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Le château de la Punta enfin réhabilité !

" Ce bâtiment est à lui seul une leçon d'histoire de l'art " Noël Pinzuti , secrétaire générale de l 'aasociation " les amis du château "
Le château de la Punta enfin réhabilité !

Joyau du patrimoine du Grand Ajaccio et même à l’échelle de la Corse, la célèbre demeure de la famille Pozzo di Borgu, fermée depuis 1978 fait l’objet d’une réhabilitation par des architectes des bâtiments de France. Débuté en septembre 2020, les travaux vont s’étaler sur plusieurs années pour un coût total de 4,502 millions d’euros. Objectif d’ici trois ans, l’ouverture au public avant son utilisation vraisemblablement dans un but culturel et patrimonial…


Du haut de cet édifice, ce ne sont certes pas 2000 ans d’histoire qui nous contemple mais bien cinq siècles, voire plus si l’on tient compte de vestiges encore plus anciens.
Édifié en 1891 par la famille Pozzo di Borgu à partir de pierres provenant des Tuileries et rachetées en 1883 par l’un d’eux, le château de la Punta est, en effet situé en plein coeur d’un site de 40 hectares où l’on retrouve les vestiges d’un village médiéval. Avec vraisemblablement, une présence beaucoup plus ancienne qui reste à découvrir.
La tour qui le surplombe atteste, elle, d’une présence bien antérieure au château. Les héritiers de Carlu Andria devaient selon les volontés de ce dernier, « bâtir sur la terre de leurs ancêtres, une demeure en relation avec la fortune qu’il leur laissait... » Ce qui fût fait après huit ans de travaux, l’apport de pierres des Tuileries, de pierres de Provence. Pour donner naissance à une bâtisse édifiée sur six niveaux (deux sous-sols, un rez-de-chaussée, un étage et des combles), une superficie de 2500m2 et plus de 20 mètres de haut.. Un édifice moderne pour l’époque tant dans ses techniques de construction que dans le confort qu’il offre. Et un ensemble à l’architecture remarquable...


Une première étude de diagnostics en 2017

Le site appartient, aujourd’hui à la Collectivité de Corse. La ferme située sur la route départementale, la maison sur la route du château, la chapelle en contrebas de celui-ci et la tour médiévale sont propriétés des descendants Pozzo di Borgu, notamment le comte Philippe immortalisé à l’écran dans le film « Les intouchables ». Fermé en 1978 après un incendie qui avait ravagé la toiture, fragilisé les planchers et mis à mal les décors, le bâtiment, devenu propriété du Conseil Général de la Corse-Du-Sud est resté longtemps abandonné, il est aujourd’hui très endommagé. Le dossier est ouvert en 2017 sous la présidence départementale de Pierre-Jean Luciani. Ce dernier lancera, le premier, une étude de diagnostics afin d’entamer des travaux de réhabilitation. Avec la Collectivité Unique en janvier 2018, la CdC devient propriétaire et reprend les études. Les travaux ont finalement débuté en septembre 2020, ils concernent la première tranche qui se caractérise par la mise en sécurité des escaliers et des chapiteaux qui étaient entrain de s’écrouler ainsi qu’une partie des abords. Le tout devrait être achevé d’ici la fin de l’année pour un coût d’1, 6 million d’euros. Votée dans le cadre du PEI, la deuxième tranche de travaux suivra. Elle comprend la façade Sud, les menuiseries de l’ensemble du premier étage et la fontaine pour un total de 3 millions d’euros.
Pierre-Antoine Galtier, architecte en chef des monuments historiques, dirige la manœuvre avec, à ses côtés, pour le suivi du chantier Pauline Benielli, une architecte ajaccienne spécialisée dans le bâti ancien. Objectif, rénover le bâtiment entièrement à l’identique. Classé au titre des monuments historiques depuis 1977, et fermé un an plus tard, le château des Pozzo di Borgu pourrait rouvrir ses portes au public après quarante ans. Une manière, en même temps, de réhabiliter la mémoire ce lieu, joyau du patrimoine insulaire.
« Ce bâtiment est à lui seul une leçon d’histoire de l’art »


Que représente ce projet de réhabilitation du château de la Punta pour votre association ?

