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Pour une gauche de rassemblement et de projet

Jean-Baptiste Luccioni entend privilégier le rassemblement autour de projets avant que soient abordés les questions leadership et composition de liste.

Pour une gauche de rassemblement et de projet


Jean-Baptiste Luccioni entend privilégier le rassemblement autour de projets avant que soient abordés les questions leadership et composition de liste.


Seul candidat en lice, Jean-Baptiste Luccioni (qui est aussi maire de Pietrosella depuis 2001) a été élu au poste de premier secrétaire de la fédération du Parti Socialiste (PS) de Corse-du-Sud. Il succède, avec le soutien de celui-ci, à Jean-Marc Ciabrini qui était aux commandes de la fédération depuis la deuxième moitié des années 1990. Tous deux, lors du Congrès du Parti Socialiste qui a eu lieu dernièrement, ont signé le texte d’orientation « Le Cœur de la Gauche » porté par Olivier Faure, le premier secrétaire national sortant qui a été reconduit. Une page de plus d’un quart de siècle de l’histoire de la fédération du Parti Socialiste de Corse-du-Sud a donc été tournée. Elle n’a pas été riche en succès électoraux. En effet, si Jean-Marc Ciabrini et plusieurs autres responsables ou militants ont exercé des mandats électifs, ils les ont généralement obtenus en étant parties prenantes de listes d’union de la gauche conduites par des leaders d’autres partis que le leur. La page n’a pas non plus été riche concernant le nombre d’adhérents. Ceci a beaucoup résulté du contexte corse.
En effet, l’engagement de forces neuves se tournait essentiellement vers les partis nationalistes qui représentaient la contestation des pouvoirs en place et des perspectives d’alternative. En revanche, la fédération du Parti Socialiste de Corse-du-Sud a toujours politiquement gardé le cap et pesé dans le débat politique. Elle est restée fidèle à une défense affirmée des valeur de gauche. Elle a toujours recherché les chemins de l’union des forces de gauche.
Enfin, après avoir débattu, ayant toujours respecté les lignes politiques issues des Congrès, elle a toujours rencontré une écoute attentive des instances nationales du Parti Socialiste concernant les problématiques corses. Jean-Baptiste Luccioni s’il aspire à créer les conditions d’un parti pesant davantage électoralement et en tant que force militante, n’entend pas remettre en cause les fondamentaux politiques de la fédération. Le nouveau premier secrétaire n’est pourtant pas un habitué de la maison. En effet, il n’a pris sa carte d’adhérent que depuis trois ans. Toutefois, il a toujours été un proche voisin. Social-démocrate convaincu, il a cheminé aux côtés de Simon Renucci au sein de Corse Social Démocrate, parti qu’avait créé ce dernier, et a été, entre 2010 et 2015, un des élus de ce parti à l’Assemblée de Corse. Il a aussi été, lors du scrutin territorial de 2015, le second de la liste que conduisait Emmanuelle De Gentili, première secrétaire de la fédération de Haute-Corse du Parti Socialiste. En 2017, il a été le suppléant de Jean-Charles Orsucci, maire de Bunifaziu, qui se réclamait lui aussi de la social-démocratie.


Continuité politique et volonté de susciter et structurer une dynamique


Il y aura donc une continuité politique, d’autant que Jean Marc Ciabrini et quelques autres anciens seront toujours présents dans les instances de la fédération. Mais il y aura aussi une volonté de susciter et structurer une dynamique. Au niveau du développement du parti, Jean-Baptiste Luccioni souhaite ouvrir grand la porte à un renouvellement des femmes et des homme, avoir des relais dans les communes, inciter à prendre à bras le corps les problématiques au niveau de la commune, de l’intercommunalité et de la Collectivité de Corse : « Nous devons bien sûr apporter notre réflexion et nos propositions à l’ensemble du Parti. Nous devons aussi être constamment sur le terrain et force de proposition aux niveaux communal, local et régional. Tout cela devra se faire dans le respect de la ligne politique du parti et des valeurs de gauche. Tout cela devrait contribuer à remettre le PS au centre du débat, à représenter une alternative crédible, à ne pas rester un parti d'opposition. Chez nous, le PS n’a malheureusement jamais été aux responsabilités seul ou en position dominante dans une grande collectivité, bien qu’il ait beaucoup fait, il a en effet donné quatre évolutions statutaires allant dans le sens de plus de décentralisation. Cela n’a pas été reconnu par les électeurs. Nous devons faire en sorte que cela change. Bien entendu en travaillant avec la fédération de Haute-Corse avec laquelle nous avons de bons rapports, notamment en développant un outil commun de réflexion ».
Électoralement, Jean-Baptiste Luccioni fixe un premier objectif : une présence forte de la gauche, et pourquoi pas de bons résultats, lors des élections municipales de mars prochain, particulièrement à Aiacciu et, pourquoi pas, à Portiveghju. Son élan et son optimisme ont pour appuis les résultats encourageants de la gauche unie dans le cadre de la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) lors des dernières élections législatives dans les deux circonscriptions de la Corse du Sud : 9,4 % soit 3125 voix dans la première ; 12,32 % soit 4780 voix dans la deuxième (Jean-Baptiste Luccioni y était le candidat de la NUPES). Jean-Baptiste Luccioni se félicite d’une première étape : « Depuis plusieurs mois, sept sensibilités de gauche - Parti socialiste, Parti communiste, Ecologistes, Génération.S, La France Insoumise, Debout, le parti de François Ruffin, et Inseme à Manca - travaillent de concert à construire un projet municipal pour Ajaccio. De premiers résultats devraient être rendus publics courant juillet. A ce jour, la priorité est élaborer le projet. Désigner une ou un tête de liste pour incarner et porter ce projet, viendra ensuite. »


Pas de volonté de blocage mais démarche visant à prendre en compte les problèmes


Deuxième objectif électoral : les prochaines élections territoriales. Sur ce terrain aussi, Jean-Baptiste Luccioni entend privilégier le rassemblement autour d’un projet avant que soient abordés les questions leadership et composition de liste : « Il convient d’associer à l’élaboration d’un projet de société les individus, les forces vives de la société civiles, les partis et les mouvements qui souhaitent s’investir. » Le débat concernant la révision constitutionnelle n’est considéré par Jean-Baptiste Luccioni, ni comme un obstacle, ni comme une opportunité. En ce sens, l’intéressé à la fois confirme et relativise les critiques de son camp, concernant le projet devant être présenté aux parlementaires. Il considère en effet que les critiques portées par sa fédération avec de nombreux parlementaires socialistes ne relèvent pas d’une volonté de blocage mais d’une démarche constructive visant à prendre en compte les problèmes.
Premier problème relevé : le projet de texte portant sur la révision constitutionnelle mentionne la notion de « communauté », ce qui aurait pour effet d’inscrire le communautarisme dans la Constitution et minerait la laïcité, valeur à laquelle les socialistes sont très attachés. Il veut croire que les débats à l’Assemblée nationale et au Sénat permettront de trouver une formulation satisfaisante.
Deuxième problème relevé : le flou concernant la vision économique et l’inquiétude qu’elle soit, libérale.
Troisième problème relevé : quel sera le contenu d’un éventuel pouvoir législatif. Jean-Baptiste Luccioni considère que, si l’étape du Congrès est franchie,ces trois problème (deux si le premier est réglé au Parlement) devront être abordés lorsque les électeurs devront se prononcer lors du referendum. D’autant que le contenu de la loi organique devant préciser ce que sera vraiment l’autonomie, dépendra beaucoup des réponses.


Pierre Corsi
Photo: Jean -Baptiste Luccioni /Parti Socialiste
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