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Nos conseils pour mieux acheter en seconde main

Aujourd'hui la moitié des Français ont recours au marché de seconde main

Nos conseils pour mieux acheter en seconde main



D'après un rapport de
l'Ademe paru en mars 2024, si la moitié des Français ont aujourd'hui recours au marché de seconde main, 51 % le font pour pouvoir consommer plus. Comment changer de paradigme ? On fait le point sur les bonnes pratiques et autres astuces pour une mode circulaire (vraiment) plus verte.



D'ici 2030, le marché de la seconde main pourrait devenir jusqu'à deux fois plus important que celui de la fast fashion. Les enseignes l'ont bien compris et mettent désormais la circularité en avant via des espaces dédiés aux pièces déjà portées. Selon son niveau d'optimisme, on y verra là un ruissellement positif…ou un nivellement par le bas. La baisse des prix et la sensation de faire un geste écoresponsable ont ainsi tendance à déculpabiliser l'acte d'achat : c'est ce qu'on appelle l'effet rebond. La tendance seconde main donne alors lieu à une forme alternative de surconsommation, poussée notamment par des plateformes spécialisées dont les algorithmes pointus entretiennent l'addiction au shopping.



Acheter mieux... c'est acheter moins !

Le souci n'est pas la circularité, par essence moins polluante. Selon les données de l'Agence de la transition écologique (Ademe), prolonger la durée de vie d'un vêtement peut en effet réduire son empreinte de 50 à 90 %. L'écueil concerne plutôt les habits qui font tourner cette économie : car c'est bien la fast fashion qui abreuve en premier lieu les sites de seconde main ! Pas étonnant lorsqu'on sait que la marque préférée des Français en 2024 n'était autre que la plateforme chinoise Shein… Or on ne sortira pas du rythme infernal des micro-tendances en les consommant, puis en les revendant une fois périmées !Avant d'acheter en seconde main, on se demande donc, comme pour le neuf, à quel besoin répond cette envie de shopping. Le mieux serait de tenir une sorte de journal de sa garde-robe pour faire le point, définir son style… Et donner ce dont on ne se sert plus, car le réflexe de revente a aussi tendance à affaiblir les initiatives solidaires. Enfin, s'il s'agit de craquer pour une pièce pour une occasion spéciale, pensez à la location !



Privilégier la durabilité

Pour un achat vraiment plus vert, regardez également les étiquettes ! Si la fast fashion est à proscrire pour éviter d'alimenter la machine, privilégiez aussi des matières naturelles, comme le coton bio, le lin ou la laine. Celles-ci ont en effet tendance à mieux résister à l'épreuve du temps. Concernant vos achats en ligne, n'hésitez pas à questionner le vendeur sur la provenance et la composition en l'absence de précision. Vérifiez également la qualité et la solidité des coutures, ainsi que l'intemporalité du vêtement.

Attention, de fausses appellations vintage sont aussi souvent apposées de manière trompeuse à n'importe quel vêtement à l'esthétique un peu rétro. Pour éviter de tomber dans le piège, certaines plateformes spécialisées de seconde main proposent des sélections garanties vintage, souvent de meilleure facture que les vêtements des grandes enseignes. Enfin, si possible, tournez-vous plutôt vers des friperies et des dépôts-ventes locaux ou mieux encore, optez pour le troc ! Une façon de s'assurer que vos vêtements n'ont pas fait un second tour du monde avant de rejoindre votre dressing.



« Nous avons produit assez de vêtements pour habiller la planète jusqu'en 2100. »

Catherine Dauriac, présidente du collectif Fashion Revolution, met régulièrement l'accent sur l'impact de l'industrie textile. Pour aller plus loin

-> L'Envers des fripes : Les vêtements dans les plis de la mondialisation, par Emmanuelle Durand aux éditions Premier Parallèle. Ce livre présente les résultats d'une enquête de terrain menée par une anthropologue, des entrepôts belges aux grossistes de Beyrouth. L'autrice donne la parole aux acteurs de ce commerce mondialisé pour mieux comprendre son fonctionnement.

-> Couture apparente, un podcast par Claire Roussel. La mode peut-elle ralentir ? Comment créer des bijoux durables ? Au fil des épisodes, Claire Roussel et ses invités interrogent l'impact social, politique et écologique de la mode. Tous les deux épisodes, un décryptage des actus du secteur illustre les liens entre cette industrie et les dynamiques sociales et politiques de notre époque. Disponible sur toutes les plateformes d'écoute.

-> Association Fashion Revolution France : l'antenne française de l'ONG Fashion Revolution, qui est née au lendemain de l'effondrement meurtrier du Rana Plaza au Bangladesh (2013), milite pour un système de mode plus propre, plus sûr et plus équitable. Elle publie chaque année un rapport sur la transparence des principales marques de mode et prévoit diverses actions au niveau local à retrouver sur Fashionre-volutionfrance.org.



Charlotte Arnaud
photo : D.R
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