Affaire Sarkozy, le temps des mouches .
Le remugle des caves
Affaire Sarkozy, le temps des mouches
L’inutilité et la nocivité des aigris dans l’espace public
L’adage bien connu : « Les ratés ne te rateront pas » trouve une magnifique illustration dans le jugement qui accable, sans le moindre début de preuve, le président Sarkozy. Rejoignant les rangs de Silvio Pellico, Joseph Caillaux, Louis-Napoléon Bonaparte — futur Napoléon III — entre autres, la prison pour les autres devient la panacée des imbéciles. Il n’est que de voir ceux qui se réjouissent de cette infamie. Baste, il est des sanctions qui grandissent par leur injustice ceux qu’elles accablent.
Les esprits chagrins et leur vacarme
Car enfin, que produisent ces esprits chagrins sinon un brouhaha improductif ? Incapables d’exister par eux-mêmes, ils se pressent dans les tribunes médiatiques comme des spectateurs mal assis, criant plus fort pour couvrir la médiocrité de leur vue. Ils ne rêvent pas de justice, mais d’égalisation par le bas. N’ayant jamais su bâtir, ils se plaisent à détruire, persuadés que les ruines des autres leur tiendront lieu d’édifice.
L’arme du soupçon
Leur arme favorite ? Le soupçon. Ils le répandent avec la constance d’un petit épicier qui arrose ses salades, persuadés qu’à force de répéter une insinuation, elle se transformera en vérité. Et lorsqu’un tribunal, las ou complaisant, finit par leur donner raison, leur jubilation atteint des sommets : les voilà investis d’une importance qu’ils n’ont jamais eue et qu’ils ne retrouveront jamais.
Les éternels petits juges
Ce genre d’individus se reconnaît à mille lieues. Ce sont les mêmes qui, dans une assemblée de copropriétaires, montent sur leurs ergots pour exiger qu’on change la couleur de la porte cochère, puis, le lendemain, réclament la tête d’un président de la République avec la même fougue revancharde. Ce sont aussi ceux qui se drapent dans une supériorité intellectuelle de pacotille : par exemple, celui qui prétend détester Napoléon au nom de grands principes qu’il n’a jamais compris, tout en lui déniant le mérite du Code civil et de ses victoires. Il se grise de jugements anachroniques, comme si l’Empereur lui devait des excuses pour la bataille d’Austerlitz. Le même s’extasie sur Zola uniquement pour dénigrer Balzac, croyant faire preuve d’esprit, comme si l’on pouvait confondre Paul Verlaine et Raoul Ponchon — joli poète, certes — et demeurer dans le domaine du raisonnable.
Les réseaux sociaux, terriers de rancunes
On les retrouve enfin dans les réseaux sociaux, ces vastes terriers numériques où ils circulent par petits groupes, échangeant leurs haines comme d’autres collectionnent les timbres. Ils ne savent pas très bien ce qu’ils veulent, mais ils savent très bien qui ils détestent : tout ce qui brille, tout ce qui réussit, tout ce qui ose.
L’épreuve et l’Histoire
Mais qu’ils se rassurent : ce triomphe est éphémère. Demain, ils retourneront à leur néant, pendant que celui qu’ils croyaient abattre sortira grandi de l’épreuve. L’Histoire ne retient pas les cris qui s’échappent du nid de ces rongeurs, seulement la trace laissée par ceux qui ont agi. Les aigris, eux, disparaissent comme des taches d’humidité sur un vieux mur, sans même l’honneur d’une mention.
Le remugle des caves
À vivre dans des caves et y végéter, voire y juger, on ne produit pas que des champignons de Paris, mais souvent ces fleurs de haine que l’on appelle la mauvaise haleine et le remugle des pieds sales.
Jean-François Marchi