Arghjusta è Muricciu s'ouvre aux cuisines de la Méditerranée
À l’occasion de ses dixièmes journées européennes du patrimoine, la commune d’Arghjusta è Muricciu propose,.....
Journées européennes du patrimoine 2025 :
Arghjusta è Muricciu s’ouvre aux cuisines de la Méditerranée
À l’occasion de ses dixièmes journées européennes du patrimoine, la commune d’Arghjusta è Muricciu propose, ces 20 et 21 septembre, un voyage gustatif autour des cuisines de la Méditerranée. Au programme, Albanie, Provence et Corse. Une continuité dans la mise en valeur des savoir-faire antiques de la microrégion.
Chaque année, depuis 2016, les journées européennes du patrimoine s’invitent dans la petite commune d’Arghjusta è Muricciu située dans la microrégion du Taravu. Autour du slogan plus récent — Una vaddi in lascita (une vallée en héritage), Paul-Jo Caitucoli, maire du village et son équipe proposent, depuis le début et dans le cadre des journées européennes du patrimoine, la mise en valeur de ses savoir-faire nustrali. Ainsi, l’auroch (2016), suivi d’un premier guide conçu par la regrettée Lucette Poncin à qui est dédiée cette édition, a vigna (2017), u granu (2018), l’alivu (2019), u pasturalisimu (2020), l’acqua (2021), a petra è l’ortu (2022), a muntagna (2023) et a storia di a furesta è di l’omi (2024), ont été, tour à tour, évoqués. Cette dixième édition, qui va se dérouler les 20 et 21 septembre, sera consacrée à la découverte des cuisines de la Méditerranée.
L’héritage alimentaire du néolithique à nos jours
« Les journées s’inscrivent dans la continuité de ce qui a été fait jusqu’à présent, rappelle le maire de la commune, c’est une démarche pérenne dont l’essentiel est la mise en valeur de tout ce patrimoine historique et culturel mais surtout des savoir-faire ancestraux dont nous voulons nous inspirer pour l’avenir. Ainsi, cette édition sera dédiée à l’héritage alimentaire du néolithique à nos jours. Nous avons fait, en quelque sorte, une synthèse de tous les produits présentés lors de précédentes éditions, à travers la cuisine méditerranéenne. »
En guise de fil rouge, deux habitués de la manifestation, l’historien et chercheur Fabien Gaveau et l’archéologue Hélène Paolini-Saez. Lesquels ont, de nouveau, apporté leur contribution.
Albanie, Provence et Corse
Point important de cette dixième édition, le projet FEAST. Porté par l’Agence des Villes et Territoires Méditerranéens durables (AVITEM) et placé sous l’égide du ministère de l’Environnement et des Affaires étrangères, il connecte des territoires albanais et français ayant en commun une forte relation à leurs espaces ruraux. « L’objectif, ajoute Paul-Jo Caitucoli, consiste à participer à la construction d’un avenir durable pour la région méditerranéenne. Des villes telles que Tirana et Marseille ont perdu, en tant que métropoles, un peu de leur lien avec les territoires. Ce projet va, justement permettre de le retisser de nouveau... »
Pour cette manifestation, l’Albanie et la Provence seront donc associées à la Corse, via le village de Pigna représentant la communauté de communes de Balagna et, bien sûr, Arghjusta è Muricciu. L’occasion de découvrir le savoir-faire culinaire de l’ensemble de ces lieux. Mais l’équipe organisatrice ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Un lien avec l’association « Cuisine niçoise, patrimoine de l’humanité » dont l’art culinaire est reconnu à l’UNESCO est appelé à se créer.
