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Parolla Viva, 18 – 22 novembre 
« Vivre avec l’Intelligence Artificielle »

Une initiative pour comprendre et maîtriser l’IA

Parolla Viva, 18 – 22 novembre


« Vivre avec l’Intelligence Artificielle »


Une invention fascinante et inquiétante
L’intelligence artificielle. Une sorcière ? Une fée ? L’IA, une nouveauté qui n’est pourtant pas née de la dernière pluie, mais qui connaît aujourd’hui un développement fulgurant. Faut-il la craindre, la redouter, la refouler comme une étrangère douteuse, comme un métèque perfide ? Ou bien la célébrer et l’accueillir à bras ouverts, comme annonciatrice de progrès, comme rempart contre l’ignorance ? De tout temps, l’inconnu a suscité la méfiance de l’espèce humaine, jusqu’à ce qu’elle parvienne à le dompter. À l’apprivoiser. En sera-t-il de même pour l’intelligence artificielle ?

Une initiative pour comprendre et maîtriser l’IA



L’association Parolla Viva, dirigée par Raoul Locatelli, convie le public bastiais à assister à trois conférences données à l’amphithéâtre du lycée Giocante de Casanova afin d’être mieux armé face à l’expansion faramineuse de l’IA dans notre société. Pouvoir et savoir maîtriser ce phénomène est indispensable. Essentiel.
Entre promesses et dérives technologiques
Dans sa boîte à malices, l’IA recèle des avancées phénoménales. Utile, très utile dans la santé, l’éducation, l’environnement. Nuisible, très nuisible lorsqu’elle transporte dans sa gibecière des possibilités de manipulation de l’information, des trucages permettant de faire dire à des images le contraire de ce qu’elles montrent, ou des extravagances lorsqu’elle habille sa majesté papale d’une doudoune ou expose en petite tenue des personnalités alertant sur les menaces climatiques ou sanitaires. Autre domaine où l’IA excelle : les fake news et leur cortège de poisons.

L’humain au cœur du processus

L’intelligence artificielle n’est pas le fruit d’une génération spontanée : c’est l’intelligence humaine qui la fabrique et, tout au long de son processus d’élaboration, ne doit pas oublier de la corriger et de la stimuler. Ne rapporte-t-on pas que, pour qu’une IA reconnaisse un chat, des milliers d’hommes et de femmes doivent lui décrire des milliers de photos de chats ? L’intervention humaine est obligatoire, à toutes les étapes.

Les artisans de l’ombre


Les inventeurs ne sont pas seuls à la barre. Dans l’ombre œuvrent des annotateurs, des personnes entraînées à poser de bonnes questions pour que ChatGPT puisse répondre avec justesse. Ces petites mains retouchent les contenus indésirables, vecteurs, par exemple, de théories du complot ou d’extrémisme. L’IA, au fond, ne fait que copier notre cerveau. Sa prouesse est de restituer en une fraction de seconde tout ce qu’elle puise, collationne et coordonne dans le stock de nos connaissances. Elle imite. Insensible à nos émotions, à nos affects, à notre empathie.

Un outil puissant qui exige l’éthique


Certes, l’IA est un atout incontestable si l’on en connaît les limites d’utilisation. Reste à ne jamais occulter l’éthique.

Michèle Acquaviva-Pache

Le programme
« Vivre avec l’IA » s’ouvre avec le film Her de Spike Jonze, le 18/11 au Studio à 18 h.
La manifestation se clôt avec le one-man-show d’Albert Meslay, le 22/11 à la salle polyvalente de Piazza à 18 h. Ce spectacle, Je me connecte, est une création pleine d’humour.
Le 19/11 à 18 h, à l’amphithéâtre du lycée Giocante de Casanova de Bastia : conférence « L’intelligence artificielle : mythes et réalité » par Luc Julia, figure emblématique de l’innovation numérique.
Le 20/11 à 18 h, même lieu : conférence « L’IA et la création artistique » par Alexandre Gefen, du CNRS et critique.
Le 21/11 à 18 h, même lieu : conférence « Comment l’IA transforme-t-elle nos esprits et nos sociétés » par Anne Alombert, philosophe.


ENTRETIEN AVEC RAOUL LOCATELLI DE PAROLLA VIVA


À quel public s’adressent les trois conférences que vous programmez ?


