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Projet Europe Plural Feminine : la Cie Art Moouv' dans la danse !

Rencontre au Centre Social bastiais de Paese Novo autour de « Diversité culturelle et égalité hommes-femmes » …

Projet Europe Plural Feminine
La Cie Art Mouv’ dans la danse !



Rencontre au Centre Social bastiais de Paese Novo autour de « Diversité culturelle et égalité hommes-femmes » … L’événement s’est déroulé dans le cadre du projet Europe Plural Feminine , dirigé en Corse par Sébastien Quenot, maître de conférences à l’Università di Corsica. Organisée par Laetitia Bonelli de l’UMR LISA CNRS c’était la quinzième étape du projet européen axée sur la condition féminine. En vedette la Compagnie de danse contemporaine Art Mouv’.


Un débat avec les membres de la Compagnie Art Mouv’


Convoquée à débattre avec le public les membres de la Compagnie Art Mouv’. Celle-ci était intégrée à la session du projet par le biais de leur résidence de création Féminin Pluriel dont le but était la préparation du spectacle de clôture de l’événement, sur le Vieux Port de Bastia. La chorégraphe, Hélène Taddei-Lawson, fondatrice de la compagnie, ses danseurs, Gemini Lockiano et Blanchard l’Américain ont répondu aux questions de l’assistance, aiguillées par la modératrice, Anne Catherine Mendes.
Une chance, les débatteurs étaient eux-mêmes le reflet de cette diversité culturelle et de genre sur la sellette. La promotrice d’Art Mouv’ est, en effet, insulaire quand un des danseurs est franco-espagnol issu d’un quartier populaire de la région parisienne et l’autre originaire d’un village de Côte d’Ivoire, émigré d’abord à Abidjan puis en Europe. Trois expériences de vie différentes et malgré tout soudées par leur art.

Le pouvoir de la danse sur la société et l’accès à tous de la culture


Au gré de la discussion entre artistes et spectateurs des thèmes forts : le pouvoir de la danse sur la société et l’accès à tous de la culture. Le rôle moteur et différencié de cet art selon les lieux et les pays. Son attraction ou non sur la jeunesse. Sa manière de s’emparer des problèmes du monde et de l’actualité. Son impact pour contrecarrer le racisme… Enrichissants les échanges avec à la clé l’opportunité d’apprendre ce que sont wacking et voguing dans l’exercice de la danse contemporaine. Wacking gestuelle s’inspirant de celle des divas hollywoodiennes des années vingt, reprise dans les clubs gays new-yorkais puis dans ceux des hétéros. Ce style de danse devient ensuite plus funk à l’arrivée du hip hop. Le voguing, lui aussi né dans les clubs gays et transgenres de New York, est un mode d’expression reprenant les mouvements de bras des mannequins du magazine Vogue. Lady Gaga, Beyoncé, Beth Ditto, Madonna surtout ne manquent pas de répliquer dans leurs clips et sur scène ce voguing, copié par divers danseurs contemporains et danseuses des années plus tard en Europe.

Un spectacle en forme de jeu de rôle émouvant


La session bastiaise du projet européen en Corse s’est terminée par le spectacle imaginé par Art Mouv’. Fil rouge de cette représentation sur la Conca Marina du Vieux Port : le féminin pluriel incarné par des personnages divers, ainsi un macho, un androgyne, une femme, une autre baptisée la Clandestine ! La chorégraphe les a fait évoluer sur des musiques iconiques, qui résonnent en tout le monde, ou presque. Des chansons allant de Madonna à Grace Jones, de Sinatra à Brenda Lee. Un spectacle en forme de jeu de rôle émouvant, subversif, poétique, aux stances soulignées par des regards croisés appelant à la pluralité et questionnant l’identité de genre
Michèle Acquaviva-Pache
• Une vidéo tournée par Stéphane Broc doit rappeler les temps marquant des épisodes bastiais. Soit les rendez-vous du 10 septembre au centre social de Paese Novo ; la journée du 11 septembre avec les élèves des classes CHAM (classes à horaires aménagés en musique, danse, arts plastiques) du Collège bastiais, Simon Vinciguerra, qui s’est déroulé au studio d’Art Mouv’ ; la soirée du 13 septembre…

ENTRETIEN AVEC SÉBASTIEN QUENOT, maître de conférences à l’université de Corse et directeur ici du Projet « Europe Plural Féminines ».


