Être ou ne pas être .....violent
On lit de-ci de-là qu’il ne faut pas être violent, que c’est mal.
Être ou ne pas être… violent
On lit de-ci de-là qu’il ne faut pas être violent, que c’est mal. Cela est vrai : la violence est condamnable et il faut la condamner et s’en éloigner. Mais, sur ce thème, et dans l’ordre de l’esprit – uniquement dans l’ordre de l’esprit – nous viennent quelques pensées et réflexions. L’on a pu entendre pourtant qu’il existe des violences « légitimes », celles des États dans une société organisée. Cela signifie que la violence, en elle-même, peut être autorisée dans certains cadres. Or, d’un point de vue strictement théorique, soit la violence est à proscrire, d’où qu’elle vienne, soit elle peut être parfois autorisée et même recommandée.
Quand la loi s’autorise la violence
Parmi les violences autorisées, l’on pense à l’exécuteur des basses œuvres, le bourreau, qui officiait encore il n’y a pas si longtemps en France, et qui continue d’officier dans nombre de pays que l’on considère pourtant comme fort civilisés. Dans notre pays, les bonnes âmes ne s’offusquaient guère de son intervention, pourvu que l’ordre soit rétabli, disaient-elles en justification. Certains se repaissaient même du sang versé en assistant aux exécutions publiques. Or, quelle plus grande violence que celle d’ôter la vie, même au nom de la loi ?
Violence et ordre social
Seuls les sots refusent de voir la réalité du monde, qui se caractérise par un usage pluriel de la force, de la contrainte et donc de la violence. Lors de manifestations, autorisées ou non, ne voit-on pas déferler des forces dites de l’ordre, lesquelles font usage de techniques qui ne sont guère douces, allant parfois jusqu’à rendre borgnes ou aveugles ceux qui en sont victimes ?
Pourtant cette violence n’est pas unanimement critiquée, et certains la trouvent même justifiée.
La violence dans l’Histoire
Si l’on se place d’un point de vue historique, c’est souvent la violence qui a décidé de la succession des Césars dans la Rome antique.
Alexandre le Grand n’a pas conquis son empire en tendant l’autre joue.Napoléon, lui aussi, a étendu la domination française par la force, mais aussi par son soutien aux arts et aux sciences – l’on pense au décret de Moscou organisant la Comédie-Française. Et face à l’hydre nazie, suffisait-il de suivre l’exemple de Gandhi ?La seule non-violence n’a pas suffi à libérer l’Inde, pas plus qu’elle n’aurait suffi à vaincre Hitler.
Résistance, révolte et légitimité
Les maquis de la Résistance n’ont pas hésité à tuer, à détruire, à faire preuve d’une grande violence. Ils étaient d’ailleurs qualifiés de terroristes et risquaient la mort s’ils étaient pris. Quelques mois plus tard, ces mêmes hommes furent pourtant célébrés comme des héros. De même, les raflés qui s’échappaient des convois en tuant leurs geôliers ont-ils eu tort de résister ?
Auraient-ils dû se laisser conduire à la mort pour rester non-violents ?
La question demeure.
La mère qui voit son enfant agressé doit-elle rester immobile, au nom de la non-violence, ou utiliser la force pour le sauver ?
Quand la Révolution se nourrit du sang
Notre « Grande Révolution », présentée comme fondatrice d’un ordre nouveau, fut aussi le théâtre d’une violence exacerbée : on décapitait un roi, une reine, des vieillards, parfois impotents, uniquement parce qu’ils étaient mal nés. Et pourtant, cette violence est encore glorifiée, parce qu’elle aurait permis de bâtir un monde nouveau.
Mais alors, où est la non-violence dans tout cela ?
Légitimation et victoire
On constate que c’est l’Histoire qui décide de ce qui est violence légitime. Elle admet, voire glorifie, certaines violences, et en condamne d’autres. Quoi qu’il en soit, ce sont toujours les vainqueurs qui décident. Qu’ils soient animés par le bien ou par le mal, ils ont toujours raison. Ainsi, les terroristes d’hier deviennent parfois les héros de demain.
La violence, loi de la nature
La vie de la nature est marquée par la violence : le tigre dévore l’antilope, suprême violence. Mais c’est ainsi que le vivant se régule, et c’est cela qui est à la source même de la vie.
Aussi, ceux qui prônent la non-violence absolue ont certes de grands mérites, mais ils oublient un élément essentiel : l’homme est un animal… politique.
Salluste