• Le doyen de la presse Européenne

Une belle initiative pour la libération de la chanteuse kurde Nudem Durak

Le 8 mars dernier, journée internationale de la femme, des associations ont manifesté pour demander la libération de Nudem Durak
Une belle initiative pour la libération de la chanteuse kurde Nudem Durak

Le 8 mars dernier, journée internationale de la femme, des militants de Per a pace, d’Inseme, d’a Manca, du Parti Communiste, de Corsica Palestina, d’Utopia, de Corsica Rojava, des Tunisiens de Corse et de la CGT ont manifesté pour demander la libération de Nudem Durak, jeune chanteuse kurde, condamnée par le régime fascisto-musulman d’Erdogan à purger une peine de 19 ans de prison pour avoir chanté dans sa langue le combat de son peuple.


Une campagne internationale pour Nudem Durak


Née en 1988 dans une famille « dengbêj », la caste traditionnelle des musiciens et des poètes kurdes, Nûdem Durak est une jeune chanteuse kurde. Victime de lois qui assimilent toute expression kurde ou en langue kurde à du « terrorisme », elle est emprisonnée depuis 2015 pour une durée approchant les vingt ans d’incarcération.
Aujourd’hui, Nûdem Durak est devenue le symbole de la liberté et de la culture des Kurdes. Une campagne internationale pour sa libération a été initiée qui rassemble des personnalités aussi diverses que la militante afro-américaine Angela Davis, ancienne Black Panther, le cinéaste britannique Ken Loach ou encore Keziah Jones, le chanteur nigérian.
En France, c’est Carmen Castilllo, qui fut une des dirigeantes du MIR chilien, mouvement d’extrême gauche qui lutta contre la dictature de Pinochet, qui mène ce combat. On peut suivre et participer la campagne « Free Nûdem Durak », sur Facebook, Twitter, Instagram, et YouTube. Après la campagne de solidarité autour du nom d’Aslı Erdoğan, l’autrice, de celui de Zehra Doğan, l’artiste et journaliste, celui en solidarité avec Nûdem Durak s’imposait.

Des prisonniers morts de faim


Il faut rappeler que le 27 août dernier, la journaliste Ebru Timtik est morte des suites d’une grève de la faim menée dans les geôles turques. Elle avait été condamnée en 2019 à plus de treize ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». Elle faisait grève, aux côtés de son confrère Aytaç Ünsal, pour obtenir un procès équitable. Ebru Timtik, qui ne consommait plus que de l’eau sucrée, des infusions et des vitamines au cours de sa grève de la faim, pesait 30 kilos au moment de son décès.
La mort d’Ebru Timtik est déjà le quatrième décès consécutif à une longue grève de la faim en Turquie.
Le 3 avril, Elin Bölek, la chanteuse du groupe populaire Grup Yorum est morte après 288 jours de jeûne. Accusée d’appartenance à une organisation terroriste, comme cinq autres membres du groupe interdit de concert depuis des années, elle réclamait la fin de la répression et de la censure qui touchaient son groupe de chant. Le cortège funéraire de la jeune chanteuse de 28 ans de confession Alévi avait été noyé sous les gaz lacrymogènes par la police.
Trois semaines plus tard, un autre musicien du groupe, Mustafa Koçak, mourrait en prison. Il était en grève de la faim depuis 297 jours pour obtenir la levée de l’interdiction de leurs concerts, la libération des autres membres emprisonnés et l’effacement de leurs noms de la liste des terroristes. Condamné à la prison à perpétuité pour un crime qu’il n’a jamais avoué — avoir fourni une arme à l’auteur de l’assassinat d’un procureur —, il est mort le 25 avril 2020.
Le 7 mai, c’est au tour d’Ibrahim Gökcek, lui aussi musicien du groupe de décéder. L’arrêt de sa grève de la faim de 323 jours la veille ne lui a pas permis de survivre. Pesant 40 kilos, il est mort à l’hôpital où il avait été transporté un jour plus tôt. À cause de l’épidémie de coronavirus, le parlement turc a voté une loi d’amnistie pour rendre leur liberté 90 000 des 300 000 prisonniers que compte la Turquie. Mais la loi exclut les prisonniers politiques, estimés à 80 000.

Selon Pınar Selek, une sociologue interrogée par le journal les Inrockuptibles, cette répression s’abat « sur toute personne qui critique, qui crée, qui réfléchit, qui pose des questions en Turquie ». Des dizaines de députés et de maires élus sous la bannière du Parti démocratique des peuples (HDP) sont également en prison.
L’écrivain Joseph Andras a récemment donné de ses nouvelles. Si elle peut échanger par téléphone avec ses proches quelques minutes par semaine, elle ne peut plus recevoir de courrier ni de visite depuis l’éclatement de la crise sanitaire que l’on connaît. Mais elle tient bon. Nudem Durak est en danger de mort et elle n’a que nous pour la sauver.

GXC
Partager :