Qu’est-ce que le projet « Europe Plural Feminine » ? Quel est son objectif ? Qui implique-t-il ? À qui est-il destiné ?
Ce projet s’inscrit dans le cadre de la chaire Unesco Devenirs en Méditerranée. Il est financé par le programme Citoyenneté, Égalité, Droits, Valeurs de la Commission européenne. Nous participons à un consortium rassemblant des partenaires italiens, espagnols et allemands. L’objectif est de promouvoir l’égalité des femmes et des hommes. Il s’agit de l’uns des objectifs de développement durable de l’UNESCO. Nous avons exploré différentes thématiques allant des stéréotypes à l’entreprenariat au féminin. Le 2 octobre, nous aborderons la question de la santé et le 18 octobre, celle des droits des femmes. Nous croisons des regards universitaires avec des témoignages d’acteurs de la société civile.

Pouvez-vous nous présenter l’UMR LISA CNRS ?
La recherche à l’Université de Corse est entièrement labellisée par le CNRS. C’est un gage de qualité. Notre laboratoire est le seul de l’île en sciences humaines et sociales. Dirigé par le professeur Eugène Gherardi, il rassemble près de 200 membres (70 chercheurs, 78 doctorants et personnels d’appui à la recherche). Nos projets scientifiques s’intéressent à la Corse dans une perspective interdisciplinaire et internationale, notamment méditerranéenne.

Pourquoi avoir intégré la danse contemporaine avec Art Mouv’ dans Europe Plural Feminine  ? Avez-vous eu des discussions préalables aux événements avec cette association ?
L’idée est de faire de la recherche-création en associant des partenaires artistiques et le grand public. Cela nous permet d’analyser comment les artistes intègrent les données de la recherche dans leur processus créatif. Ce travail peut mobiliser la photographie, l’écriture, le chant ou en l’occurrence la danse. D’autre part, l’itinérance de nos actions vise au développement d’une culture scientifique. L’Université de Corse ne néglige aucun village ou quartier de l’île. Les fractures territoriales, culturelles, sociales et scolaires sont telles qu’il est impératif d’aller à la rencontre d’une population trop souvent éloignée des études et de l’université. Je crois que nous avons une responsabilité sociale de développer les sciences avec et pour la société. L’université est pleinement engagée en ce sens.

Le 10/09 au Centre Social de Paese Novo s’est tenu l’atelier Diversité culturelle et égalité femmes-hommes dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Pour quelle raison ce thème ? Le choix de Paese Novo s’imposait-t-il ?
La question de l’égalité concerne tous les territoires. Bastia étant une ville géographiquement et socialement coupée en deux, il nous a semblé important d’organiser une rencontre dans les quartiers sud. Nous l’avions déjà fait l’an dernier en partenariat avec la ville de Bastia.

Le 11/09 à la Conca Marina (Vieux Port) se déroulait « Une rencontre sur l’autonomisation des femmes par la création artistique ». L’autonomisation des femmes est-elle synonyme d’indépendance ? Les handicaps sur la route des femmes qui se veulent créatrices ?
L’empowerment des femmes passe par le travail, par la création aussi. L’art est un puissant transformateur des imaginaires. De nombreuses études montrent l’importance des plafonds de verre dans l’émancipation des femmes. L’expression artistique peut contribuer à leur dépassement. Or de nombreuses personnes, femmes ou hommes, peuvent considérer que leur ressenti, ce qu’elles ont à dire ou ce qu’elles peuvent devenir n’est pas digne d’être dit, écrit ou vécu. L’enjeu est fort en termes de reconnaissance, d’inclusion et de cohésion sociale.

Michèle Acquaviva -Pache
photo: Projet Europe Plural Féminine
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