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Don Cherottu - Don Quichotte

Un spectacle total en langue corse " Don Cherotte "

Don Cherottu – Don Quichotte
Spectacle total en langue corse


Avec Don Cherotte adapté du Don Quichotte de Cervantès, Jean Pierre Lanfranchi et la troupe, Unità Teatrale, nous offre un spectacle total alliant jeu d’acteurs, musique, polyphonie, marionnettes. Ce Don Cherottu 2025 est le 2 è épisode des aventures du « chevalier à la triste figure » qui marquent les débuts du roman européen.



Des Don Quichotte il y en a eu de nombreux transposés à la scène et sur grand écran. Des héros, qui au fil des siècles ont fait s’esclaffer lecteurs et spectateurs ou qui ont vue en lui un homme bravant les injustices ou qui l’ont considéré comme un personnage complexe, bourré de contradictions ou tel un rêveur – redresseur de torts – convaincu de se battre pour le bien, pour le meilleur de la société. Suivant les périodes les interprétions de la personnalité de Don Cherottu ont été variées et variables. Mais toutes peuvent se mêler, s’associer, se marier pour autoriser un spectacle imprégné de liberté… alors les différences et divergences d’appréciations du héros de Cervantès viennent s’additionner, se compléter, s’unir…

Dans le second épisode de Don Cherottu l’accent est mis sur l’amalgame entre réel et imaginaire ainsi qu’il en avait été dans la première partie de 2024, mais en ce second temps il ira jusqu’à affronter l’imaginaire comme lorsqu’il s’en prend aux marionnettes dont il estime qu’elles n’ont pas l’esprit chevaleresque ! Autre aspect marquant : sa rencontre avec le chevalier au miroir dans une séquence qui approche quelque peu de la psychanalyse où le héros est en quête de son moi nimbé de flou et d’incertitudes.

Toute la mise en scène de Jean Pierre Lanfranchi s’efforce de rendre « l’univers de notre hidalgo magique, extraordinaire, fantasmagorique », souligne-t-il. La scénographie d’Alice Delorenzi, extrêmement soignée et riche, ne doit pas forcément être révélée pour ménager bouffées d’étonnements et surprises réservées au public ! Assistante à la mise en scène, Marzia Gambarella est comédienne- marionnettiste. Des marionnettes, qui sont sa spécialité, elle précise qu’elles sont « un outil dramatique très puissant, à la limite entre concret et abstrait, animé et inanimé, vie et non-vie. Actrice, metteuse en scène, pédagogue elle travaille avec maintes compagnies théâtrales en France et en Italie.

Responsable de l’éclairage, Joël Adam a conçu ses lumières pour « donner à entendre le texte ». A la création musicale, Luc Lautrey, qui est professeur au Conservatoire de Corse, assume également la direction de l’Orchestre Henri Tomasi. Sa composition originale du spectacle, Don Cherottu, doit permettre « d’accéder à un espace de liberté » … pour lequel il a libéré pleinement son imagination. Au son, Franck Rossi, spécialiste en la matière, s’est fixé l’objectif de soutenir les émotions et l’histoire de Don Cherottu. A ne pas oublier que la traduction en corse est l’œuvre de Sonia Moretti, poétesse réputée, sensible et généreuse.

Michèle Acquaviva-Pache




Distribution

Michel Scotto di Carlo : Don Cherottu. Aurélien Gabrielli : Sancho la pansa. Aurelia Ferrali : la nièce, la paysanne, la conteuse. Pierre Le Boa : l’étudiant, le paysan, la marionnette de Don Cherottu. Pierre Pascalini : le curé, le barbier, Passamonti. Jordan Large : berger. Elisabeth Dominici : gouvernante. Jean Pierre Lanfranchi : Cervantès. Hassan El Moutaakkif : traducteur de l’arabe.
Le groupe Tavagna.

Dates

Bastia : 16 mai pour les scolaires et 17 mai à l’Alb’Oru.
Calvi : 14 juin.
L’Aria : 8 août.
Porto Vecchio : 4 novembre pour les scolaires et séance tout public.
Corte : 25 novembre.


                              ENTRETIEN AVEC JEAN PIERRE LANFRANCHI


Pourquoi un Don Quichotte-Don Cherottu sur scène maintenant ? Que représente-t-il aujourd’hui ?

Pour moi Don Cherottu est celui qui pose des questions sans en voir l’air. Comme les chevaliers errants dont il a lu les histoires dans les livres de chevalerie son but est de sauver le monde. Dans cet optique il applique dans la réalité ce qu’il a lu d’où un décalage avec ce qui se passe réellement. Le grand intérêt du personnage de Cervantès est d’enclencher une réflexion sur les dogmes qui figent la réflexion et nous emmènent dans un monde qui n’est plus celui de vivant. Voilà du moins ma lecture personnelle de Don Cherottu…


Pourquoi une adaptation théâtrale en trois parties de l’œuvre de Cervantès ?

