Mer Méditerranée : l'été agité
La saison estivale sur les côtes méditerranéennes connaît une intensification des phénomènes extrêmes
Mer Méditerranée : l’été agité
La saison estivale sur les côtes méditerranéennes connaît une intensification des phénomènes extrêmes : vagues massives, chaleur persistante, invasions de méduses et présence de requins rythment l’actualité. La société s’adapte face à une mer qui garde ses mystères et ses menaces.
Sous tension
Cela n’arrive pas si souvent, mais la Méditerranée peut aussi avoir des vagues, suffisamment importantes pour mettre les autorités sur les charbons ardents. C’est arrivé le 2 août : de fortes vagues frappent le littoral occidental et le Cap Corse. La Préfecture de Haute-Corse insistait sur la prudence. Les professionnels du balnéaire ont redoublé de vigilance face au risque de noyade augmenté. Déjà fin juillet, entre dimanche 27 juillet à 20 h et lundi 28 juillet à 14 h, la préfecture avait alerté sur un épisode de mer forte sur la façade ouest de la Haute-Corse. En plus de ces phénomènes, cet été, la température de surface de la mer oscille entre 29 °C et 30 °C, exacerbant aussi bien l’attrait touristique que les dangers : hydrocution, micro-organismes, pics soudains d’agitation marine. Les vagues géantes survenues le 2 août, combinées à une canicule marine exceptionnelle, ont des répercussions profondes sur la biodiversité marine méditerranéenne : mortalités de masse, pertes d’habitats, déséquilibres alimentaires, accélération de la « tropicalisation » et urgence d’actions de restauration et de protection s’imposent sur le littoral, y compris en Corse.
Envahissante faune marine
Autre phénomène directement lié à la montée des températures en Méditerranée : l’invasion des méduses. Le réchauffement climatique entraîne une augmentation de la température de l’eau, créant des conditions optimales pour la reproduction et le développement des méduses, qui prospèrent dans des eaux plus chaudes. Les plages de Bonifacio et d’Ajaccio enregistrent des records : jusqu’à 18 jours consécutifs d’invasions. La situation s’est intensifiée en juillet, liée à la chaleur et aux vents fréquents. L’application citoyenne « Méduséo » offre des alertes en temps réel, permettant aux baigneurs d’adapter leurs sorties et de prévenir les piqûres. Il est conseillé de se renseigner avant la baignade, et d’observer la mer : si l’eau est calme et translucide, les méduses peuvent être visibles en surface ; mieux vaut éviter la baignade en cas de présence de méduse. D’ailleurs, il est aussi recommandé de ne jamais toucher une méduse, ni dans l’eau ni échouée sur la plage (ses filaments restent urticants, même morte). En cas de piqure, sortir immédiatement de l’eau, pour éviter la propagation du venin, de ne surtout pas frotter et de rincer la zone touchée à l’eau de mer, de retirer les fragments de tentacules avec une pince ou un objet rigide. Si le risque de croiser une méduse s’intensifie, celui de nager avec les requins relève davantage d’histoires qui alimentent les conversations estivales. Près de 50 espèces de requins vivent dans les eaux méditerranéennes locales. Pourtant, leurs apparitions en bord de plage restent rares et, selon les scientifiques, le risque pour l’homme est quasi nul. Exemple : requin bleu aperçu à Centuri ou échoué à Calcatoggio ce printemps. Pourtant, leur multiplication pose la question de la fragilité des écosystèmes : surpêche, raréfaction des proies et changement climatique les menacent directement.
Impacts extrêmes
La canicule de l’été 2025 marque un tournant : nuits tropicales, déshydratation et alertes renforcées des autorités accompagnent les restrictions de baignade lors des pics de danger. Tourisme, économie, et santé publique sont sous tension. Les autorités locales et les services météo multiplient messages et dispositifs de protection : adaptation obligatoire à une mer plus imprévisible que jamais. Les mesures concrètes s’imposent : limitation de l’artificialisation du littoral, restauration des habitats dégradés, création de réserves marines pour ralentir la perte de biodiversité. Malgré les dangers naturels et les épisodes extrêmes, les processions marines en l’honneur du saint patron des marins, les bénédictions de bateaux et les festivals battent leur plein à Ajaccio, Propriano ou Calvi, preuve de l’attachement profond du peuple corse à la Méditerranée, espace de rencontre, d’économie et de mémoire, plus que de peur. Face aux dérèglements, la société insulaire conjugue vigilance, adaptation et résilience pour que la mer reste un espace partagé, malgré une réalité en mutation rapide.
Maria Mariana
Crédits photographiques
· 11485_2025-08-15_Freepik_jellyfish.jpg : © Freepik
· 11485_2025-08-15_elrentaplats_3878236523_a49f2738a0_o.jpg : © elrentaplats