• Le doyen de la presse Européenne

Abandons d'animaux : un fléau sans répit

Un animal est abandonné toutes les 2 minutes en France.
Abandons d’animaux : un fléau sans répit

L'été, synonyme de vacances et de soleil, révèle une réalité plus sombre : l'abandon massif d'animaux de compagnie, malgré la loi contre la maltraitance animale. Un animal est abandonné toutes les 2 minutes en France. Alors que les plages se remplissent, les refuges insulaires débordent, confrontés à un afflux d'animaux délaissés.

Refuges saturés

Les refuges corses font face à un afflux constant d’animaux abandonnés, particulièrement en été. Chaque année, entre 300 et 350 chiens sont recueillis par le refuge de Caldaniccia, qui atteint régulièrement sa capacité maximale. Les chats, mais aussi les nouveaux animaux de compagnie (NAC) comme les lapins ou oiseaux, sont concernés. Le nombre d'abandons augmente, tandis que les adoptions stagnent. Les bénévoles évoquent un manque de stérilisation et le refus de certains propriétaires de pucer leurs animaux, ce qui aggrave la situation. En 2023, la Société protectrice des animaux (SPA) a accueilli 451 animaux, mais les conditions d’accueil sont pointées du doigt dans un audit de 2023 qui mettait au jour les conditions parfois « dégradées, voire critiques » des pensées privées auxquelles doit faire appel la SPA en Corse, qui n’a pas de refuge, contrairement à l’organisation sur le Continent. Le système SPA insulaire s'appuie sur des pensions privées, parfois adossées à des structures existantes comme des chenils et dont les gestionnaires sont rémunérés en fonction du nombre d'animaux accueillis et de la durée de la pension. L’association manque de structures d’accueil pour absorber l’afflux d’animaux, d’autant plus qu’elle a en charge la fourrière animalière, qui lui est déléguée par les intercommunalités ajaccienne et bastiaise.L'absence de refuge SPA en Corse est un handicap. Des initiatives locales se développent, comme les réseaux d'entraide pour la garde d'animaux.

Motifs fallacieux

Les raisons d'abandon sont diverses : déménagements, séparations, manque d'éducation des animaux, difficultés financières. Selon les données récentes, environ 30 % des abandons sont directement liés à la précarité financière, accentuée par l’inflation et la hausse du coût des soins vétérinaires, de la nourriture ou des accessoires. Certains propriétaires prétextent des changements de vie mineurs, sans considération pour l'animal. L'abandon a un impact psychologique important sur l'animal, qui se retrouve livré à lui-même, souvent en pleine chaleur estivale. Des cas de chiens abandonnés, parfois muselés et livrés à eux-mêmes en pleine nature, sont signalés chaque été. Les animaux laissés dans la nature, en particulier lors de fortes chaleurs, sont exposés à la déshydratation, à la faim et aux accidents. Les faits divers relatent des histoires sordides, comme l’an passé avec des chiots retrouvés dans une poubelle, témoignant de la cruauté de certains abandons. Malgré les campagnes de sensibilisation menées par la SPA, les écoles, et relayées au niveau national pour prévenir l'abandon avant l'été, la période estivale concentre une part importante des abandons, avec plus de 60 000 animaux concernés chaque été à l’échelle nationale. L'efficacité de ces campagnes est difficile à évaluer, mais elles contribuent au moins à faire évoluer les mentalités, notamment chez les jeunes. La loi impose désormais la signature d’un certificat d’engagement lors de l’acquisition d’un animal, rappelant les devoirs liés à sa possession.

Fléau annuel

L'été reste une période critique, la hausse saisonnière provoquant un engorgement des refuges, avec des conséquences dramatiques pour les animaux : stress, errance, malnutrition, voire euthanasie faute de places disponibles. Les refuges constatent que les abandons peuvent doubler, voire tripler durant les vacances, en raison de la difficulté à faire garder les animaux ou de l’impossibilité de les emmener dans certains lieux de villégiature. Mais les associations insulaires constatent que les abandons se poursuivent tout au long de l’année. Les abandons hors saison sont nombreux, mais moins visibles, et concernent aussi les animaux non identifiés qui échappent aux statistiques officielles. Les causes structurelles sont multiples : crise économique, mobilité accrue, changements sociétaux. Selon la SPA, il n'y a plus vraiment de « période d'abandon ». L’abandon d’animaux domestiques n’est plus un phénomène saisonnier, mais bien structurel, qui interroge sur la place de l’animal dans la société corse d’aujourd’hui.

Maria Mariana

Crédits photographiques
· 11480_2025-07-11_defense de l'animal.fr_message-abandon-V3-1024x538.jpg : © DR – defensedelanimal.fr
Partager :