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Cuba : la fin d'une illusion

Alors qu’il vient d’être révélé que le président Poutine s’est fait construire un palais sur les bords de la mer Noire, tout comme les tsars, que la Chine est en voie de reconstruire l’Empire du Milieu, qu’Erdogan rame ferme pour que renaisse un Califat
Cuba : la fin d’une illusion

Alors qu’il vient d’être révélé que le président Poutine s’est fait construire un palais sur les bords de la mer Noire, tout comme les tsars, que la Chine est en voie de reconstruire l’Empire du Milieu, qu’Erdogan rame ferme pour que renaisse un Califat, voilà qu’à l’autre bout de la planète, Cuba la communiste agonise sans grandeur mettant un terme définitif à l’illusion communiste qui fit rêver des centaines de millions d’hommes et de femmes.

La fin de la double monnaie


À Cuba, il existait un artifice dans le domaine monétaire, la dualité du peso officiel et du CUC (Cuban Unit of Currency, peso convertible).
Cette devise avait été créée en 1994. Alignée sur le dollar des États-Unis, elle était réservée aux touristes et aux achats de biens importés. La cruelle réalité est que tout Cubain cherchait à se faire payer en CUC affaiblissait de facto la monnaie officielle.
L’écart était devenu si important entre les deux monnaies que l’unification sur le seul peso cubain en circulation est entrée en vigueur le 1er janvier. Une réforme marquée par l’impréparation qui va sans aucun doute creuser davantage les inégalités dans un pays que le pouvoir communiste avait promis de supprimer.

Les raisons de l’unification


Les difficultés de l’économie cubaine sont officiellement la conséquence du scandaleux blocus américain.
Mais, dans la réalité, elles sont en grande partie liées aux spécificités du système politico-économique, à sa dépendance de l’extérieur pour l’alimentation (70 % de la nourriture est importée) ou l’énergie.
L’économie a longtemps été subventionnée : l’URSS offrait du carburant à bas prix et achetait le sucre cubain au-dessus du prix du marché. Il y avait donc deux économies : l’une tournée vers l’extérieur et l’autre nationale, peu productive et inefficace, gangrenée par une bureaucratie de type soviétique. Chacune possédait sa monnaie.
C’est un échec cuisant et le défi du parti communiste cubain est de parvenir à concilier ces deux économies par une unification monétaire, tâche qui, a priori, apparaît impossible.

Un taux officiel et une réalité incontournable


Le taux officiel de la nouvelle-ancienne monnaie a été fixé à 24 pesos pour un dollar. Rappelons que si ce taux était déjà valable pour les particuliers, pour l’État en revanche, un peso cubain équivalait à un dollar. La réforme était presque prête avec toute la dimension d’impréparation catastrophique que peut contenir l’adverbe « presque » dans un pays « socialiste ».
Mais la COVID est arrivée là-dessus et avec elle un effondrement de l’économie touristique. L’enjeu pour le parti communiste cubain est aujourd’hui de réussir la transition sans sacrifier les derniers et réels acquis de la révolution castriste. Les salaires et les retraites versés fin décembre ont été multipliés par 5. Le salaire moyen est ainsi passé de 30 euros mensuels à 150 euros. Mais, dans le même temps, les prix ont été parfois multipliés par vingt : le petit pain quotidien de 80 grammes, auquel chaque habitant a droit, coûte désormais un peso (4 centimes d’euro).
Depuis quarante ans, il était vendu 5 centavos, 20 fois moins. Un trajet en bus : 2 pesos (0,7 centime d’euro), cinq fois plus qu’auparavant. Les tarifs de l’électricité sont trois fois supérieurs voire cinq. Pour pallier cette catastrophe salariale, l’état prête 32 euros à toute personne qui en ferait la demande. Enfin beaucoup de familles vivaient grâce aux fonds envoyés par les exilés américains, las remesas, fonds qui mécaniquement ont perdu eux aussi en moyenne cinq fois de leur valeur. La première conséquence a été un afflux de candidats pour les postes de fonctionnaires ; la seconde une augmentation impressionnante du marché noir pour les mieux nantis.

Que reste-t-il de nos amours anciennes ?


Le rêve communiste aura, en définitive, représenté les habits plus ou moins neufs de nationalismes en panne. Cuba est l’un des derniers lambeaux de ces haillons qui aujourd’hui sont relégués dans les oubliettes de l’histoire. Pourtant, jamais la planète n’a eu autant besoin de rêves futuristes. Mais l’humanité se trouve face à ses propres péchés à commencer par un consumérisme débridé.
Elle ne sait pas comment préserver un mode de vie dispendieux et en empêcher les conséquences désastreuses. Les damnés de la terre se tournent désormais vers les religions et à défaut d’allumer les brasiers de révolution sociale, réactivent ceux des diverses inquisitions. Cuba ne peut guérir. Mais le régime bureaucratique et autocratique se débat encore, s’étranglant un peu plus à chaque soubresaut.

GXC
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