Il devrait mettre un terme à des années de lutte pour préserver ce patrimoine très important au niveau de la micro-région, du Grand Ajaccio et de la Corse. On peut déjà mesurer outre la qualité du travail, toute l’architecture du bâtiment la richesse des sculptures. Maintenant que la façade nord est achevée, on peut admirer les détails de ces décors (linteaux, corniches, frises…). Ce bâtiment est à lui seul une leçon d’histoire de l’art


Les travaux vont se poursuivre sur plusieurs années. Quelle utilisation pourrait-ont ensuite envisager ?

Il serait intéressant, tout d’abord, de songer à la réouverture au public. Le décor d’ensemble du château et surtout les pièces de prestige du rez-de-chaussée pourraient servir de cadre à des expositions susceptibles de montrer à quel point l’histoire des Pozzo di Borgu et celle du château sont liées à celle des Bonaparte. Ce point de rencontre entre l’histoire locale, l’histoire de France et l’histoire de l’Europe est un thème qui pourrait être exploiter à travers une exposition permanente. On peut aussi imaginer des résidences d’artistes, un musée, un centre de recherche...Nous avons de nombreux projets depuis la création de l’association...Mais l’édifice appartient à la CdC, c’est à elle de définir l’avenir du château. En tout cas, la qualité du site et du bâtiment une fois entièrement réhabilité justifient pleinement cette réouverture.


Autre lien important, la réhabilitation de la mémoire de Carlu Andria Pozzo di Borgu.

C’est le grand personnage de la famille et dans l’histoire diplomatique de l’Europe de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, sa renommée rejoint celle de Napoléon dont il fut l’adversaire privilégié. C’est la grande histoire qui nous concerne tous et qui nous intéresse d’autant plus qu’elle puise ses racines dans la Corse profonde.


L’antagonisme entre Napoléon et Carlu Andria ?

Carlu Andria Pozzo di Borgu est un personnage phare de sa période. Il a réussi à convaincre Louis XVIII de revenir s’asseoir sur le trône. Bien que considéré comme un traître à la nation française de l’époque, il avait en réalité des conceptions quant à la place de la France en Europe qui était différentes de celles de Napoléon. Et quand deux personnalités aussi fortes s’affrontent, il n’y a pas de place pour les deux. Il y a tout de même eu entre les deux familles, des liens d’amitié, d’affection et de parenté très forts jusqu’à cette coupure à cause de ce combat titanesque entre les deux. On a dit de Napoléon qu’il était l’enfant chéri de la Révolution, certains prétendent même qu’il y a mis un terme de façon prématurée et c’est vrai qu’il a conforté, pour l’essentiel, les grandes conquêtes de la Révolution Française. Carlu Andria voyait, pour sa part, un autre avenir politique pour la France de son époque, monarchiste et conservateur. L’aventure européenne de Napoléon a abouti à la défaite militaire et politique et l’histoire a suivi, depuis, un autre cours.


Réhabiliter le château de la Punta, n’est-ce pas, en même temps, réhabiliter un pan de l’histoire de la microrégion ?

Pozzo di Borgu est à la fois un nom géographique et l’appellation éponyme du village primitif qui a pré-existé au village actuel d’Alata. En même temps, le village a été un refuge menacé par les barbaresques. On touche, ici, à l’un des éléments importants de l’histoire de la Corse. Tout cela est relié aux Pozzo di Borgu. Carlu Andria est né à Alata et mort à Paris. Les liens à la fois historiques et patrimoniaux entre Alata, le château, la micro-région et l’agglomération ajaccienne forment un ensemble que l’on peut relier aux Milelli, plus grande propriété des Bonaparte, située à une distance relativement courte du château de la Punta. Nombreux sont ceux qui planchent sur la desserte de ce lieu, on évoque notamment une desserte par téléphérique. Quel lien plus extraordinaire que celui-ci pour réunir l’histoire de Napoléon et Carlu Andria ?
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