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Rentrée : au tour des étudiants

La rentrée pose chaque année la question des conditions de vie et d’inclusion étudiantes.

Rentrée : au tour des étudiants



La rentrée pose chaque année la question des conditions de vie et d’inclusion étudiantes. Sur l’île, alors que le contexte social se tend, elle révèle aspirations, défis et solidarités dans une jeunesse tiraillée entre racines insulaires et ouverture.




Offres de formation supérieure

En Corse, on observe une forte mobilité, un choix de filières marqué et une offre en formation supérieure encore limitée, ce qui influence les parcours. Même si l’offre de formation évolue à puisque l’Université de Corse propose de nouveaux diplômes dans l’audiovisuel ou l’innovation, pour rendre ses filières attractives. D’après les chiffres de l’Insee, en 2022, 1 770 néo-bacheliers corses ont accepté une proposition sur Parcoursup pour l’enseignement supérieur. Près de la moitié opte pour une licence, devant le BTS, le BUT et la classe préparatoire aux grandes écoles. La majorité des jeunes reste orientée vers l’université, faute de diversité d’offres : aucune école d’ingénieurs n’existe sur l’île, et les classes préparatoires ne couvrent pas toutes les spécialités. 84 % des néo-bacheliers corses doivent déménager pour poursuivre leurs études supérieures, un record national. 35 % quittent même la région, principalement pour Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie et l’Île-de-France. En 2022, seules 125 admissions d’étudiants « entrants » (étudiants d'autres régions venant étudier en Corse) ont été observées dans l’ensemble des filières, montrant un faible taux d’attractivité extérieure de l’offre post-bac locale. Pourtant, Corte attire chaque année de plus en plus d’étudiants internationaux. La rentrée universitaire 2022-2023 comptait environ 120 étudiants internationaux inscrits sur le campus de Corte, toutes filières confondues (165 en 2024). Ce chiffre représente environ 3 % des effectifs globaux universitaires, une proportion stable ces dernières années. Ces étudiants viennent principalement d’Afrique du Nord, des pays du bassin méditerranéen, ainsi que de quelques autres pays d’Europe et d’Amérique latine. Leur présence à Corte enrichit la vie de campus et favorise l’ouverture culturelle, mais ils rencontrent souvent des difficultés d’intégration liées à l’isolement géographique, à la barrière linguistique, ou encore à l’offre limitée d’événements internationaux.



Chère vie étudiante

La diversité des étudiants en Corse est frappante. Les néo-bacheliers, qu'ils viennent de filières générales, technologiques ou professionnelles, font face à un nouveau monde. Les jeunes ruraux, découvrant la vie universitaire, doivent s’adapter à l’autonomie et à un rythme différent. Parallèlement, la présence croissante d'étudiants internationaux à Corte enrichit l'expérience académique. Ces étudiants, confrontés à des défis d’intégration, apportent également une nouvelle dynamique à la vie universitaire et à la culture locale. Tous sont confrontés à une même difficulté : celle du logement. Les loyers étudiants sont en forte hausse, avec une augmentation d’environ 18 % en un an. L’offre reste limitée, les prix des studios montent : en moyenne, un étudiant débourse 450 à 600 euros par mois pour se loger, selon le CROUS et les agences. Des solutions naissent, résidences universitaires et aides à la mobilité, mais la précarité persiste. Le panier alimentaire mensuel pour un étudiant est plus élevé d’environ 7 % qu’en métropole, avec un coût moyen de 212 euros, du fait de la particularité insulaire et de l’inflation.



Soutien et intégration

La vie étudiante bat son plein dès septembre avec la semaine « Allegria ». Olympiades, concerts, ateliers, soirées : tout est fait pour renforcer l'esprit de groupe. Les associations jouent un rôle central dans l’intégration, en particulier pour celles et ceux venus d’ailleurs. L’université multiplie les guichets d’accompagnement. Accueil individualisé, écoute pour les soucis sociaux, économiques, ou de santé : les étudiants trouvent un soutien malgré les contraintes territoriales. La santé mentale fait partie des priorités, avec la création de bureaux dédiés à la prise en charge des situations difficiles. Des mesures spécifiques sont aussi mises en place : exonération des frais pour les boursiers, aides locales, CVEC obligatoire (105 euros pour la rentrée 2025). Ces dispositifs, financés ou coordonnés par l’université ou la Collectivité, semblent parfois insuffisants face aux inégalités. Reste la solidarité associative, pilier du tissu étudiant local.



Maria Mariana
Crédit photos : Freepik



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