Bientôt un âge pour payer ou mourir ?
On peut craindre que demain, on en vienne à demander aux plus âgés d’entre nous de renoncer à vivre ou à suggérer qu’on les aide à anticiper leurvoyage vers l’autre monde.
Bientôt un âge pour payer ou mourir ?
On peut craindre que demain, on en vienne à demander aux plus âgés d’entre nous de renoncer à vivre ou à suggérer qu’on les aide à anticiper leurvoyage vers l’autre monde.
« On peut aller chez Papy et Mamie à Noël, mais on ne mange pas avec eux.»
On coupe la bûche en deux, Papy et Mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger » : il fallait oser le dire. Le professeur Salomon, préposé à la communication médico-scientifique macronienne sur la Covid-19, a osé.
Mon intention première, en réfléchissant au contenu du présent article, a été d’écrire que l’éminent professeur relevait de la repartie suivante tirée d’un des truculents dialogues de Michel Audiard : «Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît» (repartie lancée par Lino Ventura dans l’inoubliable «Les Tontons flingueurs» de Georges Lautner).
Puis je me suis ravisée. Non parce que le professeur Salomon s’est excusé de ce qu’il a reconnu être « une maladresse » mais parce que je me suis dit que ce dernier était au fond animé de bons sentiments et avait à la fois en tête que la Covid-19 fauche essentiellement les troisième et quatrième âges, qu’un EHPAD sur cinq est confronté à la pandémie, que près d’un tiers des décès sont survenus dans ces établissements, que trop d’entre nous sont insuffisamment respectueux des gestes barrières.
A la réflexion, mon revirement aurait pu être dicté par d’autres considérations. Bien sûr par la prise en compte que beaucoup de ceux qui ont raillé le professeur Salomon, se baladent sans masque, continuent sans vergogne de «faire la teuf» ou clament leur refus de la vaccination.
Mais aussi et surtout par le constat que les personnes âgées sont depuis quelques temps et comme le montrent les exemples suivants, dans la ligne de mire de personnes qui ont une calculette à la place du cœur, et dont la récupération des propos ou des écrits pourrait un jour servir d’ignobles dérives.
Faire cracher les seniors au bassinet
A la fin de l’été, dans les colonnes d’un quotidien national, un conseiller en stratégie réputé être proche d’Emmanuel Macron, a suggéré de baisser temporairement le niveau des pensions des retraités. Selon lui, « le monde s’étant arrêté pour préserver les plus anciens », il serait normal que les retraités acceptent cette mesure pour venir en aide aux jeunes particulièrement impactés par la crise économique.
Ces derniers jours, dans l’hebdomadaire économique Challenges, deux autres experts - le premier ayant été un des conseillers social de Nicolas Sarkozy durant le mandat présidentiel de ce dernier, le second étant un économiste reconnu - ont soutenu que la récession actuelle aurait pour cause essentielle la prise de mesures sanitaires dont le principal effet est de protéger la vie des aînés. Dans la foulée, ces Messieurs ont préconisé de faire cracher les seniors au bassinet.
Au système hérité de la Libération où les actifs doivent financer les ressources des inactifs âgés, il devrait selon eux être substitué un principe nouveau : «Les actifs financent les retraites, les retraités financent la dépendance.»
Enfin, un député macronien, rapporteur de la partie Assurance vieillesse du Projet de loi de financement 2021 de la Sécurité sociale, a proposé : «Certaines prestations comme les pensions pourraient être sous-revalorisées.»
Bref, pour ce beau monde, les plus de 80 ans représentent un fardeau social. Je crains que demain, s’appuyant sur cette considération, certains en viennent à demander aux plus de 80 ans de renoncer à vivre ou à suggérer qu’au nom d’une gestion rationnelle du sociale et de la santé , on aide les plus âgés et pourquoi pas les plus malades, à anticiper leur voyage vers l’autre monde.
Alexandra Sereni
On peut craindre que demain, on en vienne à demander aux plus âgés d’entre nous de renoncer à vivre ou à suggérer qu’on les aide à anticiper leurvoyage vers l’autre monde.
« On peut aller chez Papy et Mamie à Noël, mais on ne mange pas avec eux.»
On coupe la bûche en deux, Papy et Mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger » : il fallait oser le dire. Le professeur Salomon, préposé à la communication médico-scientifique macronienne sur la Covid-19, a osé.
Mon intention première, en réfléchissant au contenu du présent article, a été d’écrire que l’éminent professeur relevait de la repartie suivante tirée d’un des truculents dialogues de Michel Audiard : «Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît» (repartie lancée par Lino Ventura dans l’inoubliable «Les Tontons flingueurs» de Georges Lautner).
Puis je me suis ravisée. Non parce que le professeur Salomon s’est excusé de ce qu’il a reconnu être « une maladresse » mais parce que je me suis dit que ce dernier était au fond animé de bons sentiments et avait à la fois en tête que la Covid-19 fauche essentiellement les troisième et quatrième âges, qu’un EHPAD sur cinq est confronté à la pandémie, que près d’un tiers des décès sont survenus dans ces établissements, que trop d’entre nous sont insuffisamment respectueux des gestes barrières.
A la réflexion, mon revirement aurait pu être dicté par d’autres considérations. Bien sûr par la prise en compte que beaucoup de ceux qui ont raillé le professeur Salomon, se baladent sans masque, continuent sans vergogne de «faire la teuf» ou clament leur refus de la vaccination.
Mais aussi et surtout par le constat que les personnes âgées sont depuis quelques temps et comme le montrent les exemples suivants, dans la ligne de mire de personnes qui ont une calculette à la place du cœur, et dont la récupération des propos ou des écrits pourrait un jour servir d’ignobles dérives.
Faire cracher les seniors au bassinet
A la fin de l’été, dans les colonnes d’un quotidien national, un conseiller en stratégie réputé être proche d’Emmanuel Macron, a suggéré de baisser temporairement le niveau des pensions des retraités. Selon lui, « le monde s’étant arrêté pour préserver les plus anciens », il serait normal que les retraités acceptent cette mesure pour venir en aide aux jeunes particulièrement impactés par la crise économique.
Ces derniers jours, dans l’hebdomadaire économique Challenges, deux autres experts - le premier ayant été un des conseillers social de Nicolas Sarkozy durant le mandat présidentiel de ce dernier, le second étant un économiste reconnu - ont soutenu que la récession actuelle aurait pour cause essentielle la prise de mesures sanitaires dont le principal effet est de protéger la vie des aînés. Dans la foulée, ces Messieurs ont préconisé de faire cracher les seniors au bassinet.
Au système hérité de la Libération où les actifs doivent financer les ressources des inactifs âgés, il devrait selon eux être substitué un principe nouveau : «Les actifs financent les retraites, les retraités financent la dépendance.»
Enfin, un député macronien, rapporteur de la partie Assurance vieillesse du Projet de loi de financement 2021 de la Sécurité sociale, a proposé : «Certaines prestations comme les pensions pourraient être sous-revalorisées.»
Bref, pour ce beau monde, les plus de 80 ans représentent un fardeau social. Je crains que demain, s’appuyant sur cette considération, certains en viennent à demander aux plus de 80 ans de renoncer à vivre ou à suggérer qu’au nom d’une gestion rationnelle du sociale et de la santé , on aide les plus âgés et pourquoi pas les plus malades, à anticiper leur voyage vers l’autre monde.
Alexandra Sereni