Je n’aurais pas pu condenser cette œuvre en une heure trente même si je m’étais contenté d’en extraire seulement quelques aventures de l’homme à la triste figure et même si ces extraits nous parlent aujourd’hui. Avant de me lancer dans mon projet j’ai demandé aux élus qui financent ce genre d’entreprises s’ils me suivaient dans ce type de spectacle vivant. C’était indispensable étant donné nos contraintes budgétaires et ma proposition d’une démarche comportant trois parties sur 2024, 2025, 2026. Trois parties correspondantes, dans le livre, aux trois sorties de Don Cherottu : la première où il se fait adouber chevalier ; la deuxième où il ressort d’une épreuve roué de coups et à moitié mort. La troisième où il va mourir pour de bon. Rappelons que Cervantès a écrit le second volume de Don Quichotte à dix ans d’intervalle car entre-temps un plagiaire avait voulu l’imiter en publiant une soi-disant suite des aventures de Don Quichotte qui avait obtenu un immense succès.


Qu’est-ce qui caractérise la deuxième partie jouée en 2025 ?

Don Cherottu a déjà livré plusieurs combats avant cet épisode et Sancho Panza – Sancho la pansa prend de plus en plus de place. Admirateur de son maître ses propos laudateurs envers celui-ci commencent à comporter quelques bribes de philosophie. Cette évolution de Pancho permet de faire remarquer le délire de Don Cherottu qualifié d’enchantement par les romans de chevalerie de l’époque. On peut se demander alors comment est-il possible d’appliquer ses rêves au réel. N’est-ce pas dangereux … Vivre ceux-ci en les transposant à la lettre dans la réalité est-il réalisable … En voulant plus de justice le héros de Cervantès fait certes des erreurs inévitables néanmoins sans altérer sa démarche. Originalité encore en peignant quantité de personnages du plus humble au plus célèbre Cervantès fait preuve de modernité dans son écriture et ça c’est nouveau !


Jeu d’acteurs, chant polyphonique, musique, arts plastiques votre spectacle mise sur toutes les composantes artistiques. Pourquoi avoir également introduit des marionnettes ?

Les marionnettes concentrent à elles seules les arts plastiques par leur conception et leur réalisation. Elles sont là pour aller de la réalité à la fiction car dans la tête de Don Cherottu tout est vrai. Dans son délire elles apportent du réel. Avec elles j’ai vu une bonne manière de passer du réel à la fiction et inversement. J’ajoute que si j’ai choisi de traduire Don Quichotte par Don Cherottu c’est parce que cela reflète bien la notion d’homme cassé qu’est le héros de Cervantès, à qui dans le livre il attribue d’ailleurs plusieurs noms…


Précisez votre approche pour restituer sur scène l’univers contrasté, ambigu de Don Cherottu ?

J’ai demandé aux acteurs de ne pas travailler la psychologie de leurs personnages qui doivent rester ce qu’ils sont dans chaque nouvelle aventure… Sauf lorsque Don Cherottu meurt et qu’il déclare : « Je ne suis plus Don Cherottu ». Toutefois il demeure toujours un homme bon, même lorsque son côté redresseur de torts vire au burlesque.


Das la présentation de votre spectacle vous parlez « d’insuffler du doute au héros. Pour quelles raisons ?

Parce que le doute est constructif, c’est en effet grâce à lui que lorsque la réflexion est en panne, elle se remet en route. Parce que le doute contrarie les certitudes et qu’il devient fertile.


Don Cherotte se bat pour « un meilleur ». Mais il suscite d’abord le rire et ne court-t-il pas à l’échec finalement ?

S’il n’y avait pas de rêveurs, il n’y aurait pas de changements bénéfiques. Ce sont ces rêveurs qui font avancer l’humain. En ce qui concerne Don Cherotte je ne pense pas qu’on puisse parler d’échec. Il gagne, en effet, autant de batailles qu’il en perd. De ses réussites ou de ses revers il plante des graines, qui sans lui ne germeraient pas… Au fur et à mesure on voit – malgré tout –

son idée de justice grandir. Il n’échoue pas en tous cas car il s’attache de nombreuses personnes. C’est là le signe de la grande richesse de sa personnalité.


Le choix de Michel Scotto di Carlo pour interpréter Don Cherottu s’est-il imposé rapidement à vous ?

Oui, même si une interprétation en langue corse représentait à ses yeux une difficulté. Mais j’ai l’habitude de surmonter ce genre de handicap, je l’ ai déjà démontrer. Autre problème pour lui : son texte était énorme à apprendre ! Je dois en outre souligner qu’il a parfaitement compris ce qu’était Don Cherottu et que son interprétation sur scène est excellente. Il a parfaitement saisi l’énergie et le plaisir de vivre de son personnage.


La langue corse ajoute-t-elle une résonance particulière au récit de Cervantès ?

Par le son de la langue corse, par son rythme, par les images qu’elle porte et colorie, on ne peut que constater que notre langue est bel et bien au niveau des autres, qu’elle existe en accord avec la vie.

M.A-P





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