Entre Russie et Ukraine : longue histoire commune et encore des liens
Henri Malosse a récemment livré à la revue de géopolitique Conflits, une vision des rapports , entre Ukraine et Russie,.....
Entre Russie et Ukraine : longue histoire commune et encore des liens
Henri Malosse a récemment livré à la revue de géopolitique Conflits, une vision des rapports, entre Ukraine et Russie et entre Ukrainiens et Russes, qui incite à penser que tracer un chemin vers la paix est plus possible.
Henri Malosse, longtemps Corse de l’extérieur, désormais établi dans l’île, a été le 30ème président du Comité économique et social européen. Il a une grande connaissance de l’Europe de l‘Est. Il parle le Polonais et le Russe. L’intéressé a vécu de près les évènements qui, durant la première partie des années 2010, ont créé les conditions de la révolution de Maïdan (18 au 23 février 2014, Maïdan, grande place de Kiev, affrontements meurtriers entre manifestants et forces de l'ordre ayant abouti à la destitution par le Parlement du président ukrainien considéré être pro-russe, ce qui a contribué au déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine dans le Donbass). Depuis, il ne cesse de plaider pour le dialogue entre les deux pays. Dans un article dont nous livrons ici en partie la teneur (intitulé « Ukraine : sortir de l’impasse »), il a récemment livré à la revue de géopolitique Conflits, une vision des rapports, entre Ukraine et Russie et entre Ukrainiens et Russes, qui incite à penser qu’un chemin vers la paix est plus que .
Contexte historique
Henri Malosse rappelle que Russes et Ukrainiens, depuis les années 1920 et jusqu’à la dislocation de l’URSS en 1991, ont vécu ensemble un destin tourmenté, notamment du fait de l’Holodomor (extermination par la faim, durant sa déportation vers la Sibérie, d’une partie de la population ukrainienne) et de l’engagement de nationalistes ukrainiens aux côtés de envahisseur nazi durant la seconde guerre mondiale. Il souligne aussi que l’indépendance de l’Ukraine a été acceptée par la Russie et ratifiée par un référendum à l’issue duquel le « oui » l’a largement emporté (90%). Ensuite, la transition a été relativement sereine. Mais la « révolution orange » en 2004, a représenté le début d’une division du pays entre « « réformateurs » pro-occidentaux et « conservateurs » nostalgiques de l’URSS. Le Président « réformateur» Iouchtenko, élu en 2005, a recherché l’apaisement. Son successeur élu en 2010, le « conservateur » pro-russe Ianoukovitch, a déclenché une crise fin novembre 2013 du fait de son refus de signer un accord de partenariat avec l’Union Européenne. La colère n’a toutefois pas ciblé Moscou, elle a visé la corruption du régime. Le paroxysme de la crise a été atteint quand l’occupation de la place Maïdan a pris un tour violent avec l’intervention d’éléments extérieurs ayant conduit au renversement de Ianoukovitch et à l’accession au pouvoir des « réformateurs » (d’abord Porochenko puis Zelenski en 2019). Une insurrection séparatiste pro-russe a alors éclaté en mars 2914, dans le Donbass. Jusqu’en février 2022, date du début de l ‘actuelle guerre entre l’Ukraine et la Russie, malgré un cessez-le-feu et une stabilisation de la ligne de front, les combats n’ont jamais vraiment cessé.
Des traits communs
Henri Malosse souligne que de nombreux traits communs ont subsisté entre Russie et Ukraine, entre russes et ukrainiens : nostalgie de l’URSS au sein des anciennes générations, puissance économique et financière d’oligarques, corruption, arrogance des élites, brutalité dans la sphère publique, couples mixtes où chacun parle sa langue mais se comprend très bien car les deux langues sont proche, coexistence des deux langues (en 2014, 50% des Ukrainiens avaient le Russe comme langue maternelle, dans certains secteurs du Sud et l’Est de l’Ukraine, le taux de russophones pouvait être de 90 %). Selon Henri Malosse, la Crimée ne doit pas être mise dans la balance car son rattachement en 1954 à la république d’Ukraine a été artificiel et n’a résulté que d’une ukase de Nikita Khroutchev ; car après la dislocation de l’URSS, les Criméens ont montré peu d’enthousiasme à être maintenu au sein de l’Ukraine ; car l’Ukraine a dû envoyer des troupes dans la péninsule pour prévenir des initiatives sécessionnistes ; car en 2014, quand la Russie a fomenté une sécession visant à ramener à elle la Crimée, la population, les parlementaires et l’Exécutif de Crimée ont opté pour Moscou (la principale opposition est venue de la population tatare).
Alexandra Sereni
Photo : Creative Commons, dn.gov.ua.