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Festival Arte Mare du 3 au 18 octobre.

ENTRETIEN AVEC MICHÈLE CORROTTI, présidente d’Arte Mare

Festival Arte Mare du 3 au 18 octobre.
L’amour, l’amour… et Lelouch !



La 43e édition d’Arte Mare reçoit en invité star, Claude Lelouch et choisit comme thématique l’amour, version lunettes roses et euphorie ! Au programme l’incontournable « Compétition Méditerranéenne » de longs-métrages. Une section, « Panorama » de films récents ou inédits spécialement étoffée. Une compétition corse et une autre des écoles de cinéma. Bref, autant de retrouvailles que de découvertes cinématographiques.


« Finalement »

Claude Lelouch, auteur de cinéma populaire — c’est lui qui le déclare – va faire le déplacement de Bastia nimbé de succès incontestables et de réussites moins flagrantes… ainsi le veut une carrière de soixante ans. A près de 90 ans le cinéaste a bouclé sa dernière réalisation, « Finalement » qu’on pourra voir au festival ainsi que son merveilleux, « Un homme et une femme », Palme d’Or à Cannes en 1966. Si l’occasion se présente à vous, ne manquez surtout pas son savoureux, « Itinéraire d’un enfant gâté », l’un ou le meilleur Belmondo tant sur la forme que sur le fond et « Les uns et les autres », une réalisation chorale attachante et percutante sur des juifs et le nazisme.

« Follement »

Dans la thématique de l’amour à ne pas rater « La petite dernière » d’Hafsia Herzi, révélée dans « La graine et le mulet » de Kechiche. « Follement » de Paolo Genovese, l’un des réalisateurs italiens les plus intéressants par sa maîtrise de l’image. « C’est quoi l’amour » de Fabien Gorgeart, programmé en clôture, qui s’inscrit peu ou prou dans cette tonalité amoureuse.

« L’étrangère »

La compétition méditerranéenne nous promet un long-métrage syrien ce qui est plutôt rare, « L’étrangère » de Gaya Jiji où l’on retrouve l’excellent Alexis Manenti, le héros du « Mohican » de Frédéric Farrucci. « L’étrangère » retrace l’histoire d’une réfugiée syrienne à Bordeaux, une femme qui va être amenée à se remettre en question. Peu fréquentes également les productions grecques comme « Nos jours sauvages » de Vassilis Kekatos, qui se déroule dans les milieux marginaux. Comme « A sad and beautiful word », œuvre du Libanais, Cyril Aris, qui conte le dilemme d’un couple : avoir ou non un enfant dans les circonstances actuelles. Israël envoie cette année, « Holding Liat » de Brandon Kramer, qui développe le cas de conscience d’un homme qui voudrait, après le 7 octobre 2023, garder foi en son pacifisme.

« Promis le Ciel »

« Promis le Ciel » d’Erige Sahiri (Tunisie) propose un récit original : une femme pasteur ivoirienne, une rescapée d’un naufrage en Méditerranée accueillent une petite orpheline de 4 ans. Toutes trois vont former une famille dans un cadre d’une intranquillité totale… « Los Tigres » de l’Espagnol, Alberto Rodriguez met en scène un frère et une sœur qui tombent sur une cargaison de cocaïne au fond de la mer. « Diamenti » de Ferzan Özpetek nous emmène dans une autre époque où le cinéma se racontait par le costume.
Au total en compétitions méditerranéennes, corse, des écoles, dans la section Panorama », dans celle dédiée au jeune public, le festival nous offre un choix de 70 films… Et l’on pourra amplement vérifier la formule favorite de Lelouch : « Le cinéma c’est mieux que la vie », qui est encore le titre de son autobiographie pour laquelle est organisée une séance de dédicace.
Michèle Acquaviva-Pache


Un grand débat sur l’amour, des appuntamenti avec les invités, le prix Ulysse à Jérôme Ferrari, la signature de l’autobiographie de Lelouch sont aussi au programme de la manifestation.

ENTRETIEN AVEC MICHÈLE CORROTTI, présidente d’Arte Mare

Le thème de l’amour pour cette édition, est-ce pour faire oublier les noirceurs de l’époque ?
Rappelons-nous l’adage d’Hitchcock : « Boy meets girls ». La base de toutes les histoires repose sur le schéma de la rencontre genrée ou non. Mais oui. Mieux vaut parler d’amour.

