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Les arrêts maladie dans le collimateur

La multiplication des arrêts maladie agit comme révélateur des tensions actuelles dans le monde du travail.

Les arrêts maladie dans le collimateur



La multiplication des arrêts maladie agit comme révélateur des tensions actuelles dans le monde du travail, alors que les récentes évolutions législatives bousculent salariés et agents publics insulaires. Entre baisse des indemnités et lutte contre la fraude, l'impact social est palpable.




Réformes et stigmatisation

Depuis mars 2025, le traitement des agents publics en arrêt maladie ordinaire est réduit de 100 % à 90 % pendant les trois premiers mois. En Corse, près de 15,7 jours d’absence sont enregistrés chaque année par agent, bien au-dessus de la moyenne nationale de 13,8 jours. Une perte de revenus lourde pour les foyers corses, où 23 % des emplois relèvent de la fonction publique selon les données de l’Insee. Autre réforme pour les arrêts maladie : l’instauration d’un nouveau Cerfa, obligatoire dès septembre, après une période d’adaptation pour les praticiens locaux. Objectif : lutter contre les faux avis médicaux. En 2024, la part des faux avis médicaux pour arrêts maladie a augmenté de 35 % en France par rapport à l'année précédente. D’où la mise en place, dès septembre 2025, du formulaire Cerfa sécurisé et son obligation dans tous les établissements, avec sept points d’authentification (papier spécial, QR code…). En effet, si le numérique facilite la gestion des arrêts maladie, il facilite aussi la circulation de faux documents médicaux selon l’Assurance Maladie. Au niveau national, en 2024, la fraude aux arrêts maladie a représenté un préjudice financier de 7,9 millions d’euros selon l’Assurance Maladie. Au total, la fraude aux indemnités journalières (y compris les arrêts maladie) a généré un coût national estimé à 42 millions d’euros en 2024, contre 17 millions en 2023.



Précarité et stigmatisation

Les fraudeurs aux arrêts maladie en France s’exposent à des sanctions pénales et financières importantes, jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. En cas de fraude aggravée (bande organisée, usage de faux, récidive), les peines peuvent atteindre 7 ans de prison et 3 millions d’euros d’amende. À ces sanctions s’ajoutent le remboursement intégral des indemnités perçues à tort et des pénalités allant jusqu’à trois fois le montant du préjudice pour les fraudeurs. Ce contexte amplifie la tension sur les familles déjà exposées à la précarité, tout en renforçant la surveillance administrative et judiciaire autour des arrêts de travail sur l’île. La précarisation du secteur public et privé accentue les effets des baisses de rémunération lors des arrêts répétés. La stigmatisation des arrêts maladie persiste. Elle oscille entre soupçon de « fainéantise » et reconnaissance de la souffrance. Cette situation est plus marquée dans les petites communes. Dans les villages, la stigmatisation persiste : 1 actif sur 5 cache ses arrêts par crainte des jugements (Enquête DREETS Corse, 2024). Les travailleurs précaires sont moins protégés. Les saisonniers (30 % des emplois touristiques) et intérimaires, majoritaires dans le tourisme et l’agriculture, restent les plus exposés aux discriminations liées aux arrêts maladie. Les réseaux sociaux deviennent des outils de solidarité et d’information, mais aussi des vecteurs de désinformation et d’arnaques qui touchent les plus vulnérables. Attention aux arnaques : 80 signalements liés à de fausses plateformes ont été recensés en Corse depuis janvier, selon le site ameli.fr.



Enjeux de santé publique

Un arrêt maladie est une décision médicale qui oblige un salarié ou un indépendant à cesser temporairement son activité pour raisons de santé. Après consultation, le médecin délivre un avis d’arrêt à transmettre rapidement à la Sécurité sociale et à l’employeur. La prévalence des arrêts de travail augmente de 2,6 % en 2024 par rapport à l’année précédente. Les maladies chroniques et professionnelles touchent particulièrement les métiers locaux comme la pêche, l’agriculture ou le tourisme. Plus de 16 % des absences dans les établissements d’accueil sont liées à la maladie ordinaire ou de durée moyenne, alors que l’accès aux soins spécialisés demeure limité. Selon une étude de l'Agence Régionale de Santé de Corse, les risques psychosociaux sont une cause majeure d'arrêts. Stress, burn-out et harcèlement représentent 20 % des arrêts longs selon une étude, révélant un besoin urgent d’améliorer l'accès aux soins spécialisés.



Maria Mariana



Crédits photographiques

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