• Le doyen de la presse Européenne

La position coyote fétide

Il existe dans la zoologie politique moderne, une posture particulièrement répugnante.......
La position coyote fétide

Il existe, dans la zoologie politique moderne, une posture particulièrement répugnante que l’on nommera, faute de mieux, la position coyote fétide. Elle consiste à ramper en couinant des appels à la paix vers des tueurs en série dotés d’un drapeau. C’est l’attitude diplomatique préférée des chancelleries suintantes, des porte-parole anémiques et des clercs suisses à diplômes mous.

Qu’un régime égorge, torture, pende à des grues, fusille dans les caves, lapide sur les places : il suffit qu’il ait un micro et une ambassade pour que le coyote fétide, museau tremblant et langue basse, propose le retour à la table des négociations. Il adore cette table. Il la vénère. Il en fait l’alpha et l’oméga du bien politique. C’est là, pense-t-il, que le bourreau pourra être charmé par la rationalité. Le coyote fétide n’a pas compris que certains régimes ne négocient que pour gagner du temps, jamais pour céder. Que chez les mollards d’Iran, la table est une ruse, un tarmac d’atermoiement, une manière d’attendre que le sang sèche pour mieux frapper.

Mais le coyote fétide n’a pas de mémoire. Il s’excuse d’être encore debout. Il croit que les fanatiques sont des cartésiens contrariés. Il ne lit pas les fatwas. Il récite les articles de Genève dans le désert théocratique en espérant qu’un miracle dialectique fera éclore la paix.

Il croit aux négociations comme d’autres croient aux fantômes : non par foi, mais par peur. Il n’a ni la volonté de combattre ni le courage de nommer. Il confond la parole avec la vertu, et le dialogue avec la rédemption universelle. Qu’importe que l’interlocuteur vous crache à la figure : l’important, c’est qu’il parle encore. Même pour insulter.

Dans les vieilles républiques qui n’ont plus que le mot diplomatie en bouche, on s’habitue ainsi à dialoguer avec les bourreaux. La bête n’est plus jugée, elle est invitée. Le crime n’est plus dénoncé, il est commenté. Et bientôt, il sera compris. Quelle ironie pour qui a supprimé le corps diplomatique pour mieux intégrer les reliefs subsistants de la France dans l’auge européenne.

Jean-Paravisin Marchi d’Ambiegna
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