Paoli, réveille- toi, ils sont devenus fous
A peine sortis de terre que déjà ils se déchirent
Paoli, réveille-toi, ils sont devenus fous
À peine sortis de terre que déjà ils se déchirent. Le groupe clandestin GCC n’est pas seul. L’unique en a donné deux. L’animal possède deux têtes qui se dénoncent. La première GCC use d’un langage châtié et signe Republica corsa. La seconde constelle son communiqué de fautes d’orthographe et de syntaxe. La première menace de mort la seconde. Et toutes deux affirment vouloir le bonheur de la Corse.
Un côté brouillon
Les attentats signés GCC ont presque tous eu lieu dans la région ajaccienne. Une fois et une seule, l’un de leurs communiqués (toujours non authentifiés) a fait allusion à l’incarcération de Charles Pieri, signe que ça n’est pas là leur préoccupation. Le plus analphabète des deux a demandé au FLNC-vechju de l’accueillir dans ses rangs. L’autre revendique son indépendance pleine et entière. Difficile de parler de ligne politique tellement leurs actions sont désordonnées avec cependant un semblant de ligne de conduite : la lutte contre la spéculation foncière et des élus dans le viseur. Et puis désormais ce qui apparaît est l’attaque frontale contre les maires : Appietto, Afa et Ajaccio à travers l’adjointe au maire, Simone Guerrini dont c'est la demeure familiale qui a été incendiée. Mais il y a aussi eu les menaces contre J-J Panunzi. Mais peut-être est-ce là rechercher encore trop de logique chez des groupes qui ne savent même pas orthographier le nom d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. C’est dire le côté brouillon de ces personnages cagoulés.
Une attaque contre des Corses et contre la Corse
Quels que soient leurs penchants politiques, les maires sont les paliers indispensables pour que vive notre démocratie. Maltraités par le président Macron, mais également par le président Simeoni, ils ont du mal à surnager dans cet océan de centralisme qui caractérise ces deux pouvoirs. En s’en prenant à eux, les clandestins les fragilisent un peu plus. En refusant de condamner les actes commis par la GCC, les groupes nationalistes se sont récemment fait les complices objectifs de cette déviance perverse. Il arrive un moment où il faut savoir choisir et donc trancher quitte à déplaire.
Et demain ?
Demain, des informations anonymes vont vraisemblablement arriver sur le bureau des policiers antiterroristes et des arrestations seront pratiquées provoquant le soulagement de la population corse, nationalistes compris. Car, dans notre île, les vieux seigneurs de guerre n’ont vraisemblablement pas apprécié leur remise en cause par une jeunesse qui, visiblement, ne possède pas le savoir-faire des anciens fut-ce par exemple pour la revendication. Car qui empêche ces groupes d’authentifier leurs actions au moyen d’un canal tout bête à fabriquer ? Vraisemblablement un manque d'organisation du fait d'une nébuleuse d'acteurs. Lorsqu’ils seront arrêtés, ces jeunes gens (ou supposés tels) deviendront des « prisonniers politiques » enclenchant des campagnes de solidarité qui réuniront les amis et les parents. Et on recommencera sans que rien n’ait réellement bougé.
Les enjeux d’un avenir proche
Il devient urgent de construire plutôt que de détruire ou de s'agiter dans un surplace démoralisant. L'un des facteurs de violence est l'incohérence du pouvoir régional. Je ne prendrai comme exemple que la préparation actuelle de la DSP aérienne. Alors que l’exécutif parle d’élargir le tarif résident à une fantomatique diaspora, le voilà qui annonce maintenant l'augmentation probable du tarif des résidents de Corse. Et en plus, il va manquer de l’argent à cause du coût du carburant. Bref, on marche sur la tête. Le rêve enfantin des nationalistes se fracasse sur le réel. Et comme ils sont désormais au gouvernail, cela donne un cafouillage terrible et donc le risque d'un retour à la violence. Mais le plus grave est à venir sur les fronts qui promettent toujours plus d’augmentations : les déchets, les transports, l’énergie et désormais l’eau. Et ne parlons pas de l’immobilier qui atteint des sommets, sommets de prix, mais aussi sommets de laideur. Et tout cela très légalement. Le combat n’est plus désormais contre une illégalité somme toute dérisoire, mais bien contre une illégitimité culturelle, sociétale. Ou alors il ne faudra pas s’étonner que pousse comme des champignons après la pluie une multitude de petits groupes moitié politique moitié délinquant, assurant se battre pour l’avenir d’une Corse passive attendant finalement un retour à l’ordre ancien qui au moins dans la mémoire collective (différente de la réalité) préservait la paix.
GXC