Mais l’amour n’est-il pas trop souvent malheureux ?
Faut-il dire comme Aragon, il n’y a pas d’amour heureux ?
Quel handicap vous pose l’inaccessibilité du théâtre ?
C’est tout l’équilibre en particulier économique du festival qui chancelle.

Où pourra-t-on voir la compétition méditerranéenne ? Le Panorama ? Les films corses en lice ? Les Lelouch ?
Au Centre Culturel L’Alb’Oru, au cinéma Le Régent, au Spaziu Carlu Rocchi de Biguglia, au cinéma U Paradisu de Furiani. Plus précisément, les ouverture et clôture à l’Alb’Oru, Claude Lelouch sera au Régent, la compétition méditerranéenne en première projection au Régent, les films corses d’abord à Biguglia.

Quelles réalisations de Lelouch préférez-vous ? Pourquoi ?
Sans surprise, je dirais « Un homme et une femme » et j’ajouterais « Les Plus belles années d’une vie ».
Pour Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, pour les allers-retours entre noir et blanc et couleur, pour l’intimité des trajets en voiture, pour un Deauville sans prétention, pour le happy end sur le quai de la gare Saint-Lazare inattendu, pour les enfants petits intermédiaires de cette histoire d’amour.
Les enfants, Antoine Sire et Souad Amidou (une habituée du festival de Bastia) que l’on retrouve cinquante ans après dans « Les Plus belles années d’une vie ». Avec l’idée follement optimiste que « Les plus belles années d’une vie sont celles que l’on n’a pas encore vécues » une citation de Victor Hugo. Et puis que le souvenir de l’amour surnage, survit aux naufrages de la mémoire.

Pour quelles raisons Arte Mare s’étale-t-il du 3 au 18 octobre ?
Il nous faut caser en 4 lieux différents 16 films d’amour, 7 avant-premières pour la compétition méditerranéenne, 15 avant-premières en panorama méditerranéen et section thématique, 6 films de patrimoine, 7 courts métrages méditerranéens, 18 films corses, 3 compétitions (longs métrages méditerranéens, films corses documentaires et fictions, films d’écoles méditerranéennes), 2 Prix Ulysse, 56 invités, 7 appuntamenti, 1 débat, 8 podcasts, 2 expositions !
Les rediffusions sont nécessaires pour que le public puisse voir le maximum de films possible et que le bouche-à-oreille donne l’envie de rattraper un film qu’on a manqué.

Pouvez-vous nous rappeler les critères de sélection des films en compétition méditerranéenne ? Leur rareté, leurs difficultés de réalisation sont-elles un plus ?
Nous visionnons beaucoup de films intéressants sur des sujets de société qui nous touchent et nous sommes sensibles à l’investissement des cinéastes. Après évidemment ce sont les qualités cinématographiques qui priment.

Kaouther Ben Hania lauréate d’un Grand Prix Arte Mare et Lion d’Argent au dernier festival de Venise ne pourrait-elle pas venir à Bastia ? Elle a insisté : pour elle, avant tout le cinéma est politique. Il serait intéressant de l’entendre sur ce point…
Nous ne sommes pas remis du visionnage de « La Voix de Hind Rajab » (ndr : histoire d’une fillette gazaouie assassinée de 335 tirs israéliens).
Kaouther Ben Hania est déjà venue à Bastia où nous avons présenté en 2017 « La Belle et la Meute », en 2020 « L’Homme qui a vendu sa peau » et en 2023 « Les Filles d’Olfa ». Nous avons d’ores et déjà prévu de l’inviter pour Camera Pulitica !

Quels films vous nous recommandez. De n’importe quelle section ?
Toute la compétition, une sélection de 7 films qu’Arnaud de Gardebosc, Mélanie Manigand et moi entourons de tous nos soins !
Sinon le film d’ouverture, « Les Aigles de la République » de Tarik Saleh (Égypte), « Once upon a time in Gaza » des formidables Tarzan et Arab Nasser (Palestine) et un western spaghetti décalé et inventif « Pile ou face » d’Alessio Rigo de Righi, Matteo Zoppis, Carlos Salsa (Italie). Enfin ne pas manquer le déchirant « Love me tender » d’Anna Cazenave Cambet.

Avez-vous des appréhensions si la mairie de Bastia change de majorité ? Pourquoi ?
Il n’est pas dans le rôle de l’association, a fortiori dans mon rôle, de prendre position.
De plus, le festival méditerranéen est un petit bijou qui appartient à tous et qui fait partie du patrimoine culturel de la ville et même de notre île.
M.A-P
photos : arte mare / uni france et Novellart 2B
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