• Le doyen de la presse Européenne

Camini di ferru di a Corsica le jour d'après

Ce chemin de fer qui a transformé la vie de l’île et de ses habitants depuis la fin des années 1800. Rencontre avec Jacques Chibaudel, directeur de la production aux cfc depuis trois années qui nous parle du train.
Il est jeune, c’est un battant et il a été très réactif au tout début de la pandémie.

Les années précédentes vous aviez dépassé le million de passagers. C’est significatif, le train est un excellent moyen de transport pour se véhiculer en Corse n’est-ce pas ? En 2011, nous transportions environ 700 000 usagers par an, en 2019, nous avons atteint 1 200 000. De nos jours, les insulaires utilisent le train pour aller travailler, se promener, étudier, aller faire des activités sportives…je pense que nous pouvons dire que le train fait désormais partie de la vie quotidienne des Corses.

Quel a été le ressenti aux CFC dès la déclaration de confinement le 17 mars dernier, avez-vous eu une grosse perte de C.A. ? Dès le 13 mars nos équipes ont su anticiper ce scénario en activant notre Plan de continuité d’Activité (PCA) avec protection du personnel et activités de l’entreprise. Cette décision de mettre en œuvre notre PCA a été prise en totale concertation avec la Collectivité de Corse, les services de l’Etat et les représentants du personnel des CFC. Malgré ce climat très anxiogène, nous avons continué à assurer nos missions et ce, grâce à l’exceptionnelle mobilisation des Cheminots. Depuis le début de cette crise sanitaire, nous accusons une perte commerciale estimée à environ 500 000 € mais nous avons bon espoir à condition que cette crise s’achève rapidement.

Dans quelles conditions les usagers circulaient-ils ? Dès le début de la crise, nous avions pris des mesures sanitaires pour protéger à la fois notre personnel et nos usagers. Nos agents étaient tous équipés de masque, gants et gel hydroalcoolique. Nous avions également neutralisé une partie du train afin de limiter les contacts entre agents et usagers. La désinfection des autorails et de nos gares étaient réalisée de manière journalière avec un virucide.

Combien de lignes circulaient et quels horaires fonctionnels aviez-vous ? En accord avec le Préfet de Haute-Corse, nous avions mis en place un service minimum du lundi au samedi. Maintien de 6 circulations de Bastia, 6 d’Ajaccio et 2 entre Bastia et Corte. Ce plan de transport représentait 20% de l’offre initiale. Je tiens à souligner les actions solidaires de nos cheminots durant cette période en plus de leurs missions : transport par route des tests de dépistage Covid-19 du personnel des EHPAD de la région Ajaccienne, distribution en Balagne de denrées alimentaires, transport de médicaments pour les hôpitaux…… Fourniture de plus de 5000 masques type FFP2 aux personnels soignants (hôpitaux, infirmiers, centres Covid, médecins…) et à nos collègues d’Air Corsica (solidarité inter-entreprise). Attribution par le Comité Sociale et Economique de la totalité de son budget de fonctionnement 2020 pour l’achat de matériel médical pour les hôpitaux de Bastia et d’Ajaccio (Unité mobile de décontamination d’air, lits médicalisés…).

Les transports étaient-ils gratuits ? Notre Président, Hyacinthe Vanni, a souhaité mettre en place la gratuité jusqu’à la fin du confinement pour favoriser les voyages des personnes ayant une nécessité impérieuse de se déplacer.

Quels sont les nouveaux matériels en service et où en est le périurbain Mezzana-Ajaccio ? Les derniers autorails mis en service sont les AMG 800 et nous espérons pouvoir d’ici 2025 recevoir le nouveau matériel pour remplacer progressivement notre matériel roulant type Soulé, datant des années 90. La Collectivité de Corse souhaite acquérir 8 nouvelles rames ce qui nous permettra d’augmenter essentiellement nos fréquences sur les périurbains. Au niveau d’Ajaccio, avec l’arrivée prochaine de la commande centralisée de voie unique, à l’instar de ce qui se fait sur le périurbain de Bastia, nous allons pouvoir augmenter le nombre de circulations et participer à notre niveau au désengorgement du centre-ville.

Pour les annonces en langue corse, ne peut-il y avoir un bilinguisme corse-français qui satisferait une partie de la clientèle ? Depuis quelques années, nous avons fait un gros travail de toponymie des différentes haltes du réseau. En attendant de trouver un nouveau logiciel performant pour les annonces vocales, nous avons mis en place sur nos trains des "thermomètres" (affichage statique) indiquant à nos usagers les différentes haltes et gares du réseau.

Le chemin de fer à la reconquête de la côte orientale, qu’en pensez-vous ? Ce projet structurant pour la Corse est piloté par notre Autorité Organisatrice (la CDC), et en tant qu’exploitant nous ne pouvons que nous réjouir de voir développer notre entreprise.

Merci à tous et aux cheminots pour leur cohésion, leur solidarité et leur sens de la responsabilité.
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