• Le doyen de la presse Européenne

Bureaucratie médicale......

Beau progrès !
Bureaucratie médicale…

On lit dans la presse régionale que la maison médicale de garde de Ghisonaccia ouvre pour l’été, ce qui est une bonne nouvelle dans une microrégion où pour accéder aux services d’urgence, il faut se rendre à Bastia ou à Porto-Vecchio. Outre le fait que de nombreux cabinets médicaux sont fermés à partir du samedi midi et peu accessibles la nuit ne serait-ce que pour une simple consultation en cas d’inquiétude.
Alors que la population ne cesse de croître, il est impératif qu’un service de ce type soit fourni à la population.
Il doit être pérennisé et accessible à l’année tant les soins et les secours sont nécessaires à la population à tous moments.


Évidemment tout cela s’organise sous les fourches caudines de la bureaucratie constituée par les ARS qui sont mues par une logique trop souvent comptable.
Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant car les ARS ne sont rien d’autre qu’un système bureaucratique qui entend contrôler l’activité médicale qui, par nature, ne relève pas de sa compétence et qui, quoi qu’il en soit, s’était très bien passée pendant des décennies de cette tutelle pour agir avec efficacité.

Aussi, que fait une bureaucratie ? Elle bureaucratise, avec une logique qui lui est propre et particulièrement ici étrangère à une matière qui lui...étrangère.
On est par principe et par intuition réticent à admettre que l’activité et la pratique médicale puissent être soumises aux restrictions et autres contrôles d’une structure qui est composée de personnels administratifs qui n’ont par définition que peu ou pas de compétences en matière de médecine.

Ils ont par contre des compétences avérées, que nul ne conteste, en comptabilité et sont pétris de la manie du commandement propre à toute structure de ce type.
Mais on déplore de constater que ce n’est pas seulement une logique de bureau – bien critiquable – qui est mise en place, mais également une approche dite « managériale ».
En effet, il est relaté que la maison de santé qui nous occupe ne peut être mise en place et fonctionner que conformément à une note ministérielle (encore de la bureaucratie!) indiquant qu’il s’agit « d’adapter l’offre aux besoins de santé de la population ».
Tout est dit.
Cela ne vous rappelle-t-il pas les rudiments de cours d’économie qui sont dispensés au lycée et qui viennent préciser qu’un marché se définit et se caractérise, dans son fonctionnement, par des lois spécifiques, dont notamment, celle de « l’offre et de la demande ».
Nous en sommes bien là.
On gère la santé comme on gère le marché de la vente des pommes de terre (fort honorable) ou celui des téléphones portables (fort honorable aussi).
Sauf que dans ces deux cas, il s’agit de marchandises et que – mais pour combien de temps encore ? - l’homme ne peut être considéré comme une marchandise, ne doit pas être considéré comme une marchandise.
Pourtant cela ne semble pas être l’approche « ministérielle », mise en œuvre par les ARS.
Voilà où en est le pays.
À savoir dans un triste état.


Il semble que l’on trouve des moyens important pour assurer le financement de combats aux confins de l’Europe ou ailleurs, au prétexte de sauver la liberté, mais que cela est impossible lorsqu’il s’agit de la santé du contribuable.
Étrange monde.


Si on poursuit la lecture de ce même article de la presse régionale, on y note que pour assurer, à sa juste valeur, la rémunération des praticiens qui sont présents pendant le week-end, la tarification idoine de la prise en charge ne peut se faire que si le patient a appelé avant le 15 !
C’est la régulation nous dit-on.

La médecine qui est un art, impose que le praticien voit son patient et décide de ce qu’il convient de faire dans le cadre de ce qui est qualifié de « colloque singulier », et de juger de ce qui est ou n’est pas urgent.
Aujourd’hui il faut appeler et expliquer comme on peut, à travers le filtre du téléphone, pour qu’il soit décidé à distance si son cas est urgent ou non.

Beau progrès !


Lorsqu’on est inquiet pour sa santé ou pour celle de ceux qui nous sont chers, à tort ou à raison, c’est toujours urgent, et il est toujours urgent d’être rassuré. Et l’on paie assez de cotisations diverses et variées et d’impôts pour avoir ce droit.
Dès lors, lorsque l’on a, à proximité, une structure en capacité de calmer cette inquiétude, on ne tergiverse pas, on s’y rend.
Tant pis si cela contrarie les prévisions et les tableaux « Excel » de ronds de cuir confortablement installés derrière leurs écrans.

Les médecins interrogés ont souligné, à juste titre, l’incongruité de cette exigence, en indiquant qu’il leur semblait difficile, et nous ajoutons, inhumain et contraire à notre sens au serment d’Hippocrate, de dire à un patient inquiet qui est devant sa porte : mais Monsieur il faut téléphoner avant !
Le (bon) sens commun nous dit que cela n’est pas admissible.
On notera que si notre animal de compagnie est en difficulté et qu’on se rend chez un vétérinaire, on est accueilli immédiatement y compris les dimanches et jours fériés et cela est très bien.
On peut s’interroger sur le fait de savoir pourquoi les humains devraient-ils être moins bien traités.

Il est certain néanmoins que face à l’engorgement des structures hospitalières et à la situation plus que préoccupante de notre système de soin, si on supprimait le patient, il n’y aurait plus de problèmes.
Il suffisait d’y penser.
Est-ce cela qui sous-tend la logique de régulation ?
Les professionnels de santé doivent être justement rémunérés et lorsqu’ils acceptent de travailler le week-end et rendre un service indispensable, ils ont droit de percevoir une rémunération supplémentaire sans qu’ils aient à entrer dans une logique administrative.
On ne peut d’ailleurs que considérer que les honoraires d’une consultation d’un généraliste ne représentent en aucun cas une juste rémunération des années d’études et d’effort accomplis.

Il y a aussi, sans doute, à mener une réflexion sur une médecine qui s’est éloignée au fil du temps de la pratique libérale pour faire, de fait, des médecins des salariés des organismes de sécurité sociale.
Il serait souhaitable de s’interroger sur la pertinence du maintien d’un système aussi rigide et peu respectueux de la liberté du patient comme du praticien.
Comme on ne peut que s’interroger sur le fait que certains jeunes médecins consultent uniquement aux heures de bureau, avec un temps limité pour chaque patient, en arguant de leur « qualité de vie ». Termes à la mode et utilisés à toutes les sauces et conjugués à tous les temps par ceux qui ont oublié que la médecine était un art, mais aussi une vocation car elle touche à l’homme dans ce qu’il a de plus sacré, sa vie et ses inquiétudes.

Triste époque …

SALLUSTE
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