• Le doyen de la presse Européenne

Vers une France fédérale ?

Que faut-il entendre par autonomie ?

Vers une France fédérale?

Le problème soulevé par les déclarations du ministre de l’intérieur en Corse qui semble admettre la transformation de ce territoire, partie intégrante de la République, en région autonome à l’instar de la Polynésie ou de la Nouvelle Calédonie, est à la fois vaste et en même temps difficilement déchiffrable.Que faut-il entendre par autonomie?



Sans vouloir insister sur le caractère parfois approximatif des déclarations du pouvoir dans leur généralité, la notion-joker du « en même temps » autorisant bien des contradictions sinon des incohérences, il faut relever qu’il s’agit là d’un véritable tête-à-queue de la politique suivie jusqu’alors.

Depuis sa prise de fonction, le Président Macron avait fait montre d’une verticalité « jupitérienne » qu’avaient illustrées la pantomime Napoléonique du carré du Louvre d’abord le jour de son intronisation, puis la visite du tombeau de l’Empereur aux Invalides offerte au President Trump lors de sa visite en France. L’inflexibilité césarienne du monarque ne s’était en somme écornée qu’avec sa réticence à célébrer solennellement le bicentenaire de la mort de Napoléon le 5 mai 2021, par peur du qu’en dira-t-on wokard susceptible de susciter un vote noir éventuel, actuellement chauffé dans la détestation des gloires françaises à la suite du ministre Colbert.

Rappelons qu’au sortir de la guerre de 1914/1918 le Marechal Foch, lui, n’avait pas hésité le 5 mai 1921 à venir aux Invalides célébrer le Grand Homme en lui dédiant le fruit de la victoire. Autres temps, autres hommes…

En bref, l’autonomie semble un retour aux valeurs de l’Ancien Régime et à ses provinces, plus qu’à l’ordre territorial voulu par la France révolutionnaire et impériale que nous avons connu jusqu’alors. Pourquoi pas?

Ce glissement entraînera immanquablement les autres régions tentées de recouvrer leurs identités et leurs coutumes, et ce n’est pas un mal. Ainsi que le disait Voltaire : « Il n’est donné à personne de se tromper toujours ».

Qui ne souhaite retrouver l’Alsace et la figure débonnaire et réjouie de l’Oncle Hansi, plutôt que cet agglomérat pâteux du Grand-Est, qui ne sert qu’à compresser les formes issues d’une immigration mal conduite. Qui se satisfait des Hauts de France quand il y avait jadis les Flandres et l’Artois entre autres pays d’origine ! Oui l’idée peut séduire. La France ne fait plus la guerre à l’Europe, elle la compose. La centralisation était une technique de gestion et de commandement d’une nation en guerre précisément.

Le continent européen occidental ayant opté pour la collaboration et l’amitié, la règle de gestion des peuples qui le composent se doit d’être en conséquence harmonisée et unifiée. De l’Allemagne à l’Espagne en passant par l’Italie, l’autonomie des provinces étant la règle, il paraît logique que la France libère le corset qui enserrait les siennes. Mais il faut dire où l’on va. Le système que l’on propose d’accorder à la Corse prend son sens dans une architecture générale qui prévoit de l’étendre au reste de la nation. Les bénéfices à attendre d’une telle réforme, tentée il y a déjà plus de cinquante ans par le Général De Gaulle sous le nom de régionalisation sont évidents quand on s’interroge aujourd’hui sur la nature de l’identité française. Donnons à tous nos territoires la maîtrise de l’immigration et de la propriété du foncier, le résultat ne saurait être pire que ce qui se passe aujourd’hui.

S’il a fallu un drame encore inexplicable, inexpliqué en tous cas, pour déclencher cette démarche, il convient d’en faire un élément de progrès, pour que la suggestion du ministre ne soit pas qu’une concession mais surtout un projet.

Pour sortir de l’ambiguïté il faut donc oublier toute arrière pensée électoraliste et associer la nation entière à ce grand retournement, fertile peut-être comme il a été dit, d’une reprise en main décisive de la gestion des flux migratoires, seule garante du maintien de la civilisation que l’on connait. J’ai cité l’Alsace.

Qui ne peut s’émouvoir, au vu du troc fait par impéritie, frousse et dogmatisme outrancier de l’image projetée par les réseaux hertziens de voitures qui flambent dans les rues de Strasbourg la nuit de la Saint-Sylvestre, au lieu de celle des jardins fleuris et des maisons à colombage d’autrefois ? Décentraliser n’est pas suffisant, il faut rapatrier la défense des valeurs de la beauté et de la tradition au coeur même de qui les vit.

Mais cette reforme n’aura un sens que si elle s’accompagne d’une refonte de nos institutions en profondeur, en remplaçant la verticalité d’hier par un système combinant les attributs régaliens de l’état, au premier chef la défense et la santé, avec la démocratie locale, à l’image de la confédération helvétique.

Il faut introduire le referendum à l’échelle de la province/région. Aucune décision ne doit pouvoir être prise par l’autorité centrale sans avoir été votée localement, et il doit pouvoir être procédé à des votes sur initiative populaire afin de respecter la personnalité et l’identité des peuples régionaux composant le peuple français.

A cette condition l’Europe peut exister sans détruire mille ans de son histoire comme certains farfelus le proposent. La France n’est pas née avec la Révolution, mais au baptême de Clovis à la fin du Vème siècle ou au testament de Charlemagne en 843. Rappelons qu’elle avait déjà plus de mille ans en 1789.

Le sérieux de la proposition du ministre se lira aux réponses apportées à ces thèmes de réflexion. Il ne s’agit guère moins que de restaurer la réalité du pays par l’entretien et la sauvegarde de ses racines.

Cette question est cruciale pour la Corse qui refuse obstinément le principe de la substitution des cultures par le transfert des populations.

La Corse est devenue française moins par la conquête armée que par le don qu’en a fait à la révolution Pascal Paoli accompagné de son compatriote Mirabeau également corse par ses origines.
La Corse fut apportée pour qu’elle fût protégée et non pour qu’elle fût détruite par l’irrésolution des ses dirigeants et les flux migratoires.

C’est là la question principale que se poseront également les autres provinces.
Y-a-t-il un risque d’éclatement de la France à terme?
Ce n’est pas d’un maître dont les peuples ont besoin mais d’un protecteur en l’occurrence face à l’enjeu de la mondialisation.

La paix dépendra de la réponse.



Jean-François Marchi




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