• Le doyen de la presse Européenne

"Carrément craignos", série TV : Des loosers en verre !

Jean Pascal Zadi a le vent en poupe. Un César pour son premier long-métrage, « Tout simplement noir ». Une série diffusée sur la plateforme, « francetv.fr », « Carrément craignos » avec une distribution aussi marquante que piquante, aussi ...
« Carrément craignos », série tv
Des loosers en verve !



Jean Pascal Zadi a le vent en poupe. Un César pour son premier long-métrage, « Tout simplement noir ». Une série diffusée sur la plateforme, « francetv.fr », « Carrément craignos » avec une distribution aussi marquante que piquante, aussi épatante que souriante où l’on retrouve le comédien insulaire, Jean Michel Ropers, en bistrotier bon enfant et accueillant.


Résumé du pitch :

Ernesto, joué par Jean Pascal Zadi, qui officie également derrière la caméra, perd le butin d’un casse de 100 000 euros qu’on lui a confié. Voilà qui est très mince et pourtant à partir de cette amorce d’intrigue, « Carrément craignos » foisonne de rebondissements. C’est drôle, caustique, plein d’humour. L’auteur, réalisateur, protagoniste numéro 1 ne se contente pas de faire rire béatement, il sait être mordant et cinglant tout en ayant une certaine tendresse à l’égard de ses personnages qui sont des champions de la loose toutes catégories.

Cadre de la série :
la banlieue parisienne dans sa diversité de bâtis avec ses classiques HLM, sa zone pavillonnaire généralement tranquille, ses « bicoques » BCBG qui veulent en jeter et sa pluralité humaine qui se côtoie dans une belle humeur pimentée de frictions. Reines de la série : la parodie, la satire sociétale. Sur le gril : chrétiens et musulmans, la police, les faux-bons-sentiments où la larme à l’œil se substitue à la réflexion et à la recherche de solutions face à des tragédies terribles.

Zadi a la dent dure quand il croque des scènes de talk-show où une Kadidja exige un référendum pour arracher le voile à celles qui le portent dans la rue ; où un Jean Jacques, flic faussement bonasse, se gave d’insultes racistes sur son téléphone ; où un pasteur retors en tartuferie engrosse des jeunes filles avides d’entendre ses prêches… Personne n’est épargné à commencer par le looser-vedette, Ernesto, apôtre de l’autodérision qui n’hésite pas à arborer une cagoule rose transparente et à trous pour monter un improbable hold-up.

Le réalisateur utilise la trame du film de gangster pour faire progresser l’action. On n’y croit pas un instant, mais on lui emboite le pas car il parvient à nous mener par le bout du nez. Fine sa direction d’acteurs qui réunit des personnalités de talents et qui ont le mérite d’être (encore) peu connues. Ça fait du bien les nouvelles têtes… ça ne fait pas de mal non plus d’en retrouver de connues. Très ordinaires les héros de la série, authentiques perdants et bras cassés avérés. Parmi eux un Tito, touche à tout, malheureux testeur de faux médicaments. Un Doudou en mal de mariage chic mais aux poches percées. Un Sam (diminutif de Samir) apprenti policier. Un Hassan, épicier désirant décrocher un label hallal bio et qui est en fait un fils de boat people cambodgien.

Un peu moins acides les portraits féminins mais hauts en couleur. Comme Agathe, midinette sentimentale ; Rose, l’infidèle à l’unique grand amour ; Héléna, l’infirmière ex-prostituée obligée de racheter sa liberté à son mac ; Karen, la fliquette à la vilaine duplicité.

    « Carrément craignos », un ton neuf et décalé et pas très politiquement correct



Distribution

JP Zadi (Ernesto). Lofti Labidi (Sam). Jérôme Guesdon (Tito). Bun Hay Mean (Hassan). Rossy de Palma (Héléna). Fadily Camara (Karen). JM Ropers (Dédé) et toute une pléiade d’acteurs.
« Zadi, avec son côté rieur et de ne pas en avoir l’air, est très « pro ».
Jean Michel Ropers


Comment avez-vous atterri – faut-il dire aluni – dans la série tv, « Carrément Craignos » de Jean Pascal Zadi ?

Il y a quarante ans que je suis comédien. Je suis identifié au plan national et international. On me connait. Pour « Carrément craignos » c’est l’acteur, Lofti Labidi, rencontré sur un court-métrage qui m’a appelé et m’a parlé du projet de Jean Pascal Zadi. Il m’a indiqué que le réalisateur cherchait un comédien qui me correspondait. J’ai passé des essais et été retenu. Ensuite j’ai participé au tournage du pilote de la série réalisé en 2010. Diffusée sur internet elle a fait un carton. Puis on a enchaîné avec la saison 2 qu’on peut voir sur « francetv.fr ».


