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La "colonisation de peuplement": une chance pour la Corse ?

Le terme de colonisation de peuplement a peu à peu remplacé dans la logomachie nationaliste celui de colonisation économique.
La « colonisation de peuplement » : une chance pour la Corse

Le terme de colonisation de peuplement a peu à peu remplacé dans la logomachie nationaliste celui de colonialisme économique.
Il devient en effet de plus en plus difficile d’expliquer pourquoi l’état français supposé colonisateur déverse à perte des milliards dans notre économie insulaire qui ressemble de plus en plus au tonneau des Danaïdes. Mais ceux qui emploie la formule de "colonisation de peuplement" oublient un peu vite qu'un marché économique privé de consommateur est le signe le plus évident d'une société qui se meurt.

Une progression de l’occupation humaine


Il est très difficile d’obtenir des chiffres fiables sur la réalité de la population corse au cours du dernier siècle et demi passé.
Le chiffre de 300 000 personnes avancé pour la fin du XIXe siècle paraît hautement improbable. Il est plus vraisemblable que les maires déclarèrent plus d’habitants qu’il n’en existait réellement pour toucher le centime additionnel.
Quant aux listes électorales, elles comportaient un double inconvénient : celle du double vote très fréquent pour les Corses établis sur le continent et la non-prise en compte des femmes jusqu’en 1945. Ce qui est certain c’est que la population a presque doublé en cent vingt ans alors même que la Corse est la région française la plus âgée.
L'augmention démographique provient donc bien d’un apport extérieur sans lequel nous serions tout simplement en état de coma avancé.

La Balagne à la ramasse


Selon l’INSEE, la Corse dénombre sept aires urbaines qui concentrent 80 % de la population globale. C’est dire si la Corse des villages a vécu.
Dans l’ordre d’importance, on trouve Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio, Corte, Calvi, l’Île-Rousse, Propriano et Ghisonnaccia. Cette ville de la plaine orientale est la plus petite avec 4 196 habitants au 1er janvier 2016 (derniers chiffres publiés), mais aussi celle qui connaît la plus forte croissance annuelle moyenne de 1,9 % entre 2011 et 2016. C’est à l’évidence l’apport de travailleurs immigrés qui est à l’origine de phénomène. Mais cet accroissement permet de maintenir des écoles ouvertes, d’augmenter le nombre de commerces bref de conserver une vie sociale. La croissance amène la croissance. Propriano et Porto-Vecchio connaissent une augmentation démographique presque identique : 1,8 % et 1,7 %. Ajaccio (mais ne faut-il pas parler de pays ajaccien) et Bastia (même remarque) affichent 1,1 % de croissance annuelle. Corte augmente de 0,6 % par an alors que la moyenne de la région Corse est de 1 % sur la même période.
À l’inverse la Balagne connaît un fort agrandissement de son parc de résidences secondaires, mais une baisse de leur population de -0,3 % par an. Calvi a connu un très léger excédent de natalité (ça se joue à quelques dizaines près), mais n’attire guère de nouveaux arrivants. Isula Rossa à l’inverse cumule les deux handicaps : pas de nouveaux arrivants et démographie négative.

La laboratoire ajaccien


L’INSEE a étudié l’implantation sociale d’Ajaccio.
Les nouveaux arrivants sont essentiellement de deux ordres : des jeunes couples continentaux avec enfants qui viennent pour occuper un emploi et des retraités pour moitié d’origine insulaire.
Les premiers ne sont pas nécessairement fortunés et occupent souvent des locations ou achètent dans les villages périphériques (Alata, Afa, vallée de la Gravona etc.). Les retraités achètent dans Ajaccio et préfèrent les quartiers les plus huppés. Comme par le passé, ce sont ceux du Triangle d’or : place du Diamant, Sanguinaires, Casone.

Les plus pauvres se répartissent derrière la place Abbatucci, aux Jardins de l’Empereur et sur la Rocade quand ils ne sont pas rejetés vers les grands ensembles de Mezavia et de Sarrola plaine.
La ville s'étend mais conserve ses frontières anciennes. Cette "colonisation de peuplement" provoque indéniablement une hausse des prix de l’immobilier, mais simplement dans les quartiers les plus demandés. Ceux des Salines et des Cannes ne semblent pas beaucoup évoluer. Toutefois, cette tendance est beaucoup moins forte que dans des villes comme Paris ou Bordeaux.

Enfin, cet apport de population est bénéfique pour tout le monde et plus particulièrement pour les géants de la distribution, tous tenus par des Corses, qui ne peuvent que se féliciter de ces nouveaux clients.
Dernier point qui relativise le concept de colonisation de peuplement qui semble évoquer un enrichissement des «colons ».
Les grandes fortunes en Corse sont quasiment toutes des fortunes corses.
C’est dire si la "colonisation de peuplement" apparaît comme un concept émotionnel, basé sur le ressentiment, il n'est pas pertinent sur le plan sociétal et économique.


GXC
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