passe plus je constate que les gens, même en informatique, viennent pour rompre leur isolement.


La fracture numérique, affirme-t-on, est important surtout en ce qui concerne les personnes âgées. Quel est votre avis ?

Pour le numérique il arrive que des gens expriment des demandes s’ils ne parviennent pas à accéder en ligne aux impôts, aux sites de la préfecture, qui sont pas intuitifs, si l’on veut des renseignements au sujet de la carte de résident, du permis de conduire, de la carte grise. Pareil s’ils veulent pouvoir écrire des mail facilement ou pour acquérir un ordinateur en fonction de leur besoin. Cependant la plupart du temps ils font appel à leur entourage, c’est ce que je vérifie autour de moi. Généralement ils utilisent plus leur smartphone que leur ordinateur… Cela m’amène à m’interroger sur ce qu’on nomme fracture numérique ! Je vais me répéter : les gens s’adressent à L’Appuntu surtout pour rompre leur isolement.


Avez-vous des projets de développement pour L’Appuntu ?

Dans l’immédiat il nous faut renforcer notre cafète en installant un comptoir où boire café, thé, boissons fraîches. Voilà qui est souhaitable pour encore plus de convivialité.

M. A-P
Les photos sont de M. A-P Et d’Alain Carrière
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