Nous sommes une association d’éducation populaire qui s’adresse aux citoyens désireux d’en savoir plus sur ce qui les entoure. Cette session de novembre est aussi une manière de prolonger l’action de Virginie Cervoni-Locatelli, pilier des Musicales de Bastia pendant trente ans et de Parolla Viva. Notre but, avec ce cycle de conférences, est de permettre au public de découvrir et d’apprendre à se servir de cet outil qu’est l’IA.

Comment avez-vous choisi vos conférenciers ?


La notoriété de certains, comme Luc Julia, co-inventeur de Siri, partagé entre la Silicon Valley et l’Europe, nous a paru une bonne piste. Un des membres de notre association, qui a suivi son travail et lu tous ses livres, nous l’a d’ailleurs chaudement recommandé. Luc Julia a intitulé sa conférence : « L’intelligence artificielle : mythes et réalité ».
Notre deuxième conférencier, Alexandre Gefen, du CNRS et critique, interviendra sur l’IA et la création artistique. Enfin, Anne Alombert traitera d’une question préoccupante : « L’intelligence artificielle transforme-t-elle nos esprits et nos sociétés ? »
À votre programme, vous avez également inscrit un film et un spectacle. Est-ce pour aider à la réflexion ?


Her, du cinéaste étatsunien Spike Jonze, sorti en 2014, était prémonitoire puisqu’il met en scène un homme, reclus dans son appartement, qui n’a plus pour confidente et âme sœur qu’un robot. Le spectacle est un one-man-show de l’humoriste Albert Meslay dont le propos rejoint notre démarche. Il s’intitule Je me connecte !. C’est une création au ton surréaliste et grinçant, spécialement conçue pour Parolla Viva.

Les thèmes des conférences ont-ils été retenus avec les conférenciers ?


Oui, ils sont le fruit de dialogues et de discussions, ne serait-ce que pour varier les angles d’approche. À la question « Qu’est-ce que l’IA ? », Luc Julia répond de manière lapidaire et pourtant éclairante : « Une boîte à outils. » Il insiste sur le fait que l’IA n’est pas semblable à l’intelligence humaine, mais qu’elle est produite par l’homme.
Sur l’IA et l’art contemporain, Alexandre Gefen la réduit à la reproduction, au répétitif. Pour Anne Alombert, l’IA a des effets positifs et négatifs : positifs dans les domaines de la santé et de l’éducation ; négatifs quand elle entraîne la suppression de métiers et de savoir-faire, comme le doublage au cinéma ou le dessin d’animation.

Pourquoi évoque-t-on si souvent les dangers de l’IA ?


Parce qu’à l’instar de toutes les nouveautés qui ont jalonné l’histoire de l’humanité, l’IA suscite des peurs que l’on peut surmonter une fois l’invention apprivoisée. Parce que l’intelligence artificielle souffre de préjugés négatifs, souvent dictés par la science-fiction hollywoodienne. Parce qu’elle peut devenir facteur d’exclusion si son usage n’est pas généralisé, ce qui est encore le cas.

Où peut-on acquérir le bon usage de l’IA ?


D’abord, il faut rejeter mythes et fantasmes qui entourent l’IA et garder le contact avec la réalité. Il est capital de se rappeler que c’est l’humain qui a créé l’intelligence artificielle et que l’éthique doit demeurer la référence majeure. Face à toute découverte scientifique, on doit pouvoir affirmer : au nom de l’éthique, je ne me servirai pas de l’intelligence artificielle dans tel ou tel domaine.

En matière artistique, est-il toujours facile de distinguer une œuvre humaine d’une œuvre produite par l’IA ?


Je reconnais que pour le commun des mortels, ce n’est pas toujours évident. Il faut du recul, des connaissances et un sens critique pour juger si l’IA ne fait que déblatérer.
Si l’on se met à recourir à l’IA pour tout, n’importe quoi, n’importe comment, n’y a-t-il pas un risque que tout le monde pense pareil ?
Il y a effectivement un risque d’uniformisation, de formatage des mentalités. C’est un danger si l’on ne se laisse pas le temps de réfléchir par soi-même et si l’on oublie tout esprit critique.

L’IA peut-elle provoquer un repli sur soi et une coupure du monde ?


Absolument. Le film Her le montre bien, et en cela il était prémonitoire dès sa sortie en 2014. À l’inverse, je vois des jeunes de mon entourage qui se servent de l’intelligence artificielle à bon escient, d’autant que les lycées ne demandent plus de devoirs à la maison, mais des travaux en classe.

Propos recueillis par M. A.-P.
photos : Editeurs et Raoul Locatelli
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