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FLNC face aux drones et à l'IA : la fin du maquis

Une organisation clandestine comme le FLNC, née dans les années 1970, n’aurait aujourd’hui aucune chance de survivre.

FLNC face aux drones et à l’IA : la fin du maquis

La guerre en Ukraine et le conflit à Gaza révèlent une mutation militaire radicale. Drones tueurs, algorithmes de ciblage, surveillance de masse : l’ère de la guerre robotisée a commencé. Et ses implications dépassent largement le champ de bataille. Pour la Corse, elles signifient une chose claire : une organisation clandestine comme le FLNC, née dans les années 1970, n’aurait aujourd’hui aucune chance de survivre.

La guerre robotisée, miroir d’un monde transparent

« Ce que l’on voit en Ukraine et à Gaza, c’est la fin de l’invisibilité », observe un officier supérieur français spécialiste de la guerre électronique. « Tout mouvement, tout signal, toute silhouette devient détectable. Même les montagnes corses, longtemps perçues comme un sanctuaire, ne protègeraient plus personne. »

Ukraine : le règne des drones intercepteurs

En Ukraine, 70 à 80 % des pertes sont causées par des drones aériens. Certains repèrent la chaleur corporelle d’un soldat caché, d’autres frappent à trente kilomètres de distance grâce à un câble optique. Les intercepteurs guidés par IA apprennent en temps réel, rendant toute tentative de dissimulation éphémère.
Un ancien gendarme corse résume : « Un campement dans le maquis, un véhicule abandonné ou même une présence humaine isolée : tout cela serait immédiatement repéré. »

Gaza : l’algorithme qui tue et la cagoule transparente

À Gaza, l’intelligence artificielle est devenue une arme de désignation. Les systèmes compilent téléphones, trajets, visages filmés par caméras pour produire des cibles. Là où il fallait autrefois des semaines de filature, quelques minutes suffisent aujourd’hui.
« C’est l’industrialisation du ciblage », explique un chercheur en sécurité internationale. « On n’a même plus besoin de voir la personne à visage découvert : l’IA recoupe ses signaux numériques et détermine qui elle est. » Le FLNC a longtemps cultivé l’image du militant cagoulé, lisant son communiqué dans la nuit corse. Mais ce symbole appartient à un autre âge. « La cagoule n’est plus une protection », tranche un analyste. « Les algorithmes de reconnaissance ne dépendent plus uniquement du visage. Ils utilisent la démarche, la taille, les mouvements, la localisation téléphonique. Même masqué, vous êtes identifiable. »

La Corse, île quadrillée

Insularité et relief protégeaient autrefois les clandestins. Aujourd’hui, ils deviennent un piège. Les ports sont sous vidéosurveillance, les routes équipées de capteurs, les ferries et avions connectés aux bases de données. Un silence numérique attire lui-même l’attention : celui qui n’utilise ni téléphone ni Internet devient suspect et traçable par défaut.
« La clandestinité suppose l’ombre. Or la Corse est désormais transparente », affirme un magistrat antiterroriste.

Le renseignement, de la filature au big data

Dans les années 1980, la traque d’un militant impliquait filatures patientes, indicateurs et écoutes laborieuses. Aujourd’hui, la police et la gendarmerie s’appuient sur des systèmes de corrélation automatique. Les logiciels de renseignement croisent plaques d’immatriculation, données bancaires, signaux téléphoniques et images de caméras en quelques secondes. Là où un enquêteur devait recomposer le puzzle à la main, l’IA assemble l’image instantanément.
En clair : même sans attentat, même sans revendication, l’existence même d’un réseau clandestin serait révélée avant sa première action. Aujourd’hui, les mêmes montagnes qui offraient des cachettes deviennent des pièges thermiques. Le maquis n’est plus une zone d’ombre, mais une carte pixelisée en permanence. Le romantisme des nuits corses, des grottes cachées et des communiqués tapés à la machine, s’efface devant une réalité implacable. Un drone armé peut repérer une source de chaleur dans une bergerie, l’IA peut identifier un trajet répété, les métadonnées téléphoniques dessinent un réseau invisible. Le clandestin est réduit à un signal, immédiatement exploitable et éliminable.

Ce qui était possible hier ne l’est plus aujourd’hui

En Ukraine, aucun mouvement n’échappe au quadrillage robotisé. À Gaza, aucun individu ne survit à l’œil algorithmique. Transposée à la Corse, cette double leçon est sans appel : un FLNC moderne ne pourrait plus exister. Les cagoules ne masquent plus rien, les montagnes ne protègent plus personne, le maquis n’est plus un refuge.
La guerre algorithmique a effacé l’ombre, et avec elle la possibilité même de la clandestinité. Pour la Corse, l’histoire du FLNC appartient désormais au passé : dans un monde de drones et d’intelligence artificielle, il n’y a plus d’invisible.



GXC
illustration : D.R
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