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Gaza : prison et enfer d'un peuple

Trop de défenseurs de la cause palestinienne omettent d'affirmer clairement le droit à l'existence d'Israël et de condamner fermement la politique du Hamas.
Gaza : prison et enfer d’un peuple

Trop de défenseurs de la cause palestinienne omettent d’affirmer clairement le droit à l’existence d’Israël et de condamner fermement la politique du Hamas.


Gaza est un petit territoire bordé à l’ouest par la Méditerranée, au nord, à l'est et au sud-est par Israël, au sud-ouest par l’Égypte. Sur ce qui n’est qu’une bande de terre entre mer et désert d’environ 40 km de long et 6 à 12 km de large, sont entassés plus de deux millions d'habitants. La vie quotidienne y est très difficile. Elle se déroule sur fond de pauvreté, de chômage et de sentiment de « no future ». Elle est soumise au bon vouloir d’un pays hostile (Israël) et aux sautes d’humeur d’un « pays frère » (Égypte) dont les soldats et les policiers avec leurs checkpoints, leurs systèmes de techno-surveillance, leurs réseaux de barbelés, leurs barrières électrifiées, leurs champs de mines, leurs murets de béton et leurs fossés régissent, 365 jours sur 365, le droit de voyager, de commercer, de travailler, de rencontrer.
Enfin, elle est rythmée par l’action de partis armées islamistes et principalement, depuis 2007, par l’emprise du plus puissant et tentaculaire d’entre eux qui a pris le pouvoir par la force : le Hamas. Comme les Frères musulmans dont il est une des excroissances, le Hamas professe des concepts islamiques et leur vocation à être appliqués à l'ensemble de l’Humanité. Il y a quelques années, concernant le « Printemps arabe », un des fondateurs du Hamas déclarait : « Hier, les islamistes l'ont emporté en Tunisie.

Demain, ils triompheront en Égypte puis en Libye et ce, jusqu'à ce que l'Islam qui règne en conformité avec les règles du Coran, prévale sur la planète entière. » Outre contribuer à l'islamisation du monde, le Hamas a un objectif majeur : tout faire pour détruire l’État d’Israël. Selon sa Charte : « Renoncer à quelque partie de la Palestine que ce soit, c'est renoncer à une partie de la religion (…) Il n'y aura de solution à la cause palestinienne que par le djihad. » À Gaza, très logiquement, le Hamas gouverne en imposant un islam rigoureux et en se rendant coupable d’innombrables violations des droits de l'Homme. Vous l’avez compris, Gaza est une prison dont le Hamas est le geôlier.


« Mieux vaut faire le loup que la brebis »

Gaza est aussi très souvent un enfer. C’est le cas depuis ces derniers jours. L’embrasement a eu pour origine des troubles qui ont débuté, le 3 mai dernier, à la suite d’interdictions faites aux Palestiniens d’accéder à certains secteurs de Jérusalem. Des affrontements ont fait de nombreux blessés et le Hamas a cru bon de s’en mêler en lançant, depuis la bande de Gaza, une pluie de missiles et de roquettes sur différentes villes israéliennes. La riposte a été impitoyable. L’armée israélienne a déversé un déluge de feu. Les destructions ont été nombreuses. Le nombre de morts a rapidement dépassé la centaine dont de nombreux civils.

A l’heure où j’écris ces lignes, cela continue. Chez nous, tout comme ailleurs, des voix se sont très vite élevées pour dénoncer la violence de cette riposte. Je n’y joins pas la mienne. Je comprends que la riposte ait été jugée cruelle et disproportionnée. J’estime justifié que l’on critique la politique israélienne d’annexion qui spolie de nombreux palestiniens. Je dénonce volontiers la perversité du premier ministre israélien qui pour faire oublier les soupçons de corruption qui pèsent sur sa personne et ses proches, se présente comme le champion d’un « Grand Israël » fier de sa force militaire et d’une volonté d’expansion à Jérusalem et en Cisjordanie rendant de facto impossible la construction d’un Etat palestinien viable. Mais je déplore que trop de défenseurs de la cause palestinienne omettent d’affirmer clairement le droit à l’existence d’Israël et de condamner fermement la politique du Hamas.

Quant à celles et ceux qui assurent que la population israélienne qui vit dans le souvenir de la Shoah devrait plus que toute autre dénoncer le sort fait au peuple palestinien, je leur rappelle qu’à ce jour, même si certains États arabes ou musulmans ont noué des liens diplomatiques et commerciaux avec Israël, les masses palestiniennes, arabes ou musulmanes restent majoritairement hostiles au peuple juif et à son État. Et je repense aussi à cette réponse d’un ami juif auquel je confiais mes réserves concernant la politique israélienne : « Beaucoup disent nous aimer et nous reconnaître. Mais nous n’oublions pas que l’on a laissé déporter et brûler nos grands-parents qui ne faisaient du tort à personne. Tu vois, après avoir subi sans broncher 2000 ans de persécutions, de pogroms et de massacres, notre peuple a fini par comprendre que mieux vaut faire le loup que la brebis, même si cela fait hurler les chiens. »


Alexandra Seren
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