Restos du Cœur : 40 ans de l’appel de Coluche
« J’ai une petite idée comme ça… » Le 26 septembre 1985, Coluche lançait à la radio, sur Europe 1, un message plein de dérision et d’humanité qui bouleversa la France.
Restos du Cœur : 40 ans de l’appel de Coluche
« J’ai une petite idée comme ça… » Le 26 septembre 1985, Coluche lançait à la radio, sur Europe 1, un message plein de dérision et d’humanité qui bouleversa la France.
De sa volonté initiale de créer une cantine gratuite pour ceux qui n’avaient plus les moyens de manger sont nés les Restos du Cœur. Quarante ans plus tard, ils sont devenus un pilier de la solidarité française, avec plus de 140 millions de repas distribués chaque année et 70 000 bénévoles engagés.
Une petite idée devenue grande
Quand Coluche prononce son fameux appel, la France traverse une crise sociale : le chômage dépasse les deux millions, les inégalités s’accentuent, et les plus précaires survivent dans l’indifférence. L’humoriste, connu pour son franc-parler, décide de faire de sa notoriété une arme pour agir.
Quelques semaines plus tard, les Restos du Cœur ouvrent leur premier centre dans la région parisienne. La machine est lancée.
La Corse rejoint cet élan de solidarité en 1992, d’abord à Bastia, puis à Ajaccio.
« Ce qui est incroyable, c’est que cette idée a changé la vie de millions de gens. Coluche a parlé avec le cœur, et les gens ont répondu avec le leur », raconte Françoise Collomb Luciani, présidente des Restos du Cœur de Haute-Corse.
En 1985, nul n’aurait imaginé que ce mouvement deviendrait une institution nationale.
Au début, quelques dizaines de familles s’y rendaient chaque semaine.
« Les gens venaient timidement, certains n’osaient pas franchir la porte », se souvient Jeannine, bénévole historique.
Aujourd’hui, l’association compte sept centres en Haute-Corse, quatre en Corse-du-Sud, et plusieurs antennes mobiles qui sillonnent les villages ruraux.
En 2024, près de 400 000 repas ont été distribués, soit presque le double d’il y a dix ans. Les bénéficiaires sont de plus en plus variés : familles monoparentales, retraités, étudiants, travailleurs précaires.
« Ce qui frappe, c’est la diversité des situations, » poursuit Françoise Collomb Luciani. « La précarité touche désormais toutes les générations. Certains de nos bénéficiaires travaillent, mais n’arrivent plus à boucler le mois. »
La diversité des actions des Restos du Cœur
Même si la mission principale de l’association demeure d’aider les plus démunis par la distribution de repas, son action dépasse désormais le simple soutien alimentaire.
Aujourd’hui, elle agit dans de nombreux domaines pour lutter contre la pauvreté et favoriser la réinsertion sociale : accès aux soins, aux droits sociaux, espaces petite enfance, espaces café, alphabétisation, insertion, accès à la culture, vestiaire, estime de soi.
Autant de champs où l’association apporte un soutien essentiel aux familles et aux enfants.
L’aide matérielle s’est également diversifiée : lait, couches, vêtements, mais aussi activités éducatives, culturelles ou de loisirs pour permettre à chacun de s’épanouir malgré les difficultés.
Pour aider les personnes accueillies à travailler, des aides à la mobilité sont proposées, comme des cours de conduite pour obtenir le permis.
Des consultations médicales gratuites, des ateliers de prévention, ainsi que des sorties culturelles ou sportives permettent aux bénéficiaires de retrouver confiance et lien social.
Grâce à cette diversité d’actions, les Restos du Cœur ne se contentent pas de répondre à l’urgence : ils accompagnent chacun vers une vie plus digne et plus autonome. Fidèles à l’esprit de Coluche, ils prouvent chaque jour que la solidarité peut changer des vies.
40 anni di core : un forum et un concert solidaire à Bastia
Le 29 octobre, à l’Alb’Oru, à Bastia, une journée spéciale a été organisée pour marquer les 40 ans de l’appel de Coluche.
Un forum de la solidarité insulaire a réuni tables rondes, rencontres, témoignages et débats autour des enjeux de la pauvreté en Corse, avec la participation d’acteurs institutionnels, d’associations locales partenaires et de travailleurs sociaux.
L’événement s’est clôturé par un concert gratuit, ouvert à tous, dans l’esprit originel des Restos du Cœur.
Alexandre Santerian
Photo : A.S