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Restaurants fermés " Nous sommes en train de mourir à petit feu "

Fermés en France depuis fin octobre en raison de l'épidémie de la COVID_19, quelques restaurants ont ouvert symboliquement leur établissements le 1er Février.
Restaurant fermés : « Nous sommes en train de mourir à petit feu »

Fermés en France depuis fin octobre en raison de l’épidémie de la COVID-19, quelques restaurateurs ont ouvert symboliquement leur établissements le 1er février. Nathalie Vicens propriétaire du restaurant « L’Ailleurs Café » en fait partie. En dépit des mesures gouvernementales qui imposent une fermeture totale, la commerçante affirme lancer « un appel au secours. »


Le premier jour du mois de février a été une date symbolique pour Nathalie Vicens. Restauratrice, elle a décidé d’ouvrir son commerce pour faire entendre sa voix et celle de l’ensemble des restaurateurs. Depuis de nombreux mois, ces derniers subissent, entre autre, les conséquences de la crise sanitaire avec la fermeture totale des bars et restaurants. « J’ai mené cette action dans le cadre du mouvement de « désobéissance civile » initié par un restaurateur du continent », contextualise la commerçante qui précise néanmoins que son ouverture ne doit pas être perçue comme une provocation. « Je préfère le terme « d’appel à l’aide » que celui de « désobéissance civile ».
Il ne s’agit pas d’un affront envers le gouvernement mais de montrer qu’il existe des solutions pour que nous puissions ouvrir dans de bonnes conditions. Nous sommes en train de mourir à petit feu et cela n’a pas l’air d’éveiller une prise de conscience de la part de l’État
», déplore-t-elle.

                                            « les gens sont moins en danger que dans un métro ou au marché »


En accueillant des clients à l’heure du déjeuner Nathalie a voulu montrer qu’il est possible de travailler tout en préservant la sécurité de ces derniers, assurant que « les gestes barrières et toutes les mesures nécessaires sont scrupuleusement respectés ». Gel sur les tables, port du masque, distances de sécurité et une clientèle limitée. « Nous n’étions qu’une demi-douzaine d’amis et personne n’a payé. Je ne fais pas ça pour l’argent. Le but est de prouver que nous pouvons ouvrir nos restaurants en sécurité, les gens sont moins en danger que dans un métro ou au marché. On veut d’autres solutions que la fermeture définitive. »

Et ces solutions semblent devenir de plus en plus urgentes à mettre en place. « La profession va mal. Des gens se sont mis en l’air, d’autres ont été contraints de mettre la clef sous la porte. Nous ne pouvons pas continuer comme ça », alerte Nathalie. « Il faut retrouver les gestes du métier, le contact, la vie. On se voit dépérir tous les jours. » Selon elle, il faudrait tester et expérimenter jusqu’à trouver un compromis. « On se contenterait même de deux jours d’ouverture par semaine, il faudrait faire des essais plutôt que ce système du tout ou rien. »


Une ouverture risquée

Cette action solidaire, bien que symbolique, n’est pas sans conséquences et la restauratrice en est consciente. En effet, au début du mois, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a précisé que les restaurateurs qui ouvriront ne pourront plus bénéficier d’aides. « Les restaurateurs qui ouvrent ne bénéficieront plus du fonds de solidarité pendant un mois. Et s'il y a récidive, ils le perdront tout court », avait-il prévenu au micro de RTL.

Des sanctions que Nathalie appréhende mais qu’elle se dit prête à assumer. Une seule fois. « Je suis en attente du retrait de mes aides, je m’y attends. Je ne le referais pas car pour un mois ça ira mais je ne peux pas me le permettre sur le long terme.
J’espère de tout coeur que le gouvernement va revenir sur cette décision de retirer les aides car nous ne faisons que lancer un appel au secours pour la sauvegarde de la profession, pour nous permettre d’ouvrir ne serait-ce qu’un petit peu
», explique-t-elle.


La convivialité en suspend

« Ouvrir un petit peu » pour retrouver « l’ambiance chaleureuse » des déjeuners et dîners entre amis. En effet, la fermeture des restaurants implique par ricochet l’arrêt de cette convivialité. « En janvier 2020, j’avais mis en place un salon de thé pour les personnes âgées le jeudi après-midi. Ces dernières sont la plupart du temps isolées et cela leur permettaient de se retrouver, de créer un lien social et un mélange inter-générationnel. Puis, il y a eu le confinement. C’est un crève coeur, ça tue le moral », confie celle qui ne regrette pas d’avoir pris ce risque : « J’en assumerai les conséquences. »


Entre accablement et désespoir, les restaurateurs comptent indéniablement parmi ceux qui subissent la crise de plein fouet. Reste à espérer que la situation s’éclaircisse afin que les salles puissent se remplir de nouveau.
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