• Le doyen de la presse Européenne

Théo Simonini : le gardien du Chalet u Lombarducciu

L’équipe du Transporteur pour quelques scènes

Théo Simonini : le gardien du Chalet u Lombarducciu



Âgé de 82 ans, ce Curtinese bien connu dans la cité paoline s’est installé il y a... un demi-siècle dans la bergerie située aux confins de la Restonica. C’est ici, que chaque année, depuis les années soixante-dix, il a fait de ce lieu devenu emblématique, l’incontournable arrêt pour tous les randonneurs…


L’allure robuste, l’art de la macagna bien de chez nous, le vrai sens de l’hospitalité et bien sûr, la passion pour sa terre natale, Théo Simonini est de ces hommes infatigables bâtis physiquement et mentalement dans le roc. De ces personnages truculents qu’il incarne à merveille. Voilà plus d’un demi-siècle qu’il s’est installé à la bergerie de son grand-père, capraghju, située aux fins fonds de la vallée de la Restonica. Là même d’où partent chaque année, des milliers de randonneurs. « À l’époque, sourit-il, je ne savais pas du tout que cela allait connaître un tel essor. La bergerie, transformée progressivement en chalet était surtout un lieu convivial où les gens pouvaient prendre un verre, un sandwich et se réchauffer, car il faisait très froid même l’été. C’était une halte indispensable pour les randonneurs. Au départ, on avait une vingtaine de personnes par jour, des Autrichiens pour la plupart, on ouvrait seulement en août. »

Un essor exponentiel en deux décennies

L’idée a fait son chemin. Mais Théo ignorait, bien sûr, qu’en deux décennies et de surcroît avec l’essor des courses de montagne, notamment l’interlac et l’attrait incessant pour la montagne corse, le chalet U Lombarducciu-du nom d’un sommet avoisinant qui culmine à 2200 mètres d’altitude — allait connaître un essor exponentiel. Pour attirer, en pleine saison estivale, jusqu’à 1500 personnes par jour. « La montagne corse attire beaucoup, ajoute le Cortenais, les accrocs étaient très nombreux : Français, Belges, Autrichiens, Allemands... Peu de locaux à vrai dire jusqu’à ce que le GR20 emprunte l’une de ses variantes passant par chez nous avant de bifurquer vers le Renosu. »
Peu à peu, U lombarducciu est devenu un lieu d’accueil où, pour une somme très modique défiant toute concurrence, il proposa un bivouac avec repas nustrale (suppa corsa même l’été, charcuterie, omelette, fromage et fiadone) ainsi que le petit déjeuner. « C’est un personnage extraordinaire, souligne Alain, guide de montagne, beaucoup d’humour et particularité, il parle en corse à tout le monde ! »

L’équipe du Transporteur pour quelques scènes

Véritable gardien du lieu, Théo, homme au grand cœur, conseille les imprudents avant qu’ils n’osent aller vers Melu et Capitellu en tongs…
Autre particularité, l’intérieur du chalet est bordé de centaines de billets de banque de tous les pays. « Je ne les ai pas comptés, sûrement des centaines de pays, de tous les Continents. »
Emblématique, le lieu a attiré des réalisateurs de clips publicitaires et même l’équipe du mythique Transporter avec Jason Statham, acteur principal, en personne, pour plusieurs scènes dont une en hélicoptère. « Normal, lance fièrement Théo, la vallée de la Restonica est connue dans le monde entier. »
Plus récemment ce sont quelques scènes du Mohican qui ont été tournées sur place. Mais les intempéries d’il y a deux ans ont porté un lourd préjudice. La route n’est plus accessible. Les lacs de Melu et Capitellu moins choisis par les randonneurs. Théo Simonini, lui, continue son activité. En mai, il parcourt à pied les deux kilomètres et demi qui séparent l’auberge Chez César du Lombarducciu. Il y reste jusqu’à la fin septembre et se fait approvisionner en hélicoptère ou par un ami, à pied, pour ce qui est du pain. « À l’usu anticu... Dommage que nos politiques ne se soucient principalement que de la cité cortenaise. Alors qu’ici, il est question du Centre corse... »
Toujours en grande forme malgré le poids des ans, aussi vif et cultivant l’art de la macagna, Théo continue son petit bonhomme de chemin. En espérant transmettre tout son savoir à ses enfants. Afin que l’esprit d’u Lombarducciu perdure…

Philippe Peraut
photo : F.P
Partager :