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Les discussions avec Paris : un anesthésiant puissant ou une chance pour la Corse ?

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Les discussions avec Paris : un anesthésiant puissant ou une chance pour la Corse ?


Jean Guy Talamoni a déclaré au Point que "Paris menait en Corse un processus d'anesthésie", propos à peu près similaire à ceux la seule élue de son mouvement à l'Assemblée de Corse et, à ce titre, présente aux discussions, Josepha Giacometti-Piredda. Voici donc Gilles Simeoni, seul du camp nationaliste à défendre un processus, que ses frères ennemis cherchent à détruire pour simplement continuer à exister. Car, si ce n'est en invoquant une indépendance comme des religieux rêvent du paradis, ils ne proposent rien et oublient au passage qu'ils ont été eux aussi dans la majorité sans grands résultats.

Gilles Simeoni ou rien ?


Il serait bien naïf de croire que les clandestins ont cessé de hanter les nuits corses par pure réflexion politique. Ils étaient parvenus au bout de leur propre processus. L'affairisme avait gangrené leurs rangs. Ils ne parvenaient plus à recruter. Faire plier l'État grâce à quelques dizaines d'explosion ? Allons donc. La vérité est que le nationalisme soft l'avait emporté et que les quelques rassemblements pour les prisonniers n'attiraient plus que les familles et quelques militants chenus et usés. Gilles Simeoni lui-même ne l'a pas emporté grâce à un programme mais sur une prestance personnelle et l'idée qu'avec l'autonomie il incarnerait peut-être une relève moderne au clanisme.
Je l'ai déjà écrit : les nationalistes modérés ont été élus grâce à un socle électoral historique mais qui nécessitait un apport pour percer le plafond de verre. La carte électorale démontre qu'un nombre conséquent de "nouveaux arrivants" ont voté pour eux parfois excités par le sentiment de faire partie de l'aventure identitaire, parfois par désir de changement et parfois par intérêt. Ce sont ces quelques pour cent qui ont fait la différence sur fond de paysage classique dévasté. Mais désormais qu'on le veuille ou non, Gilles Simeoni représente la légitimité démocratique en Corse et il est tout à fait à sa place quand il négocie avec le gouvernement.

Mais au fait que négocient-ils ?


Le ministre de l'intérieur a adopté une attitude tout à fait surprenante puisqu'il a proposé à Gilles Simeoni de mettre sur la table son projet. ""On va le "challenger", et puis on y mettra les moyens budgétaires, fiscaux, normatifs, pour rendre la Corse plus autonome". Les termes sont importants. Il dit "plus d'autonomie" et non pas "autonomie". Il parle de "challenger" Simeoni c'est-à-dire de le guider mais aussi de le contrôler. Auparavant, il avait tenu à être précis : si la Corse devient "autonome" (on ne sait toujours pas ce que cela signifie précisément), elle devra ensuite se débrouiller seule avec un budget inamovible pour traiter les questions de santé, de transport, de retraites. Redoutable pari pour une majorité nationaliste qui, pour l'heure, n'a pas administré la preuve de son talent gestionnaire après des années et des années de gestion.
Qu'en serait-il si ses responsabilités touchant aux domaines essentiels ci-dessus énoncés ? Sait-on que la Collectivité n'a toujours pas réussi à établir son organigramme ? Bref, Talamoni et les siens ont en effet des raisons de s'inquiéter. Mais ils ne le font pas pour de bonnes raisons. Gageons que s'ils avaient obtenu les places qu'ils désiraient ils défendraient de mordicus les mêmes revendications que Gilles Simeoni.

Pour le bien de la Corse et surtout des Corses


Les représentants légitimes de la Corse sont en discussion avec le représentant de l'État. On ne peut que leur souhaiter de réussir. Avoir une autre attitude, sans d'ailleurs proposer quoi que ce soit qui tienne la route, serait tout simplement irresponsable. On peut cependant rester méfiant et des propositions de l'état et des capacités de l'actuelle majorité à savoir gérer une île autonome.
Concernant les marges de manœuvre de l'état, il faut reconnaître qu'elles sont bien minces. Fin octobre, le président Macron va lancer une réforme des retraites qui, dans le contexte actuel, risque fort de se solder par un cuisant échec. Sera-t-il alors capable de faire passer une audacieuse réforme des relations avec la Corse qui pourrait bien faire boule de neige ? Plus encore que pour les retraites, ça serait la défaite assurée. Je ne serai pas de ceux qui accableront Gilles Simeoni qui aura tout fait pour parvenir à ses fins.
Mais quelle sera sa situation si échec il y a ? Pas brillante en vérité. Mais relativisons : dans le capharnaüm qu'est aujourd'hui la situation planétaire, nous ne sommes qu'un filet de larmes dans un océan d'inquiétude. Pourquoi la Corse échapperait-elle à cette dérive générale des continents ? Donc, on continue, on espère et surtout on cherche à améliorer localement la situation des plus malheureux.

GXC
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