Qu’est-ce qui vous a intéressé dans votre rôle ?

Dédé, patron de bar d’un quartier HLM, est sympa. C’est à lui que se confient ses clients en général plus jeunes et qui apprécient de se retrouver dans son bistrot autour d’un pot. Dédé est un type de personnage très agréable à interpréter.


Sur le tournage comment se comporte Jean Pascal Zadi ?

En tant que directeur d’acteurs il ne nous laisse pas livrés à nous-mêmes. Ses indications sont précises. Comme réalisateur il sait aussi être souple. Comme acteur il est exigeant avec lui. Ce qui m’a frappé en tournant avec lui c’est qu’il sait bien s’entourer aux plans artistique et technique. Zadi, avec son côté rieur et de ne pas en avoir l’air, est très « pro ». Il a une écriture très personnelle et ses personnages ont un vrai univers.


La distribution de « Carrément craignos » offre un reflet de la diversité à la française… Un bon point ?

C’est intéressant de travailler au milieu de plein de gens qui ont des origines différentes et sont en même temps très français ! C’est marrant et ça apporte beaucoup !


L’âge, la couleur de peau, l’origine des personnages où réside la différence la plus radicale ?

Dans notre métier de comédien on travaille avec des gens et au-delà du sexe, de l’âge, de la couleur, etc… on est des artistes. Pour moi il ne peut y avoir de clivages. Dans la série, la diversité, on la retrouve aussi dans les équipes, technique et de production. « Carrément craignos » ne fait pas dans le blanc « quinca », hétéro, installé dans la vie et c’est tant mieux. Ça tome à pic en ce moment !


La série c’est la loose super star. Ce thème est-il un créneau fertile ?

Les histoires de loosers forment de formidables arguments de comédie. Cette série c’est le rire, mais pas seulement, car elle repose sur une analyse de la société actuelle et ne verse pas dans la facilité gratuite. Elle a le mérite de faire bouger certains canons artistiques et certains types de narration. De la première saison à la deuxième Zadi montre également qu’il est capable de se renouveler ce qui est indispensable.


Être acteur en Corse et à Paris, c’est le grand écart permanent ?

Je fais ça depuis toujours. Je considère que si on m’appelle pour un rôle c’est un honneur qui implique de répondre oui ou non, sans tergiverser. A mon agent de négocier. Un artiste doit se rendre disponible, voilà un impératif.


On voit plus aisément les aspects positifs, attractifs du métier de comédien que ceux qui sont négatifs. Or, il en existe de difficiles. Par exemple ?

Le métier peut être très violent, cruel, âpre. Aujourd’hui les rencontres avec les réalisateurs avant les tournages nous manquent. Heureusement avec Jean Pascal Zadi cela n’a pas été le cas : on a discuté, échangé. Autre problème : le formatage des rôles, des sujets, c’est dur d’y échapper. On a aussi besoin de gens qui nous fassent des remarques aptes à nous faire progresser ou à rectifier des choses dans notre jeu, si c’est nécessaire. En dépit des difficultés ce qui me plait ce sont les aventures artistiques comme celle de « Carrément craignos », car alors on est content d’être de la partie !


Dans le pilotage gouvernemental de la crise sanitaire qu’est-ce qui vous a heurté le plus ?

La posture langagière du gouvernement et sa distinction entre essentiel et non essentiel. Ces gouvernants ignorent-ils le poids des mots ? Traiter des gens de non essentiel est non seulement intolérable mais traduit également un manque d’intelligence. En outre, il fallait d’emblée territorialiser les décisions et non les appliquer uniformément sans tenir compte des situations locales. Le gouvernement s’est entouré d’un conseil scientifique, un conseil artistique ne lui ferait pas de mal…


La crise sanitaire a de graves conséquences sur la culture et les libertés individuelles. Comment envisagez-vous le futur du monde culturel ?

On doit se poser des questions afin de tirer des enseignements de la crise. Il va falloir qu’artistes et public se réinvente car il n’y a pas de dichotomie entre les deux. On ne peut qu’être confronté à un futur de construction. Et surtout n’oublions pas que dans la vie on a toujours le choix !... Créer c’est choisir.


Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je ne suis pas uniquement comédien : je réalise, j’écris, je mets en scène. Je suis ainsi en train d’achever l’écriture d’un documentaire sur Flaubert en Corse, et j’attends la diffusion sur Via Stella d’un autre documentaire sur la littérature fantastique britannique.

Propos recueillis sur M.A-P
Partager :