Rétablir "l'ordre" ... On entend à longueur d’ondes et de lignes qu’il faut rétablir l’ordre et l’autorité dans notre beau pays.
On entend à longueur d'ondes et de lignes qu'il faut rétablir l'ordre et l'autorité dans notre beau pays.
On entend à longueur d’ondes et de lignes qu’il faut rétablir l’ordre et l’autorité dans notre beau pays.
Ainsi, nous dit-on, tous nos maux seront jugulés par un retour à la force bienfaisante exercée par la puissance publique. Qu’ainsi il faut également ajouter – comme s’il n’y en avait pas déjà pas assez – comme s’il n’y en avait pas déjà trop – des lois qui viendraient contrôler, encadrer nos vies misérables.
De tout cela, que faut-il penser et retenir ?
Quand une société est en perdition, les lois ne servent plus à rien sans l’assentiment du plus grand nombre, la règle ne peut faire société.
Faire société ne se décrète pas, ne s’est jamais décrété. Même si les lois peuvent contribuer à renforcer, à soutenir, le corps social uni. Mais s’il n’y a pas, ou s’il n’y a plus, de corps social homogène, il n’y a plus rien à soutenir, et toutes les lois du monde n’y feront rien car on ne peut créer à partir du néant. C’est une évidence dont tous devraient se pénétrer.
Ce que ne veulent pas comprendre d’aucuns ou qu’ils feignent de ne pas comprendre car, en réalité, ils sont partisans d’un régime totalitaire, c’est que sur un sol pourri on ne peut établir aucune fondation.
C’est bien le cas en France aujourd’hui, hélas.Il ne sert à rien de déplorer le fait qu’il n’y a plus de respect des institutions, de ceci ou de cela.Le mal est plus profond. Le pays est en chaos par l’effet des volontés destructrices qui ont animé beaucoup dans la classe politique.
Le mal vient de loin, de cette funeste époque où l’on a entendu faire table rase.
On a mis à l’honneur, pour user d’un langage en phase avec l’air du temps, « l’individu- roi », lui disant qu’il était dorénavant le nouveau Dieu. Par là même on amputait chaque homme d’une partie de lui-même, à savoir un élément essentiel : sa spiritualité.
On peut même dire que c’est à ce moment que l’on a commencé à détruire l’homme, et sa singularité .Car, comme l’a fort bien indiqué en son temps Nietzsche, l’homme en tuant Dieu s’est tué lui même.C’est bien de cela qu’il s’agit.
L’individualisme né au XVIIIe siècle est parvenu à son acmé aujourd’hui, notamment en France et plus largement en Occident.
Il a détruit le corps social en faisant accroire aux individus qu’ils étaient les maîtres (ce que les vrais maîtres se gardent de croire évidemment).Postulat par définition impossible à mettre en œuvre sans aller droit dans le mur.
En effet, chaque individualité se heurtant à l’autre, aux autres, ce sont nécessairement des énergies contradictoires qui vont se heurter pour donner...du chaos..C’était sans doute le but, car en laissant le chaos s’installer, certains peuvent rester aux commandes car il n’y a plus de conscience collective.Nous en sommes arrivés à ce triste état.
Une déliquescence du corps social détruit pas à pas, depuis des décennies, par l’instillation du venin individualiste et consumériste car l’homme aujourd’hui exulte en consommant.Il n’est plus qu’un sujet « consommant ».
En acceptant de se laisser prendre par les sirènes de la facilité consumériste, l’homme a creusé sa propre tombe.Il est devenu un être indifférencié auquel on a fait croire qu’il était un roi.
L’ironie de la chose est que ce sont ceux qui ont coupé la tête du Roi qui ont entendu en créer d’autres. Ils ont oublié d’une part, qu’il ne peut y avoir qu’un Roi et que, d’autre part, l’unité est nécessaire.
Aujourd’hui, il ne sert à rien de se lamenter car la pente sera rude à remonter.
C’est pourquoi les hommes politiques qui crient pour réclamer, avec une certaine presse qui croit faire œuvre prophylactique, le retour du bâton se trompent de combat.
Le bâton peut servir si le corps social est uni, comme on a pu déjà l’évoquer, s’il est homogène, s’il est fédéré par un assentiment à un certain nombre de choses, une certaine vision de la vie en commun.
Mais aujourd’hui il n’y a plus rien à fédérer, car on s’est employé à tout détruire, tout ce qui pouvait faire unité. En multipliant les droits des individualités, on a détruit toute idée de vie en commun car le dogme dominant postule en faveur du fait qu’il n’y a plus rien à partager puisqu’il n’y a que des individus, tous différents, sans points de rencontre entre eux. On a ainsi réussi à faire croire à la plupart qu’il n’y a plus de semblable et, s’il n’y a plus de semblable, il ne peut y avoir d’unité et donc de société.Cette grande transgression, qui est en réalité une grande perversion, nous a amenés à un état de déshumanisation.
Tout cela participe aussi, et ainsi, d’une grande infantilisation. Elle s’identifie à cette pluralité de messages incessants qui nous sont prodigués pour notre bien.
Ainsi, nous dit-on, il ne faut pas manger ni trop salé, ni trop sucré, après nous avoir incités par des publicités incessantes à nous gaver littéralement de « hamburgers » très gras et fort sucrés ou de glaces et de chocolats contenant plus de sucre et d’exhausteurs de goûts que de matières nobles et sainement nutritives.
Paradoxes d’une société perdue ou plutôt d’une perversion extrême de ceux qui veulent nous asservir, avec le consentement béat du plus grand nombre.
Alors, si l’on veut sortir de cet engrenage mortifère auquel nous avons, en toute petite partie, consenti, il convient de retrouver les réflexes sains du retour au vrai, loin des artifices d’une vie factice enserrée dans les seules pulsions de la société de consommation.
Salluste