Un recueil « 50 recettes de la vallée », édité en bilingue
« Nous souhaitons associer la cuisine méditerranéenne dans son ensemble, à ce projet, reprend l’élu, de manière à ajouter d’autres pays et régions. Pour ce qui est de la cuisine corse, nous lançons un appel à des cuisiniers “populaires”, lesquels associés à des chefs renommés, figureront dans un recueil 50 recettes de la vallée, édité en bilingue dans le magazine Taravu. L’occasion, bien sûr, de mettre en exergue le savoir-faire culinaire de la microrégion et plus particulièrement de personnes de la commune. »
Pour favoriser la découverte et, bien sûr, la dégustation des saveurs méditerranéennes prévues, une cuisine ouverte sera installée durant tout le week-end place de la mairie. Sur le pourtour, des panneaux représentant les précédentes éditions, les différentes thématiques ainsi que le programme 2025 détaillé. Les journées du patrimoine, c’est aussi les animations permanentes durant trois jours (expositions, visites du patrimoine de la commune, l’incontournable marcatu di i pruduttori ), la visite commentée du centre d’interprétation des patrimoines (par Fabien Gaveau), une randonnée prévue le dimanche 21 autour du sentir d’interprétation de la montagne I stretti muntagnoli , la présentation du label ecoMuntagna ... Mais l’essentiel sera, bien sûr la démonstration culinaire des cuisines méditerranéennes accompagnées d’une dégustation de vins albanais, provençaux et corses par le sommelier Raphaël-Pierre Bianchetti. Et puis, une manifestation patrimoniale de cette envergure ne serait pas ce qu’elle est sans un indispensable volet dédié au chant traditionnel. Une veghja est prévue, à cet effet, le samedi soir avec chants et musiques, dont certains sont issus de la vallée du Taravu, et présentation d’instruments.
Les scolaires de Pitretu è Bicchisgià invités
Enfin, et comme chaque année, les scolaires sont invités aux journées. Cette fois, ce sont les élèves de CP au CM2 de l’école de Pitretu è Bicchisgià qui ont été conviés. « Ils ont travaillé sur un document pédagogique avec leurs enseignants dans le but de créer prochainement une BD. Pour nous, l’objectif est de rendre ce patrimoine accessible aux plus jeunes. »
Pour les plus grands, les universitaires cette fois, la commune a été choisie comme village-atelier par la Fédération de Recherches Environnementales et Sociétales (FRES). Ainsi, des doctorants viendront étudier, sous l’égide de leur directeur Don Mathieu Santini, des thèmes tels que le tourisme, l’environnement ou l’autonomie alimentaire, mais également effectuer des recherches sur la préhistoire, la notion de bien-être et de bonheur dans un village...
La manifestation débutera le vendredi 19 avec une journée dédiée aux partenaires du projet FEAST pour découvrir ou redécouvrir les trésors ancestraux de la microrégion. L’occasion, pour ceux qui ne connaissent pas encore le lieu, de faire le détour par Arghjusta è Muricciu. Et pour les organisateurs, de favoriser le lien indispensable entre eri, oghje è dumane .
Philippe Peraut
Encadré
Guide du patrimoine : Céréales, vigne, olivier... Une trilogie méditerranéenne.
Une dizaine d’années après la parution d’un tout premier guide conçu par la regrettée Lucette Poncin, professeure d’histoire, ce tout nouveau guide du patrimoine imprimé en juillet dernier et disponible à l’occasion du week-end dédié aux journées du patrimoine propose un voyage de 170 pages retraçant, du néolithique à nos jours, l’histoire du patrimoine agricole de la microrégion. Autour du triptyque, céréales, vigne, olivier, traité en 2017, 2018 et 2019, le chercheur Fabien Gaveau au savoir incommensurable dans ce domaine et l’archéologue non moins réputée Hélène Paolini-Saez, directrice du LRA ont mis leurs compétences et leur travail en commun afin de proposer au public, le fruit d’une réflexion sur la place du travail de la terre dont il subsiste encore, de nos jours, des traces, tant dans la mémoire que dans nos paysages. On découvrira, ainsi « la terre qui nourrit » (blé, farine, pain), la vigne, ses lieux et produits, l’oléiculture aux multiples visages... « Ce guide est un véritable parcours initiatique, précise Paul-Jo Caitucoli, en feuilletant les pages et sillonnant les sentiers et le village, c’est une aventure humaine qui sera proposée au public, celle d’un village qui s’appuie sur une assise patrimoniale pour inventer et créer l’avenir comme un témoin du passé. »
En attendant le prochain guide, qui est en cours de réalisation (mémoire de l’eau, pastoralisme, forêt…), ce deuxième opus constitue une base importante pour qui s’intéresse à ses racines…
Ph.P.