Bilan de la saison touristique en Corse - Un démarrage prudent mais un rattrapage visible
La saison 2025 a débuté avec une fréquentation modérée au printemps
Bilan de la saison touristique en Corse –Un démarrage prudent mais un rattrapage visible
La saison 2025 a débuté avec une fréquentation modérée au printemps. En avril, le taux d’occupation moyen des hébergements restait autour de 30 %, les hôtels affichant de meilleurs résultats que les résidences ou les meublés. Dès juin, l’activité a nettement progressé, atteignant plus de la moitié des capacités disponibles, signe d’un redémarrage solide à l’approche de l’été.
Une fréquentation contrastée en plein été
Juillet et août ont connu des chiffres globalement comparables à ceux de l’année précédente, avec une légère hausse en Corse-du-Sud et un recul en Haute-Corse. Notre île conserve donc une fréquentation élevée, mais les écarts territoriaux rappellent que la dynamique n’est pas homogène entre la côte et l’intérieur. L’arrivée de touristes étrangers s’est poursuivie, représentant une part croissante des séjours. Leur poids économique devient déterminant, même si la clientèle française reste majoritaire.
Pouvoir d’achat et consommation en berne
Si les plages et les sites naturels étaient bien remplis. Néanmoins comme partout en France de nombreux professionnels ont noté une baisse de la consommation. Les terrasses de restaurants n’affichaient pas toujours complet et les visiteurs ont souvent limité leurs dépenses. La flambée des prix, notamment dans les transports, a pesé sur les comportements. Le coût d’un séjour familial a parfois découragé la clientèle de milieu de gamme, ce qui accentue la dépendance à une clientèle plus aisée mais plus sélective. À l’inverse, le haut de gamme peut se targuer d’une excellente saison.
Accessibilité et contraintes
L’augmentation des capacités aériennes, en particulier à Bastia, a favorisé la venue de nouveaux visiteurs, contribuant à l’élargissement de la saison. Mais la réglementation environnementale limitant le mouillage des grands yachts a entraîné le départ d’une partie de la clientèle riche vers d’autres destinations méditerranéennes. La Corse se retrouve ainsi face à un dilemme entre une supposée protection de ses écosystèmes et le maintien de certaines retombées économiques.
La comparaison avec la Sardaigne
La Sardaigne, voisine et concurrente directe, a en effet profité en 2025 de conditions plus favorables pour capter une clientèle internationale. Ses prix globalement plus accessibles, une desserte aérienne et maritime soutenue, et une réglementation moins stricte concernant les grands yachts lui ont permis d’attirer une partie du public qui aurait pu venir en Corse. Cette comparaison souligne le risque pour notre île de perdre en attractivité si elle ne parvient pas à équilibrer des impératifs environnementaux dont l’efficacité reste à démontrer avec une offre compétitive. Il faut tout de même rappeler que la Sardaigne est en matière écologique un modèle à suivre dans de nombreux domaines plus encore que notre île. Toutefois, la Corse conserve un avantage en matière d’authenticité culturelle voire fantasmée et de diversité paysagère, atouts que la Sardaigne peine encore à valoriser de façon aussi marquée.
Enjeux et perspectives
La saison 2025 confirme la résilience du tourisme corse, mais révèle aussi des fragilités structurelles. L’un des principaux enjeux est la désaisonnalisation, qui commence à porter ses fruits mais reste insuffisante : si le printemps et le début d’automne connaissent une fréquentation en hausse, l’île demeure dépendante des deux mois d’été. Un autre défi réside dans l’évolution de la consommation : les touristes viennent, mais dépensent moins, ce qui fragilise les revenus des restaurateurs et hôteliers. Cette prudence budgétaire renforce les tensions sociales sur une île où l’économie repose fortement sur la saison. Par ailleurs, la surreprésentation de l’offre en meublés par rapport à l’hôtellerie traditionnelle interroge l’équilibre du modèle touristique. Enfin, la montée en puissance de la clientèle étrangère constitue une opportunité pour diversifier les marchés, mais exige un effort d’adaptation culturelle et logistique. L’avenir du tourisme corse dépendra de la capacité à concilier attractivité internationale, accessibilité financière, respect de l’environnement et retombées économiques locales.
Une saison en demie-teinte
La saison 2025 se termine donc sur un bilan en demi-teinte. Les indicateurs de fréquentation sont globalement satisfaisants, mais les signes de fragilité sont nombreux : pouvoir d’achat limité, consommation réduite, disparités territoriales et contraintes environnementales. La Corse attire toujours massivement, mais pour transformer cette fréquentation en prospérité durable, il faudra renforcer la stratégie d’allongement de la saison, protéger l’environnement sans fragiliser l’économie et trouver un équilibre entre tourisme de masse et offre qualitative.
GXC
ILLUSTRATION : D.R